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Les pantoufles de Clemenceau: découvrir le "Tigre" dans son intimité à Paris

Les pantoufles de Clemenceau: découvrir le "Tigre" dans son intimité à Paris

Une canne, des pantoufles, des lettres d'amour. Le centenaire de la Grande Guerre est l'occasion de redécouvrir l'homme d'Etat français Georges Clemenceau. Son appartement parisien, conservé intact depuis sa mort, donne à voir les mille facettes de son intimité.

Figure majeure de la IIIe République, les exploits politiques de Clemenceau lui valurent des surnoms bariolés: le "Tigre", pour le tempérament explosif de ce radical-socialiste, le "tombeur de ministères", pour sa pugnacité d'opposant, notamment à la politique coloniale de Jules Ferry, le "Père la Victoire" comme artisan de l'armistice de 1918 puis du traité de Versailles en 1919.

Aujourd'hui, un regain d'intérêt pour Clemenceau permet de mettre en lumière des aspects peu connus de sa personnalité hors norme. La richesse de sa vie privée est à l'honneur au Musée Clemenceau, niché au sein de l'appartement dans lequel il passa les 35 dernières années de sa vie.

Au 8, rue Franklin, dans le XVIe arrondissement de Paris, l'antre du Tigre est resté figé dans le temps. Derrière l'imposant bureau en fer à cheval, un calendrier jauni indique que rien n'a bougé depuis le 24 novembre 1929, jour de sa mort.

"Il s'y installe en 1895 et continuera d'y habiter lorsqu'il devint président du Conseil, tout en gardant le portefeuille de l'Intérieur (1906-1909) puis celui des Armées (1917-1920), refusant de +vivre en meublé+ dans un logement de fonction", explique Valérie Joxe, administratrice à la Fondation du Musée Clemenceau, "Cet appartement reflète ses mille intérêts."

Journaliste passionné tout au long de sa vie, Clemenceau fondera ou collaborera à de nombreuses publications éphémères et régulièrement frappées par la censure. Engagé dans la défense du capitaine Dreyfus, c'est lui qui trouva le titre de l'enflammé "J'accuse...!" d'Emile Zola paru en janvier 1898 dans son journal L'Aurore.

Amateur et critique d'art averti, il compta Claude Monet parmi ses amis intimes. Des photographies montrent les deux hommes se promènant dans les jardins de Giverny.

Au-dessus de la cheminée, des statuettes témoignent de son amitié avec Auguste Rodin, dont il défendit la sculpture controversée de Balzac et qui lui offrit des esquisses érotiques avant qu'une brouille ne les sépare.

Dans la chambre à coucher, une image de ses trois enfants, issus du mariage avec l'Américaine Mary Plummer, dont il divorça avant de s'installer dans l'appartement où il vécut seul.

Une photo de son chien est l'occasion de découvrir l'humour du Tigre: "Un jour, en observant son chien avec tendresse, il a dit: +On dirait un vrai ministre! Il aboie en reculant!+", raconte André Larané, fondateur du site d'histoire Herodote.net.

Clemenceau attendra sa retraite pour entreprendre de longs voyages en Orient. "Il a été inspiré, nourri par l'Orient, passionné par le bouddhisme, par l'Inde et ses tigres", souligne l'historien Jean-Noël Jeanneney, administrateur de la Fondation qui porte son nom. Son grand-père, Jules Jeanneney, fut sous-secrétaire d'Etat à la guerre dans le deuxième gouvernement Clemenceau, en 1917.

Les meubles au goût chinois et une collection de kôgô - petites boîtes à encens japonaises dont il aurait possédé des centaines d'exemplaires - témoignent de sa fascination pour l'Asie, mise à l'honneur jusqu'au 16 juin par une exposition au musée Guimet à Paris.

"C'est un personnage de sang, de force, d'enthousiasme. On assiste aujourd'hui à un rebond de curiosité pour Clemenceau. Malgré ce que peuvent penser certains, il fut puissamment un homme de gauche, animé par une grande solidarité", observe Jean-Noël Jeanneney.

Le nouveau Premier ministre français, Manuel Valls, "lui a d'ailleurs fait un clin d'oeil dans son discours", remarque-t-il.

"La France a cette même grandeur qu'elle avait dans mon regard d'enfant, la grandeur de Valmy, celle de 1848, la grandeur de Jaurès, de Clemenceau, de Gaulle, la grandeur du maquis", a déclaré Manuel Valls dans son discours de politique générale lundi.

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