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Ce mathématicien qui cherche à diagnostiquer le Parkinson... en écoutant votre voix (ÉTUDE)

Une nouvelle façon plus simple de détecter le Parkinson (ÉTUDE)
DR

Bientôt, vous pourriez peut-être recevoir ce SMS nouveau genre. "D'après les informations que nous avons reçues en provenance de votre téléphone intelligent, il est possible que vous soyez atteint de la maladie de Parkinson. N'hésitez pas à prendre rendez-vous avec votre médecin pour en parler". Étrange, et sans doute un peu inquiétant, mais néanmoins salutaire.

Car cette maladie neurodégénérative qui toucherait entre 150 000 et 250 000 personnes n'est pas toujours simple à diagnostiquer. Si certains patients tremblent, le symptôme classique, ce n'est pas forcément toujours le cas. Alors pour établir leur diagnostic, les médecins s'appuient généralement sur plusieurs facteurs, appelées valeurs prédictives positives (VPP), telles que la bradykinésie, une difficulté à initier les mouvements, ou encore la rigidité musculaire.

Alors que ce 11 avril marque la journée mondiale de Parkinson, il pourrait bientôt exister un moyen plus simple pour diagnostiquer la maladie, et surveiller son évolution à grande échelle: la voix. C'est ce qu'espère rendre possible un chercheur atypique. Son nom: Max Little. Sa profession: assistant professeur de mathématiques appliquées au prestigieux MIT.

Diagnostic vocal

Passionné de musique et de son, il découvre lors de ses études à Oxford une sous-discipline de recherche, l'analyse vocale numérique pour dépister les troubles de la voix.

"En observant ces techniques, je me suis dit que mes travaux [en mathématiques appliquées] pourrait aider cette discipline," raconte-t-il au HuffPost. Quelques années et un doctorat plus tard, il se fait connaître en 2012 grâce au lancement de la Parkinson's Voice Initiative (traduisez, initiative de la voix de Parkinson), un projet de crowdsourcing médical grâce auquel il a réuni les échantillons de voix de 17.000 individus atteints ou non de la maladie.

Les participants étaient invités à répondre à un simple coup de téléphone ainsi qu'à un questionnaire. À l'aide de ces données et de plusieurs algorithmes, un simple échantillon de voix permettait à Max Little et son équipe de savoir si une personne est atteinte de la maladie de Parkinson ou non. Le procédé est-il fiable? Pas toujours, mais la marge d'erreur potentielle demeure très faible, de l'ordre de 2%. Plus ennuyeux par contre, on ne sait pas encore si tous les malades pourront de fait être diagnostiqués grâce à l'analyse vocale.

"Personne ne sait exactement quelle est la proportion exacte de malades de Parkison qui développera une insuffisance vocale, mais il semble que ce soit le cas d'environ 90% des malades," remarque le chercheur. "Le problème, avec ce dont nous disposons comme savoir aujourd'hui, est que les techniques d'analyse vocale que nous avons utilisé jusqu'à maintenant étaient trop simples et sans doute pas assez précises pour analyser correctement les voix des malades atteint de Parkinson".

Crowdsourcing

D'où sa volonté de passer à l'étape supérieure. En février 2014, il a lancé le Patient Voice Analysis project. L'idée? Booster la recherche sur cette maladie en amenant toujours plus de patients, mais aussi cette fois de chercheurs à collecter et analyser ces données.

En amont, un partenariat avec Twilio, une entreprise de télécommunication par voix sur Internet grâce auquel un numéro pour les malades de Parkinson a été mis en place. Toute personne atteinte de la maladie peut l'appeler et enregistrer sa voix pendant 20 à 30 secondes.

Les malades sont ensuite invités à remplir un questionnaire sur le réseau social médical PatientsLikeMe, avec lequel un second partenariat établi, pour confronter les données vocales à ces données médicales.

Dernière étape enfin, ces résultats sont partagés avec la communauté de chercheurs du Sage Bionetworks, une plateforme basée à Seattle, pour y être analysés par des scientifiques compétents.

L'objectif: rassembler et partager à moindre coût un grand nombre de données médicales, mais surtout permettre de déduire à travers un simple enregistrement de voix l'avancement de la maladie de sorte à pouvoir déterminer à quel moment un patient doit retourner voir son médecin, si jamais la maladie a progressé, ou au contraire ne pas consulter inutilement si sa situation est stable.

Le téléphone portable, nouvel outil médical?

Depuis le lancement, près de 800 malades ont déjà participé au projet, mais Max Little n'entend pas en rester là. La prochaine étape renvoie à l'introduction de cet article: se servir des capteurs de téléphones intelligents pour diagnostiquer la maladie.

Là encore, l'idée est de comparer les données de malades avec celles de leur téléphone portable afin de développer les algorithmes capable de détecter les symptômes de la maladie.

"La principale chose que l'on voudrait savoir c'est s'il est possible de diagnostiquer la maladie de Parkinson à partir d'un simple coup de téléphone, explique-t-il au HuffPost, pour l'instant, on sait qu'on peut le faire en utilisant des enregistrements de voix à haute définition sonore, alors est-ce possible avec un téléphone portable, ou bien la qualité sera-t-elle trop mauvaise?"

À terme, le projet permettrait d'aller encore plus loin et aider la recherche pharmaceutique. permettre de réduire les coûts d'essais cliniques à grande échelle.

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