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Lynchages, braquages et crimes narcos, les Argentins excédés par l'insécurité

Lynchages, braquages et crimes narcos, les Argentins excédés par l'insécurité

Lynchages, braquages à main armée, cambriolages, règlements de compte entre mafias de la drogue : les Argentins sont excédés par la hausse de l'insécurité, notamment en périphérie de Buenos Aires et dans le port de Rosario.

A Rosario, 3e ville d'Argentine, un jeune de 18 ans accusé d'avoir volé un sac à main a récemment été battu à mort par les habitants d'un quartier populaire. Au cours des deux dernières semaines, une quinzaine de délinquants ont échappé de justesse à des tentatives de lynchage.

"C'est un retour à la barbarie", s'exclame Ariel Billordo, un informaticien de 29 ans vivant dans la capitale. De son côté, Mariela Dominguez, une fonctionnaire proche de la retraite, ne voit "pas d'autre solution face à l'impunité".

"Ici, on tue, on viole, on vole. Que veux-tu ? Moi je ne crois pas que j'en arrive à cet extrême du lynchage, mais il faut voir sur le moment. Imagine qu'on entre dans ta maison, on s'en prend à quelqu'un de ta famille. Je les comprends. Les gens en ont assez. Dans la périphérie (de Buenos Aires), ils te cassent la porte de la maison pour te dépouiller, et la police est complice", estime José Villalba, 64 ans, administrateur d'un immeuble du centre de Buenos Aires.

L'opposition au gouvernement de centre-gauche de la présidente Cristina Kirchner condamne les lynchages et les explique par "l'absence de l'Etat" et l'inaction des forces de l'ordre.

La province de Buenos Aires, la plus grande d'Argentine, a décrété ce week-end "l'état d'urgence sécuritaire" et rappelé 5.000 policiers à la retraite pour renforcer les patrouilles dans les banlieues de la capitale argentine.

Alors que l'insécurité, principale préoccupation des Argentins devant l'inflation, s'annonce comme un des principaux thèmes de la campagne présidentielle de 2015, un des plus sérieux prétendants, Daniel Scioli, le gouverneur de cette province de 16 millions d'habitants qui jouxte la capitale, a marqué les esprits après l'attaque d'une banque à Bernal, banlieue sud de la capitale, pendant laquelle des malfaiteurs ont tiré à l'arme automatique en plein jour.

"Chacun tente de capitaliser sur l'insécurité. Mais elle prend une tournure plus complexe avec les lynchages. La société sent que l'Etat ne prend pas en compte ses demandes. Et c'est la principale responsabilité qui incombe au gouvernement fédéral", affirme Mariel Fornoni, directrice de l'institut d'études Management And Fit (M&F).

Pour le sociologue Guillermo Perez Sosto, ces dérives délictuelles sont dues "à une augmentation de la précarité et un manque d'efficacité de la police. Une partie de la population a perdu la foi dans l'Etat. Il y a un sentiment d'abandon. 70% des jeunes vivent dans la précarité et sombrent facilement dans la délinquance".

D'après une étude de l'institut M&F, 84% des Argentins ont le sentiment que l'insécurité augmente.

Les statistiques officielles en matière de délinquance sont largement contestées. "Nous ne savons même pas si les vols et les homicides ont baissé ou augmenté. Ce qui est sûr, c'est que la police de la province de Buenos Aires ploie sous la corruption", a dénoncé le député Marcelo Sain, ancien chef de la police aéroportuaire.

En 2014, 57 personnes ont déjà été tuées à bout portant à l'entrée ou à l'intérieur de leur domicile lors de cambriolages à Buenos Aires et dans sa périphérie, selon la police, qui fait état de 161 cas similaires pour tout 2013.

Outre la délinquance classique, "les gens se rendent compte que le trafic de drogue augmente de manière brutale", note Mariel Fornoni. "La drogue, c'est ce qu'il faut arrêter à tout prix", considère Jaime Meza, un coursier de 58 ans qui sillonne l'agglomération de Buenos Aires.

Souvent, la violence porte la marque du trafic de drogue. Début mars, un trafiquant colombien a été abattu par des tueurs à moto dans un parc très fréquenté du centre de Buenos Aires et à Rosario. Les crimes narcos se multiplient et la maison du gouverneur provincial a été mitraillée.

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