La principale organisation juive de Hongrie a demandé mercredi au Premier ministre Viktor Orban d'abandonner son projet controversé de mémorial "aux victimes de l'occupation allemande", dont la construction vient de commencer à Budapest.
Selon ses détracteurs, le projet nie la responsabilité de la Hongrie elle-même dans la mort en déportation de 600.000 Juifs hongrois, dont 450.000 après l'invasion nazie de 1944.
M. Orban, le Premier ministre conservateur reconduit dimanche pour un deuxième mandat, avait récemment promis au Mazsihisz, la principale organisation juive hongroise, de la rencontrer après Pâques et de ne pas poursuivre le projet avant cette discussion.
Les travaux ont toutefois débuté mardi, ce qui a provoqué dans la soirée une manifestation de 300 personnes qui ont occupé le site dans que la police n'intervienne.
"Nous sommes choqués et déçus. Si même les promesses personnelles du Premier ministre ne sont pas prises en compte, alors il n'y a pas de place pour la négociation", a regretté le président du Mazsihisz, Andras Heisler, sur la radio indépendante Klubradio.
Dans la soirée, M. Heisler a annoncé la démission en signe de protestation de Gusztav Zoltai, directeur général du Mazsihisz. "Gusztav Zoltai a 79 ans, c'est un survivant de l'Holocauste, sa sensibilité dans cette affaire est compréhensible et c'est un message puissant", a-t-il déclaré.
L'un des manifestants a indiqué mardi soir à l'AFP qu'ils allaient monter une garde pour empêcher le redémarrage des travaux du monument, qualifié de "mensonge" et de "geste envers l'extrême droite" mettant sur le même plan les responsables et les victimes de l'Holocauste.
Le mémorial représente la Hongrie sous la forme d'un ange attaqué par un aigle, qui serait l'Allemagne. Son inauguration est prévue le 31 mai dans le cadre des commémorations officielles de l'invasion de la Hongrie par l'Allemagne nazie il y a 70 ans.
En signe de protestation, le Mazsihisz a décidé de boycotter les cérémonies officielles.
Les opposants de M. Orban lui reprochent de ne pas agir suffisamment contre l'antisémitisme et d'avoir flirté avec les thèmes du parti d'extrême droite Jobbik, alors que les incidents antisémites se sont multipliés ces dernières années en Hongrie.
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