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Réseaux sociaux: 5 manières dont ils influencent nos comportements

Voilà pourquoi nous aimons perdre notre temps sur Facebook
picturegarden via Getty Images

Ah, ces fantastiques réseaux sociaux qui occupent nos journées. Ou qui remplissent les temps morts, pour ceux qui sont moins accros. On a beau se plaindre de perdre notre temps, les yeux rivés sur notre écran comme si à chaque seconde un événement de la plus haute importance allait se produire, on y retourne chaque jour, irrémédiablement, comme si c'était la première fois.

Une récente étude réalisée par des chercheurs de l'université d'Innsbruck (Autriche), Christina Sagioglou et Tobias Greitemeyer, a essayé de comprendre ce phénomène. Elle montre qu'on a tendance à méprendre l'effet de Facebook sur notre humeur, et qu'on y retourne, même si la dernière fois, on a eu le sentiment de perdre notre temps.

A tort ou à raison, ce n'est pas la question. Intéressons-nous ici à la façon dont ces réseaux sociaux ont pu modifié et transforment encore nos comportements, nos interactions, notre façon de voir les choses.

On est conscient de perdre notre temps mais on recommence

Encore une heure de perdue, à "scroller" à l'infini, à passer de profil en profil, de photo en photo. Pourtant, demain, on fera exactement la même chose. Et le surlendemain aussi. En oubliant à chaque fois cette impression qu'on a perdu son temps pour rien.

Pour leur étude, les chercheurs ont fait appel à 123 participants qui ont utilisé Facebook pendant 20 minutes, puis qui devaient a posteriori évaluer leur humeur. La plupart a indiqué être d'une moins bonne humeur que les participants des autres groupes (un sur Internet, et un groupe témoin qui ne faisait rien), et ont eu le sentiment de ne rien faire de significatif de leur temps.

Pourtant, lorsque qu'on leur demande, dans le cadre d'une autre expérience, si le fait d'aller faire un tour sur Facebook améliorerait leur humeur, ils pensent que oui.

"Les utilisateurs ont l'air de mal prédire l'impact émotionnel de l'utilisation de Facebook", explique Sagioglou. "Il se pourrait bien qu'ils ne soient pas au courant des effets négatifs que cela peut avoir sur l'humeur."

Il s'agirait d'un exemple typique de mauvaise "prévision émotionnelle", soit la capacité à prévoir un futur état émotionnel. De façon générale, on aurait tendance à sous-estimer l'impact d'événements sur notre vie, qu'ils soient positifs ou négatifs. Avec Facebook, c'est d'autant plus vrai qu'il est facile d'oublier: il ne se passe rien d'exceptionnel.

Tout cela dépend de notre engagement sur le réseau social: si l'on partage des statuts, des images, des commentaires, ou si l'on se contente de regarder ce qui se passe.

Dans l'étude, ce sont ceux qui eu un comportement passif qui ont vu leur humeur se détériorer.

"Nos dernières données montrent que c'est le fait de surfer de façon passive qui a tout particulièrement l'air dénué de sens, alors que la communication sur Facebook n'a pas d'effets si négatifs", indique Sagioglou. "En gros, c'est la consommation passive des informations des autres qui est considérée comme une perte de temps et qui a ainsi une mauvaise influence sur notre humeur. Le faire moins semble donc de bon conseil."

On a toujours peur de rater quelque chose

Vous perdez votre téléphone et vous êtes désemparés. Soudainement, vous avez l'impression de ne plus vraiment exister: plus personne ne peut vous joindre, et vous paniquez à l'idée que quelque chose puisse arriver sans pouvoir être au courant. FOMO, Fear of Missing Out, c'est le syndrome des temps modernes, une anxiété relative au fait de rater un événement, une interaction, etc.

Cette angoisse est-elle aggravée par les réseaux sociaux? C'est fort probable.

