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Elections européennes: Chatzimarkakis, l'Allemand qui voulait conquérir la Grèce

Elections européennes: Chatzimarkakis, l'Allemand qui voulait conquérir la Grèce

Lassé de voir la cure d'austérité de "l'Europe de Merkel-Barroso" mettre à genou les Grecs, le député européen allemand Jorgo Chatzimarkakis claque la porte de l'Allemagne et se lance dans la course aux Européennes au pays de ses ancêtres.

"On a prescrit au patient un mauvais traitement et on lui fait maintenant porter le chapeau parce qu'il n'est pas remis d'aplomb". Jorgo Chatzimarkakis, 47 ans, dénonce avec virulence les "plans d'aide" européens accordés à la Grèce depuis quatre ans et qui ont conduit à asphyxier la population au nom d'une "doctrine" d'économies budgétaires "dictée par Berlin", selon lui.

"J'ai toujours eu deux âmes en moi mais cela m'énerve que mon âme allemande éprouve tant de honte actuellement", raconte-t-il à l'AFP. Fils d'un Grec passé du soleil crétois à la grisaille des mines de la Ruhr dans les années 60, Jorgo Chatzimarkakis a grandi à Duisbourg, étudié à Bonn et fait carrière au sein du FDP en Sarre. "Le temps est venu pour moi de faire ce que j'ai toujours souhaité étant enfant, déménager en Grèce".

Elu au Parlement européen depuis dix ans, il vient de rendre sa carte d'adhérent du Parti libéral (FDP), partenaire de coalition de la chancelière Angela Merkel dans son deuxième gouvernement (2009-2013).

Le 25 mai, il se présentera sur la liste Citoyens européens grecs, un parti qu'il a fondé fin janvier à Athènes en vue du scrutin européen et qui veut réconcilier les Grecs avec les valeurs de leurs glorieux ancêtres antiques.

Ses dissensions avec le FDP, alors qu'il a appartenu à la direction fédérale jusqu'en 2011, ne datent pas d'hier. Des divergences profondes sont apparues avec l'éclatement de la crise en Grèce à partir de 2008 et surtout après 2010, renforcées par l'attitude d'une Allemagne souvent méprisante vis-à-vis du "mauvais élève" du Sud de l'Europe.

Il y eut ces appels pressants de responsables --y compris de son propre parti-- à une sortie de la Grèce de la zone euro. Cette Une de magazine montrant une Venus de Milo faisant un doigt d'honneur sous le titre "Les escrocs de la famille Europe". Et la campagne du quotidien Bild évoquant à coups de manchettes racoleuses ces Grecs supposés feignants.

Jorgo Chatzimarkakis tente alors de faire entendre un autre son de cloche et prône un plan Marshall pour la Grèce. On lui répond par des ricanements, jusque dans les rangs de son parti. "On ne va pas se laisser dicter notre conduite par des bergers crétois", avait ainsi lancé l'ancien ministre FDP de l'Economie, Rainer Brüderle.

Et si les tensions entre Berlin et Athènes se sont aujourd'hui apaisées, l'élu européen continue de dénoncer le fonctionnement actuel de l'Union européenne. "Nous voulons en finir avec "l'Europe de Merkel-Barroso", "un imbroglio institutionnel où les décisions sont prises par les créanciers de la troïka (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) et non dans un cadre démocratique", plaide-t-il.

Il accuse cette troïka d'être obsédée par un retour dans le vert des comptes budgétaires grecs sans se préoccuper du chômage qui frappe plus de 60% des jeunes. "Deux tiers des jeunes de moins de 25 ans sont assimilés à des déchets de la société. C'est hallucinant en Europe!", gronde-t-il.

Avec sa nouvelle formation, Jorgo Chatzimarkakis veut "recycler certaines valeurs de la Grèce antique" à qui l'on doit rien de moins que la démocratie. "Alors la Grèce pourra devenir un modèle de société qui ne soit pas attirée par l'argent et le gain", selon lui.

Présenté par un quotidien régional grec comme "le miroir de la Grèce dans l'opinion publique allemande", cet homme élégant reste encore peu connu de la majorité des Grecs. En Allemagne, certains assurent que sa carrière politique était de toute façon terminée, notamment en raison d'une affaire de plagiat de sa thèse de doctorat.

Lors d'une présentation de son parti en Crète, ses supporteurs ont composé pour lui une mantinada, un chant traditionnel grec: "L'Allemagne nous appelle 'pays de paresseux' mais certains nous défendent avec passion (...) Jorgo Chatzimarkakis mon oiseau en exil, la Grèce se noie et tu es sa barque"...

yap/fjb/emb

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