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Menace de sécession de l'est ukrainien, Kiev pointe Moscou du doigt

Menace de sécession de l'est ukrainien, Kiev pointe Moscou du doigt

Après la perte de la Crimée absorbée par la Russie, l'Ukraine restait confrontée mardi à une menace de sécession de l'est russophone où les pro-russes ont proclamé une "république souveraine" et réclamé leur rattachement à la Russie.

Mardi, le président François Hollande devait recevoir à Paris le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, qui a récemment jugé "incroyablement inquiétante" la présence massive de troupes russes le long de la frontière ukrainienne.

De leur côté, les Etats-Unis ont appelé le président russe Vladimir Poutine à cesser de "déstabiliser" l'Ukraine, accusant Moscou d'"orchestrer" les manifestations pro-russes dans l'est ukrainien, tout en proposant une réunion quadripartite entre Américains, Russes, Ukrainiens et Européens.

Washington a également brandi la menace de "nouvelles sanctions contre l'économie russe" en cas de dérapage, selon la Maison Blanche, et a dépêché vers la mer Noire un destroyeur lance-missile.

Les ministres américain et russe des Affaires étrangères, John Kerry et Sergueï Lavrov, ont pourtant discuté lundi de la possibilité de "pourparlers directs" d'ici à 10 jours entre les Etats-Unis, la Russie, l'Union européenne et l'Ukraine pour tenter de régler la crise, selon le département d'Etat.

La tension s'est brusquement aggravée depuis dimanche quand des manifestants pro-russes se sont emparés de bâtiments officiels dans plusieurs villes de l'Est ukrainien, descendant les drapeaux ukrainiens bleu et jaune pour hisser le blanc-bleu-rouge russe.

Ayant reçu l'ordre d'éviter tout incident sanglant, la police les avait laissé passer après quelques échauffourées.

M. Poutine s'est engagé par avance à défendre "par tous les moyens" les populations russophones des républiques de l'ex-URSS en cas de violences. Et l'envoi de jusqu'à 40.000 soldats aux frontières de l'Ukraine a fait craindre une invasion.

Les manifestants ont évacué tôt lundi le bâtiment de l'administration à Kharkiv, où la situation est néanmoins restée très tendue toute la journée, mais à Donetsk, ville d'un million d'habitants située à une cinquantaine de kilomètres de la frontière russe, les événements se sont accélérés.

Après celui de l'administration, des manifestants se sont emparés du bâtiment des services de sécurité (SBU). Lundi soir, la présidence ukrainienne annonçait dans un communiqué la reprise du bâtiment sans victimes par les forces loyalistes.

Barricadés dans les locaux de l'administration, les séparatistes avaient plus tôt proclamé sous les vivats une "république populaire de Donetsk", comme le montre une vidéo postée sur internet.

Selon l'agence de presse Interfax, ils ont décidé d'organiser un référendum sur une souveraineté régionale avant le 11 mai, le site d'information régional Ostrov affirmant de son côté qu'ils demandaient à rejoindre la Fédération de Russie.

La chaîne de télévision ukrainienne Kanal 5 a montré un orateur réclamant l'envoi de "forces d'interposition" russes, faisant craindre un scénario similaire à celui s'étant déroulé en Crimée, péninsule ukrainienne rattachée en mars à la Russie.

Avant même cette annonce, le gouvernement ukrainien pro-européen avait dénoncé un plan du grand voisin russe "pour qu'une armée étrangère passe la frontière et envahisse le territoire ukrainien".

"Ce scénario est écrit par la Fédération de Russie et son seul but est de démembrer l'Ukraine,", a lancé le Premier ministre, Arseni Iatseniouk, lors d'une réunion d'urgence du gouvernement.

Le président par intérim Olexandre Tourtchinov a accusé les séparatistes de travailler "avec les services secrets russes" pour "rejouer le scénario de la Crimée".

La Russie a rétorqué par la voix du ministère des Affaires étrangères en demandant qu'on cesse de "l'accuser de tous les problèmes de l'Ukraine".

Et de réaffirmer sa position selon laquelle seule une "fédéralisation" pourrait assurer "les intérêts de toutes les régions du pays", tandis que l'on oppose souvent l'Est russophone, très imbriqué à la Russie, au Centre et à l'Ouest, réputés être nationalistes.

Une option une nouvelle fois rejetée lundi par Kiev, qui y voit la porte ouverte aux velléités de partition.

Une élection présidentielle anticipée est prévue le 25 mai et les favoris en sont des pro-européens soucieux d'arrimer à l'Ouest ce pays de 46 millions d'habitants, frontalier de plusieurs Etats membres de l'UE. Kiev soupçonne Moscou de vouloir torpiller ce scrutin par des troubles ou des demandes de référendums sur la fédéralisation, l'autonomie ou le rattachement à la Russie.

L'Ukraine se débat en même temps dans une profonde crise économique, dépendant pour sa survie d'un accord de principe conclu fin mars avec le Fonds monétaire international. Et les perspectives se sont encore assombries avec l'augmentation-sanction de 80% du prix du gaz russe livré annoncée la semaine dernière. Kiev a dénoncé cette "pression politique", faisant craindre une nouvelle guerre du gaz qui pourrait menacer les approvisionnements de toute l'Europe.

Mardi à Bruxelles, une délégation ukrainienne emmenée par le ministre de l'Energie, Iouri Prodan, devait discuter avec les responsables européens des moyens de fournir de l'énergie à l'Ukraine.

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