Une étude publiée en 2013 dans la revue Computers in Human Behavior s'intéresse à cette question. Pour mesurer la FOMO de ses participants, Andrew Przybylski, psychologue, et ses collègues, ont questionné 672 hommes et 341 femmes. Seule une partie des questions concernait ce syndrome. Ils ont ensuite utilisé ce questionnaire sur une population britannique: 2079 personnes âgées de 22 à 65 ans. Le but: comprendre à quel point ils sont engagés dans les réseaux sociaux, satisfaits ou pas, et s'ils sont autonomes, compétents et connectés aux autres.

Résultats, moins les participants se sentaient autonomes, connectés, plus ils étaient touchés par la FOMO. De même, plus ils étaient atteints, plus ils utilisaient les réseaux sociaux.

Et cette angoisse se transforme en urgence d'aller voir ce qui se passe sur les réseaux sociaux. Une autre étude sur 87 étudiants montre que ceux qui étaient atteints du FOMO admettaient être plus distraits, envoyer plus de mails, de messages.

On a plus d'intimité avec des "inconnus"

Sans parler de sites de rencontre, c'est bien plus simple aujourd'hui de rencontrer des gens. On s'intéresse à un groupe de musique, à un auteur particulier? En deux clics on peut trouver un groupe Facebook, un forum ou des twittos pour en parler. Et les rencontres sont de moins en moins dématérialisées. On rencontre des gens en ligne, et on finit par les voir "en vrai".

Par ailleurs, les réseaux sociaux permettent de rester en contact avec, au contraire, des personnes qu'on ne peut pas voir en vrai. Faire des rencontres, et rester en contact, sont donc tous deux facilités par les réseaux sociaux.

Lisa Richelt, une consultante en expérience utilisateur, parle d' "intimité ambiante", soit "la manière avec laquelle les réseaux sociaux permettent de rester en contact avec des gens avec un niveau de régularité et d'intimité auxquelles on n'aurait normalement pas accès parce que le temps et l'espace le rendent impossible".

On peut être une personne différente

Twitter et Tumblr, pour ne citer qu'eux, permettent une forme d'anonymat qui nous laisse la possibilité de devenir quelqu'un d'autre. Tout ce qu'on ne peut revendiquer dans la vraie vie, on peut le faire sur ces réseaux sociaux. Sur des sujets de société un peu délicats (discriminations par exemple), les discussions sont souvent aussi vives que les personnes sont anonymes. Ces réseaux offrent la possibilité d'affirmer tout haut ce qu'on pense tout bas en famille ou au bureau. La politique aussi est réinventée. On a pu le constater avec, en premier lieu, le printemps arabe.

Avec Facebook c'est différent, on a une autre façon de vivre une deuxième vie. Puisqu'on est sur ce réseau pour être en contact avec ses amis, on n'est pas anonyme. En revanche, on peut jouer avec notre identité, la créer, contrôler ce qu'on veut révéler ou ce qu'on veut garder pour nous. On devient la personne qu'on voudrait être.

Les autres déteignent sur nous et vice versa

Vous avez vu la dernière vidéo qui buzze? Certainement. Tous vos amis l'ont publiée, likée, tweetée. Les informations sont diffusées avec une vitesse folle, et les tendances prennent aux quatre coins du monde.

Mais ce n'est pas tout: les émotions aussi sont contagieuses. John Cacioppo, un chercheur de l'université de Chicago, parlait il y a quelques années d'un "effet de contagion émotionnel". Si l'un de vos contacts se sent seul, il y a plus d'une chance sur deux que ce soit aussi votre cas.

Il explique que quelques soient les mauvais sentiments d'un internaute, ils peuvent déteindre sur votre humeur, et ce, même si vous n'avez jamais rencontré ou même interagi avec cette personne.

Mais rassurez-vous, le bonheur aussi est contagieux. Une étude du mois de mars montre en effet que la transmission des émotions est plus probable lorsqu'elles sont positives.

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