Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Turquie: Moody's envisage d'abaisser à terme la note "Baa3"

Turquie: Moody's envisage d'abaisser à terme la note "Baa3"

L'agence de notation financière Moody's Investors Service a abaissé vendredi la perspective attachée à la note de la Turquie de "stable" à "négative", en raison des incertitudes politiques et du ralentissement de la croissance du pays.

Ce changement de perspective signifie que Moody's pourrait abaisser à terme la note "Baa3" du pays, relevée d'un cran en mai 2013, et ainsi faire replonger la dette turque dans la catégorie des investissements spéculatifs.

L'avis de Moody's a provoqué un recul de la livre turque (LT), qui s'échangeait à la mi-journée autour de 2,11 LT pour un dollar et de 2,94 LT pour un euro. Le principal indice de la bourse d'Istanbul affichait lui une baisse de 0,83% à 72.540,19 points.

"La pression croissante sur la position financière extérieure à cause des incertitudes politiques persistantes et d'une liquidité moindre au niveau mondial affectent la confiance des investisseurs étrangers et locaux", a expliqué Moody's.

L'agence de notation financière a également pointé du doigt des "prévisions de ralentissement de la croissance du PIB à court terme, des incertitudes grandissantes sur la tendance de progression à moyen terme".

"Les perspectives en matière de réformes structurelles pouvant favoriser la croissance pourraient être allégées dans l'environnement politique encore plus incertain qui accompagne les turbulences dans le pays", a-t-elle ajouté.

Le gouvernement islamo-conservateur du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, qui règne sans partage sur le pays depuis 2012, est éclaboussé depuis la mi-décembre par un scandale de corruption sans précédent.

Malgré ces accusations, M. Erdogan a largement remporté les élections municipales du 30 mars mais le pays s'apprête à entrer dans la campagne pour la présidentielle d'août, qui se disputera pour la première fois au suffrage universel direct.

Cette crise politique persistante a affecté la livre turque, qui a dégringolé pendant des semaines jusqu'à ce que la banque centrale du pays ne procède fin janvier à une hausse massive des taux d'intérêt, contre l'avis du gouvernement qui redoute qu'elle n'affecte la croissance et ne creuse un peu plus les déficits publics.

Le pays a enregistré en 2013 une croissance de 4% et le gouvernement a maintenu sa prévision pour 2014 au même niveau, contre l'avis de tous les analystes.

Le Fonds monétaire international (FMI) a ainsi révisé mardi la sienne à la baisse à 2,3% pour l'année en cours, et table sur un taux de chômage à 10,2% de la population active et un déficit des comptes courants à 6,3% du produit intérieur brut.

M. Erdogan a fortement incité vendredi la banque centrale à baisser ses taux mais son gouverneur s'est montré lundi très prudent sur une telle mesure.

Moody's a justifié le maintien de sa note en raison des "bonnes statistiques budgétaires" de la Turquie et d'une "baisse substantielle de l'endettement par rapport au PIB ces dernières années, une baisse de la part de la dette en devises étrangères et un allongement de la maturité de la dette".

L'agence a ajouté que l'économie turque "reste solide en comparaison avec d'autres pays de la même catégorie de note".

"La décision de Moody's n'est pas une surprise", a commenté l'économiste Deniz Cikçek, de la Finansbank. "Une baisse de la note semble possible si les conditions qui ont justifié cette décision s'exacerbent à l'avenir", a-t-il ajouté, plaidant en conséquence pour "le maintien de la politique de resserrement fiscale et monétaire actuelle".

L'agence Fitch's avait maintenu sa note BBB- avec perspective stable à la Turquie au début du mois, alors que Standard and Poor's avait conservé sa note à BB+ mais en lui attribuant une perspective négative.

elm-pa/ros

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.