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Schulz à l'AFP: pas de réduction des déficits sans croissance

Schulz à l'AFP: pas de réduction des déficits sans croissance

Martin Schulz, candidat des socialistes à la présidence de la Commission européenne, estime qu'on ne peut pas réduire les déficits sans croissance, et affirme sa volonté de regagner la confiance des citoyens européens, dans un entretien à l'AFP.

"La méfiance des citoyens est considérable. Cette perte de confiance est peut-être le problème le plus grave pour l'Europe", a-t-il déclaré, à moins de 50 jours des élections européennes.

"Pour regagner la confiance, on a besoin d'une réforme en Europe, et aussi d'une réforme de la Commission européenne", a ajouté l'actuel président du Parlement européen.

Au moment où le nouveau gouvernement français entend négocier avec la Commission européenne un nouveau délai pour réduire son déficit public, M. Schulz reconnaît qu'"en Europe, et pas seulement en France, il faut assainir les budgets. Mais sans croissance, cela ne fonctionne pas".

"Les règles en matière de déficit sont la base de la stabilité", estime l'élu allemand, mais "s'il n'y a que des coupes budgétaires, il n'y a plus d'argent pour les investissements, et à long terme, sans croissance et sans emploi, il n'y pas de budget équilibré".

"Nous devons donc combiner intelligemment les deux", plaide-t-il. "Je pense que c'est exactement ce que la France veut discuter avec la Commission, rien de plus".

"La France et l'Italie sont membres du G7. Leur stabilité doit être notre premier objectif, parce que si ces deux pays risquent de tomber, nous chuterons tous", prévient M. Schulz.

Alors que la Commission sortante, dirigée par le conservateur José Manuel Barroso, a été accusée de faiblesse et de soumission aux Etats membres, il affirme que son "objectif" est de lui "redonner" son "rôle de médiateur" entre les intérêts des Etats et ceux des institutions communautaires, comme du temps de Jacques Delors, président de l'exécutif bruxellois de 1985 à 1994.

"José Manuel Barroso m'a raconté un jour qu'il se sentait comme un contrôleur dans une tour de contrôle et que sa mission était d'éviter un crash. Moi je considère que le président de la Commission doit écrire le plan de vol, du départ à l'arrivée, et pas seulement contrôler", affirme M. Schulz.

La Commission, forte de 28 membres, un par Etat, est critiquée également pour sa complexité et son manque de collégialité. "Vous avez 28 silos. Chacun est un silo pour lui-même, il n'y a pas de connexion entre eux", déplore-t-il.

Il se dit contre la création d'une "hiérarchie" au sein des commissaires. "Il faut d'abord regrouper les grands domaines politiques dans un cadre et ensuite décider sur la structure et les personnes", plaide-t-il, en identifiant quelques "grands chantiers: le numérique, le commerce mondial, la lutte contre l'évasion fiscale, le changement climatique, la sécurité et l'immigration".

M. Schulz veut aussi développer la "subsidiarité" entre Bruxelles et les Etats membres. "Si je suis élu, j'écrirai une lettre aux fonctionnaires de la Commission en leur disant: que fait-on ici qu'on pourrait faire de manière plus efficace sur un plan local, régional ou national".

Il prend l'exemple de la réduction de la consommation d'eau. "Si on dit: on change les douches et les chasses d'eau, ça rend les gens fous", affirme-t-il. L'UE doit "créer un cadre" et "fixer" des objectifs. "Les autorités locales savent très bien comment traiter ce sujet", assure l'ancien maire de Würselen, son seul mandat exécutif à ce jour.

"Il faut rendre aux gens le sentiment qu'ils contribuent à la solution. Il faut les impliquer", martèle-t-il.

Face au candidat de droite, Jean-Claude Juncker, un vétéran de la politique européenne qui fut Premier ministre du Luxembourg pendant près de 20 ans, "à huis clos", M. Schulz se présente comme "un parlementaire qui travaille pour ouvrir les portes et les fenêtres de la décision en Europe".

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