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« Turning Rocks » de Thus Owls : onde raffinée et douce folie (ENTREVUE)

« Turning Rocks » de Thus Owls : onde raffinée et douce folie (ENTREVUE)
Caroline Desilets

MONTRÉAL – Le groupe Thus Owls, composé notamment de la chanteuse suédoise Erika Angell et du guitariste québécois Simon Angell (anciennement musicien de Patrick Watson), connaît une progression lente, mais convaincante. Avec son nouvel album Turning Rocks tout s’installe : ce bijou d’originalité folk et de sensibilité indie-rock affirme avec élégance l’identité du groupe. Toujours délicate, contrastée et légèrement frondeuse, la musique de la formation est encore plus belle, même si elle a revêtu de nouveaux habits. Rencontre.

Présentations raffinées et douces folies caractérisent le nouveau travail de Thus Owls, qui a fait paraître deux albums auparavant: Cardiac Malformations (2008) et le très bon Harbours (octobre 2012).

Moins orchestrales, et un brin moins « dramatiques », les chansons de Turning Rocks émergent d’un blues/soul singulier enveloppé d’une sorte de musique de chambre somptueuse. Ici et là, des rugissements de guitare électrique font même un peu post-rock. Cette « Straight up fucked up guitar » de Simon Angell confère d’ailleurs à la proposition générale un aspect grinçant bienvenu. Le tout est peut-être un tantinet solennel parfois, mais rien de sirupeux. Il faut juste apprivoiser le mélange des genres déjà exploré par le groupe ces dernières années.

Quelque part, sans pouvoir vraiment dire comment, on sent sur Turning Rocks les traces de Timber Timbre (Taylor Kirk chante d’ailleurs en duo sur Thief), des Besnard Lakes (Jace Lasek a travaillé au mixage et fait bien sonner les claviers) ou encore de la voix puissante et précise de la chanteuse canadienne Feist.

« Time and space »

L’univers de base est inspiré de la demeure d’enfance d’Erika : une petite maison appartenant à sa famille depuis des générations. Le titre du disque réfère aux racines familiales, dont sa grand-mère, dessinée sur la pochette du disque. Certes, Turning Rocks ressasse le passé, mais l’idée va plus loin.

« Je pense qu’il y a deux significations au titre Turning Rocks, explique Erika. La première réfère à mon enfance, mais aussi à celle de bien des gens. C’est le temps où nous cherchions les surprises et la vie sous les roches : vers, fourmis ou toutes autres choses intrigantes. C’est également une métaphore qui signifie que nous continuons à ouvrir des portes pour découvrir ce qu’elles cachent dans le présent. »

« Je n’avais pas l’intention de parler tellement de moi-même cette fois-ci, poursuit la chanteuse. Je considère que le passé est un thème plutôt universel. Il est certain que de déménager au Canada pour y vivre avec Simon (ils sont des amoureux) a fait naître de nouvelles perspectives. Cette distance par rapport à mon pays a engendré d’autres façons de communiquer (Skype) avec les membres de ma famille, dont ma grand-mère, qui s’est mise à me parler de ces histoires à propos du passé. Lors d’une visite en Suède, elle a sorti des photos et m’a entre autres parlé de cet arbre sous lequel elle retournait les roches étant jeune…»

Elle et lui

Bien que Simon et Erika discutent ensemble des sujets d’écriture, c’est elle qui compose les paroles. Quant à lui, la musique est davantage son département. L’entente semble claire et a le mérite de fonctionner. Du côté de la réalisation, elle fut aussi assumée par le couple, en collaboration avec les trois autres musiciens du band studio, que sont le bassiste Martin Höper, le claviériste Parker Shper et le batteur Stefan Schneider.

« Elle écrit les mélodies et les mots, raconte Simon. Nous échangeons beaucoup cela dit. Moi, je m’investis dans les arrangements et les ambiances sonores. C’est parfait […] Nous voulions proposer quelque chose d’un peu moins prenant, mais nous ne sommes pas vraiment dans le style de la pop conventionnelle. Je dirais que c’est un son accessible, mais un peu plus à gauche. »

Enregistré au studio montréalais Fast Forward avec l’ingénieur de son Rob Heaney, dit « uncle » pour le duo, Turning Rocks a été mixé par Jace Lasek à son studio Breakglass.

Mentionnons que Pietro Amato a livré des lignes de cors, tandis que Jean-Nicholas Trottier a soufflé du trombone. Marie-Pierre Arthur et Joe Grass ont quant à eux participé au chœur dans la très réussie chanson A Windful of Screams.

Sous étiquette Secret City Records, l’album est disponible dès maintenant.

À noter que le bassiste Morgan Moore remplacera Martin Höper (il vit en Suède) pour les spectacles offerts un peu partout en Amérique du Nord et en Europe.

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