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Les espoirs de réformes en Indonésie assombris par les dernières élections

Les espoirs de réformes en Indonésie assombris par les dernières élections

Donnée largement gagnante par les sondages, l'opposition a fait moins bien que prévu lors des législatives en Indonésie. Elle devra former une coalition pour gouverner la première économie d'Asie du Sud-Est, rendant bien plus difficile la mise en oeuvre de réformes.

Le Parti démocratique indonésien de la lutte (PDI-P) est certes arrivé en tête mercredi avec 19% des voix selon les résultats provisoires, mais le score est nettement inférieur aux 25% à 30% prévus par les instituts de sondages.

Principal parti d'opposition, le PDI-P avait été dopé ces dernières semaines par la popularité de son candidat à la présidentielle, prévue le 9 juillet, le gouverneur de Jakarta, Joko Widodo.

Mais les résultats provisoires des législatives -- très souvent confirmés par les définitifs, attendus début mai-- indiquent que le parti devra composer avec des partenaires au sein d'une coalition. Une configuration qui laisse craindre un processus de décision lourd et inefficace et repousse encore des réformes que les économistes jugent plus que nécessaires.

La loi indonésienne prévoit que seuls les partis recueillant plus de 20% des 560 sièges du Parlement, ou 25% des suffrages, sont habilités à présenter un candidat à l'élection présidentielle. En dessous de ces seuils, les partis doivent s'unir au sein de coalitions.

Le Parti démocrate national, une petite formation, a été le premier à indiquer ce week-end qu'il soutiendrait le PDI-P. Des négociations se poursuivent avec d'autres partis et personne ne peut prévoir à quoi ressemblera la coalition.

"La législature est encore plus disparate que dans la précédente", indique à l'AFP l'analyste indépendant Paul Rowland, basé à Jakarta, qui juge peu probable la mise en place de réformes économiques dans un avenir proche.

Le nombre de partis représentés au parlement est passé de neuf à dix et plusieurs petites formations ont augmenté leur nombre de sièges, éloignant les possibilités de compromis pour faire passer des lois, au sein d'une législature qui avait déjà du mal à avancer.

L'Indonésie appartient au G20, le groupe des vingt pays les plus riches du monde, et a affiché une croissance de 5,8% en 2013. Mais les investisseurs ont souvent critiqué la classe dirigeante indonésienne, coupable à leurs yeux de freiner le développement du pays.

Les infrastructures sont médiocres et la corruption endémique, tandis que la bureaucratie fait de toute implatantion étrangère un véritable parcours du combattant.

Le "nationalisme économique" revient par ailleurs sur le devant de la scène: interdiction d'exporter des minerais bruts -- une mesure qui visait avant tout les industriels étrangers -- et tentatives d'empêcher les banques étrangères de prendre une part majoritaire dans des établissements indonésiens.

La coalition du président actuel, Susilio Bambang Yudhoyono, qui compte pas moins de six partis, et les querelles sans fin au parlement, ont paralysé l'agenda économique, selon les analystes.

Après la publication des résultats provisoires, la Bourse de Jakarta a plongé de 3% jeudi (elle a récupéré 1,07% le lendemain) et la roupie indonésienne a cédé du terrain face aux principales devises.

Nouveau venu sur la scène politique et ayant échappé pour le moment à tout scandale de corruption, Joko Widodo a soulevé l'espoir d'une nouvelle classe de dirigeants politiques en Indonésie, qui reste gouvernée par une élite issue de l'époque du dictateur Suharto, renversé en 1998.

Le président actuel a été critiqué, notamment pendant son deuxième mandat, pour son immobilisme.

Mais certains pensent que Joko Widodo dispose, lui, d'atouts pour convaincre le parlement de travailler et d'avancer.

Dès son arrivée en 2012 à la tête de Jakarta, il s'est attaqué aux maux de cette gigantesque capitale de quelque 10 millions d'habitants: lancement de travaux pour améliorer les transports publics afin de désengorger les routes bloquées par une circulation dantesque et améliorer l'accès à la santé et à l'éducation pour les plus pauvres.

"En me basant sur la manière dont il a agi à Jakarta ces 18 derniers mois, je pense que (Widodo) peut y arriver", affirme Fauzi Ichsan, économiste à la banque Standard Chartered.

olr-sr/fmp/pt

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