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Kenya: l'opposition compare des rafles de Somali à une répression coloniale en 1954

Kenya: l'opposition compare des rafles de Somali à une répression coloniale en 1954

Le principal parti d'opposition kényan a comparé jeudi des rafles "antiterroristes" en cours au Kenya, visant surtout la communauté somali, à une historique opération de répression coloniale menée en 1954 et à un terrible massacre commis par les forces de sécurité kényanes en 1984.

Entre 3.000 et 4.000 personnes ont été arrêtées dans le pays depuis le 4 avril, principalement à Nairobi dans le quartier d'Eastleigh, à forte population somalienne ou kényane d'ethnie somali, et retenues dans des postes de police ou des stades pour des contrôles d'identité et des interrogatoires. La très grande majorité a depuis été libérée.

"Nous désirons exprimer notre fort mécontentement concernant les rafles en cours, qui ressemblent à l'Opération Anvil à l'époque Mau Mau ou à l'opération Wagalla dans les années 1980", a déclaré Anyang' Nyong'ole, un des responsables du Mouvement démocratique orange (ODM) de Raila Odinga, principal adversaire malheureux du chef de l'Etat Uhuru Kenyatta à la présidentielle de mars 2013.

L'opération Anvil, lancée en 1954 par l'autorité coloniale britannique pour réduire l'insurrection Mau Mau, consista à consteller Nairobi de barrages, auxquels tous les autochtones d'ethnie Kikuyu, Embu ou Meru étaient arrêtés. Après des contrôles approfondis, ceux suspectés d'appartenir à l'insurrection - soit des milliers d'hommes, femmes et enfants - furent expédiés dans des camps hors de la capitale.

Le massacre de Wagalla est considéré comme l'une des pages les plus noires du Kenya. En février 1984, sous le régime autocratique et répressif de Daniel arap Moi, plusieurs milliers de Degodia - un clan somali alors en guerre contre un autre clan - furent raflés dans la région de Wajir (nord-est).

Emmenés sur une piste d'atterrissage, ils furent déshabillés et laissés plusieurs jours, couchés à plat ventre sur la piste brûlante, sans eau ni nourriture, battus, certains brûlés. Les survivants furent abattus. Le nombre exact des victimes de ce massacre est inconnu mais les ONG les estiment aux environs de 5.000.

"Nous ne pensons pas que les rafles systématiques de Somali soient la réponse" aux récentes attaques ayant visé le Kenya et attribués à des partisans des islamistes somaliens shebab, a poursuivi M. Nyong'ole.

Les autorités kényanes ont fermement démenti viser la communauté somali en particulier. "Nous ne combattons aucune religion ou communauté, nous combattons des criminels", a assuré M. Kenyatta.

Le ministre de l'Intérieur Joseph Ole Lenku a assuré jeudi que les quelque 4.000 personnes arrêtées l'avaient été "à travers le pays et pas seulement à Eastleigh", tout en estimant que "pendant longtemps, Eastleigh a fonctionné en dehors de la loi".

Il a assuré que le complexe sportif de Kasarani, où de nombreuses personnes arrêtées ont été emmenées "n'est pas un centre de concentration, c'est une zone de contrôle".

Selon les autorités, sur les quelque 4.000 personnes arrêtées, moins de 100 personnes ont été inculpées de diverses infractions, environ 500 restaient en garde à vue pour vérification d'identité et 82 Somaliens, en situation irrégulière, ont été expulsés mercredi.

L'ODM a également demandé au gouvernement d'établir un calendrier de retrait de la Somalie, où l'armée kényane combat les shebab depuis octobre 2011. Les attentats au Kenya se sont multipliés depuis lors.

"Nous ne disons pas que nous devons crier victoire et partir (...) ou nous esquiver discrètement. Nous voulons un plan pour remettre la Somalie à ses citoyens. Nous rejetons les coups de menton du gouvernement assurant que nous sommes en Somalie pour y rester", a déclaré M. Nyong'ole.

hv/sas/aub

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