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Greffe de vagin : une première opération réussie

Un vagin artificiel greffé avec succès

Des chirurgiens ont pour la première fois réussi à reconstruire des nez et des vagins en utilisant de nouveaux tissus biologiques fabriqués à partir de cellules prélevées sur les patients eux-mêmes, selon deux études publiées vendredi dans la revue médicale britannique The Lancet.

L'une des deux études fait état d'une autre prouesse de l'ingénierie tissulaire qui a consisté à implanter des vagins fabriqués à partir de tissus biologiques sur quatre jeunes filles.

Agées de 13 à 18 ans, elles étaient atteintes d'une anomalie congénitale, le syndrome de Rokitansky-Küster-Hauser, se traduisant par l'absence totale ou partielle de vagin et d'utérus, lorsqu'elles ont été traités il y a huit ans par une équipe américano-mexicaine dirigée par le professeur Anthony Atala.

"Après l'opération, tout fonctionnait normalement. Elles avaient des niveaux de désir, d’excitation, de satisfaction et d'orgasme normaux", explique Anthony Atala, qui a attendu entre 4 et 8 ans après l'opération pour être certain de l'absence de complications de long terme.

Huit ans après, les vagins fonctionnent normalement et les quatre jeunes-filles déclarent avoir des rapports sexuels satisfaisants.

Un moule biodégradable

A partir de tissus prélevés au niveau de la vulve, l'équipe a réussi à produire, en un laps de temps d'environ quatre semaines, suffisamment de cellules musculaires et de cellules vaginales en laboratoire.

Celles-ci ont ensuite été placées pendant 7 jours sur un moule biodégradable ayant la forme d'un vagin. Ces moules étaient constitués de matrice extracellulaire qui se dégradait spontanément pendant les mois suivant l'opération.

L'enjeu n'était pas simple. Les cellules devaient atteindre un niveau de maturité suffisant afin qu'une fois implantées dans le corps, elles puissent recruter d'autres cellules pour former du tissu incluant des nerfs et des vaisseaux sanguins.

Une fois que les cellules s'étaient bien établies sur ces moules biodégradables, les chirurgiens ont créé une cavité dans l'abdomen des patientes afin d'y insérer le vagin artificiel, puis de le connecter à l'utérus.

Pendant six semaines, les femmes ont dû utiliser une endoprothèse vasculaire pour s'assurer que la structure soit maintenue. Après six mois, le vagin s'était développé, les femmes avaient de nouveau leurs règles et pouvaient avoir des rapports sexuels.

Atala espère désormais que ces techniques seront également utilisées pour des femmes qui ont souffert de divers traumatismes (cancer, accident, etc.)

Une question persiste: pourront-elles avoir des enfants? Deux de ces quatre femmes ont en effet un utérus fonctionnel. "Elles n'ont pas encore essayé, indique Atala, mais elles peuvent ovuler, donc il n'y a pas de raison de soupçonner qu'elles n'en sont pas capables".

Greffe de nez

L'autre étude publiée dans The Lancet fait état d'une expérimentation en Suisse sur cinq patients atteints d'un cancer de la peau au niveau du nez.

Un an après les interventions, les cinq patients étaient satisfaits de l'apparence des narines reconstruites et de leur capacité à respirer, et n'avaient signalé aucun effet indésirable notable.

Pour y parvenir, une équipe dirigée par le professeur Ivan Martin, de l'Université de Bâle, a prélevé de minuscules fragments de cellules de cartilage provenant de la cloison nasale des patients et les a fait se multiplier en laboratoire en les exposant notamment à des facteurs de croissance.

Au bout de quatre semaines, les chercheurs avaient fabriqué 40 fois plus de cartilage que la quantité prélevée au départ, ce qui leur a permis de reconstruire le nez au niveau des narines des cinq patients, âgés de 76 à 88 ans, sans avoir recours aux greffes classiques de cartilage.

Grâce aux progrès de l'ingénierie tissulaire, des substituts de peau et de cartilage ont déjà été greffés à des milliers de personnes dans le monde.

Mais les spécialistes s'efforcent désormais d'élaborer de véritables organes fonctionnels à partir de tissus artificiels. Outre le nez et le vagin, des essais cliniques sont en cours sur des vessies, des cornées, des bronches et des vaisseaux sanguins.

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