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Trafic d'êtres humains: des chefs de police forment le "groupe de Sainte Marthe"

Trafic d'êtres humains: des chefs de police forment le "groupe de Sainte Marthe"

Des chefs de police d'une vingtaine de pays ont formé jeudi au Vatican un "groupe de Sainte Marthe" - du nom de la résidence du pape François - qui se réunira régulièrement avec des responsables de l'Eglise pour renforcer la lutte contre le trafic d'être humains.

"Nous avons signé un accord pour former un groupe de Sainte-Marthe, qui se réunira en novembre à Londres", a expliqué à l'issue d'une conférence de deux jours, Sir Bernard Hogan-Howe, commissaire métropolitain de Londres.

Chacun des commissaires présents a signé "un engagement personnel à développer des partenariats avec l'Eglise et la société civile pour traduire en justice les responsables de ces horribles crimes et pour alléger la souffrance des victimes".

Se félicitant du "leadership" du pape dans la lutte contre les trafics, le cardinal d'Abuja (Nigeria), John Olorunfemi Onaiyekan, s'est félicité qu'il "soit lui-même venu à eux" au lieu de les recevoir.

François a souligné la complémentarité des efforts des polices et de l'Eglise contre le trafic d'êtres humains, "crime contre l'humanité", la police devant apporter "la rigueur de la loi" et l'Eglise "la compassion".

Le pape a reçu ensuite trois victimes : , Carmen (Chili), Anna (Slovaquie) et Boglarka (Hongrie).

Selon le cardinal de Westminster, Vincent Nichols, qui présidait la conférence, 1% des personnes victimes des différentes formes d'esclavage parviennent seulement à s'en échapper.

Différents problèmes ont été évoqués: la difficulté des communications entre polices des pays de destination en Europe et des pays d'origine, la peur des victimes sans papiers d'être expulsées, l'aide psychologique, les demandes de réintégration dans une famille et un travail.

Saluant le modèle de coopération établi entre l'Eglise et la police à Londres depuis trois ans, Mgr Nichols a exprimé "son espoir que d'autres pays s'en inspirent".

La coopération entre religieuses et policiers fait que les victimes des trafics -notamment dans la prostitution- "changent leur perception d'elles-mêmes" et se sentent "non plus coupables mais esclaves", ont expliqué les participants aux journalistes.

Selon le commissaire de Thaïlande, le général Adul Sangsingkeo, une difficulté majeure est "de convaincre les victimes à se déclarer" pour se libérer et rompre avec leurs exploiteurs en les dénonçant.

Le cardinal d'Abuja (Nigeria), John Olorunfemi Onaiyekan, a décrit à l'AFP ce qui se passe dans les villes nigérianes: "la police pourchasse comme des criminelles les fillettes prostituées. Les religieuses ont une toute autre perspective, elles savent que ces fillettes sont là par force. Si Eglise et police travaillaient ensemble, ces filles ne se sentiraient plus comme des criminelles mais des victimes. Les soeurs ont aussi besoin de la police pour protéger les filles dans leurs maisons, car les proxénètes les recherchent".

Selon des statistiques de l'Organisation internationale du travail (OIT), citées à la conférence, le trafic illégal d'êtres humains génère des profits de 32 milliards de dollars par an, et concernerait 2,4 millions de personnes.

Les trafics sont multiples: traite des femmes et des enfants pour le travail et la prostitution, exploitation des immigrés clandestins, enfants soldats, ateliers clandestins, esclavage domestique, trafics d'organes...

Radio Vatican a publié une longue interview bouleversante d'une médecin érythréenne, Alganesh Fessaha, président de la l'ONG Gandhi, qui raconte comment les Érythréens fuyant leur pays sont plusieurs fois vendus et échangés en Egypte entre des groupes criminels bédouins qui les maltraitent, les brûlent, parfois les tuent et les violent.

Des responsables du FBI, d'Interpol et d'Europol ont participé à cette conférence.

jlv/ljm/bir

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