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Ukraine: offensive pro-russe et combats dans l'Est, Kiev dénonce une "agression" russe

Ukraine: offensive pro-russe et combats dans l'Est, Kiev dénonce une "agression" russe

Le gouvernement pro-européen d'Ukraine a dénoncé samedi une "agression" de la Russie après une série d'attaques de groupes armés pro-russes contre des villes de l'est du pays, plus que jamais menacé d'éclatement.

Le président intérimaire au pouvoir depuis le renversement d'un régime pro-russe fin févier, Olexandre Tourtchinov, a convoqué en urgence un Conseil de sécurité pour 21h00 samedi (18h00 GMT), alors que des combats se déroulaient dans plusieurs villes, selon le ministre de l'Intérieur, Arsen Avakov.

Des combats se déroulaient notamment dans les localités de Kramatorsk et Krasny Liman, dans la province de Donetsk, frontalière de la Russie, selon le ministre, qui n'a pas fait état de victimes.

Affirmant que les assaillants utilisaient "des armes de fabrication russe AK100, uniquement en dotation dans les forces armées russes", M. Avakov a dénoncé "une agression extérieure de la Fédération de Russie".

Tôt samedi matin, des activistes pro-russes étaient repassés à l'offensive dans l'Est, prenant quasiment le contrôle de la localité de Slaviansk, alors que des manifestants ont pénétré, sans rencontrer de résistance, dans le siège de la police dans la grande ville de Donetsk.

Ces nouveaux assauts interviennent six jours après une première série d'attaques à l'issue desquelles les séparatistes avaient proclamé une "république souveraine", tout en ne contrôlant que deux bâtiments à Donetsk et Lougansk, autre grande ville de l'est.

La Russie, qui a mis en garde le gouvernement ukrainien contre toute répression sanglante des troubles, qu'Américains et Ukrainiens l'accusent d'ailleurs d'orchestrer, a massé jusqu'à 40.000 hommes à la frontière selon l'Otan, faisant craindre une invasion.

Les assaillants de Slaviansk ont hissé le drapeau russe et reçu le soutien d'une bonne partie de la population, massée devant les bâtiments et scandant "Russie ! Russie !". Les manifestants se montraient très agressifs avec les journalistes occidentaux, dont ceux de l'AFP.

Aucune présence policière n'était visible et la maire de la ville, Nelly Chtepa, avait apporté le soutien de la population aux assaillants, selon elle venus de Donetsk.

Les pro-russes réclament le rattachement à la Russie, ou au minimum un référendum sur plus d'autonomie régionale.

"Nous sommes tous d'accord", a ajouté la maire de Slaviansk, interrogée par téléphone par le site russe livenews.ru, mettant en garde contre une intervention armée. "Toute la ville fera bouclier pour défendre les gars qui ont pris le bâtiment".

Selon le ministère de l'intérieur, les assaillants de Slaviansk se sont emparés de "20 fusils automatiques et plus de 400 pistolets Makarov" qu'ils ont entrepris de distribuer.

Des hommes en uniforme étaient postés à un barrage à l'entrée de la ville, en compagnie d'au moins un policier, et sur la route Slaviansk-Donetsk, des journalistes de l'AFP ont vu des manifestants rassemblés devant des bâtiments publics dans une autre localité.

A Donetsk, quelque 200 manifestants pro-russes ont envahi le siège de la police dans l'après-midi, a constaté une journaliste de l'AFP. Ils n'ont rencontré aucune résistance et des membres des forces antiémeutes sur place ont apparemment changé de camp, arborant des insignes pro-russes. La plupart des manifestants sont ensuite repartis, une vingtaine seulement restant sur place.

A Kiev, Dmitro Iaroch, chef du parti nationaliste Pravy Sektor (secteur droit), qualifié de "fasciste" par les pro-russes, a appelé ses partisans à se "mobiliser" face à "l'inaction" des autorités.

Ces nouveaux assauts interviennent au lendemain d'un déplacement à Donetsk du Premier ministre Arseni Iatseniouk.

Il n'a pas eu de contacts directs avec les insurgés mais avec les principaux responsables locaux, dont Rinat Akhmetov, oligarque très influent et homme le plus riche du pays. M. Iatseniouk et ses interlocuteurs avaient publiquement convenu que la crise devait être réglée par des moyens pacifiques.

Le Premier ministre s'était engagé à proposer avant l'élection présidentielle anticipée du 25 mai des révisions constitutionnelles pour "équilibrer les pouvoirs entre le pouvoir central et les régions". Il a promis de ne toucher "sous aucun prétexte" aux lois garantissant le statut des langues autres que l'ukrainien.

Mais les séparatistes, soutenus par la Russie, exigent une "fédéralisation" de la Constitution. Ce que refuse le pouvoir pro-occidental de Kiev, non reconnu par Moscou, qui y voit la porte ouverte à l'éclatement de l'Ukraine et refuse d'aller plus loin qu'une "décentralisation".

Les troubles dans l'Est ont fait craindre aux Occidentaux une intervention russe, le président Vladimir Poutine s'étant engagé à protéger "à tout prix" les populations russes de l'ex-URSS.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Dechtchitsa s'est entretenu samedi avec son homologue russe Sergueï Lavrov, lui demandant de faire cesser les "provocations".

M. Lavrov a démenti toute responsabilité, jugeant au contraire "inadmissible" que Kiev parle d'utiliser la force. Il a appelé les autorités ukrainiennes à "tenir compte des exigences légitimes" des russophones.

La crainte majeure est la répétition du scénario joué en mars en Crimée, péninsule ukrainienne rattachée à la Russie après un référendum non reconnu par Kiev et les Occidentaux.

M. Lavrov a assuré vendredi que Moscou n'avait aucune intention de rattacher à la Russie les régions russophones de l'est ukrainien, ce qui irait selon lui "à l'encontre des intérêts fondamentaux" russes.

Moscou a par ailleurs jeté une ombre samedi sur la seule récente lueur d'optimisme dans cette crise, la pire depuis la fin de la guerre froide, qui menace en outre de dégénérer en une "guerre du gaz" affectant les approvisionnements énergétiques de toute l'Europe.

Alors que Washington a annoncé des pourparlers sur la crise jeudi prochain à Genève entre l'Ukraine, la Russie, les Etats-Unis et l'Union européenne, les Russes ont assuré au contraire que rien n'était arrêté, "ni l'ordre du jour, ni le format".

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