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La Grande-Bretagne, pays de la bière, du bacon... et des anticholestérol

La Grande-Bretagne, pays de la bière, du bacon... et des anticholestérol

Pays du bacon bien gras et des pintes de bière, la Grande-Bretagne est aussi devenue le royaume des statines, ces médicaments contre le cholestérol que prennent aujourd'hui sept millions de Britanniques.

De tous les pays d'Europe, le Royaume-Uni est celui qui connaît le plus de problèmes de poids avec deux adultes sur trois en surpoids et un sur quatre obèse, selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Concernant les maladies cardiaques, les Britanniques arrivent en 15e position au sein des 33 nations de l'OCDE qui regroupe les pays développés, avec 113 décès par infarctus pour 100.000 habitants.

"C'est peut-être une question de gènes", se risque Alwyn Daniel, un Londonien de 53 ans sous statines depuis deux ans pour contrer une hausse sensible de mauvais cholestérol dans le sang.

"Mon père est mort d'une crise cardiaque à l'âge de 62 ans alors mon médecin a estimé que c'était peut-être une bonne idée que j'en prenne", explique-t-il à l'AFP.

Cette mesure préventive suit une tendance lourde et parfois controversée au Royaume-Uni, qui est le premier utilisateur européen de statines selon l'OCDE avec 130 doses quotidiennes pour 1.000 personnes. De plus en plus de personnes présentant un risque de maladie cardiovasculaire se voient ainsi prescrire des statines.

Il y a dix ans, les autorités sanitaires britanniques recommandaient de prescrire les statines à ceux qui avaient 30% de chances de faire un accident cardiaque. Aujourd'hui, 20% suffisent, un chiffre qui pourrait passer bientôt à 10% pour porter la population sous médicament anticholestérol de sept à douze millions.

"La principale raison pour laquelle les statines sont autant prescrites c'est parce qu'elles sont très efficaces", tranche Maureen Talbot de la "British Heart Foundation".

Pour autant, plusieurs médecins et scientifiques remettent en cause leurs bénéfices et estiment que, plutôt que de prescrire des statines, on devrait inciter les gens à modifier leur habitudes.

Un médecin explique ainsi à un journaliste de l'AFP qu'il a 12% de chances de souffrir d'une maladie cardiovasculaire dans les dix ans qui viennent et que ce pourcentage baisserait à 9% avec des statines. "Mais arrêtez d'abord de fumer, ça diminuerait le risque à 7 ou 8%".

"Il y aura toujours des gens qui pensent que les statines soignent tous les maux et qu'elles constituent un passeport pour faire n'importe quoi. Mais c'est une petite minorité", nuance Maureen Talbot.

Les statines sont également accusées par certains d'entraîner des effets secondaires potentiellement graves, sur le foie surtout, et de majorer le risque d'une survenue d'un diabète.

Christophe, un Français de 54 ans refusant de donner son nom de famille, a commencé à prendre des statines il y a six ans, mais a dû arrêter au bout de six mois quand on lui a diagnostiqué un problème hépatique.

Lorsque tout est revenu dans l'ordre, Christophe a repris des statines à cause d'un taux de cholestérol toujours trop élevé. "J'ai eu un peu de nausées au début mais rien de dramatique. Après deux mois, mon cholestérol était revenu à un niveau normal. Donc ça marche", souligne-t-il.

Chirurgien vasculaire de renom, Haroun Gajraj, a pourtant tout arrêté après huit ans sous statines. "J'en suis arrivé à la conclusion que les statines ne vont pas me sauver d'une crise cardiaque et que mon taux de cholestérol n'était d'aucune importance. Ca fait trop longtemps que le cholestérol est montré du doigt. Oui, il peut, dans certains cas, être l'indicateur d'une maladie cardiovasculaire mais il n'y a aucune preuve d'un lien direct", a-t-il expliqué au Daily Telegraph.

Depuis qu'il a arrêté les statines, le Dr Gajraj a diminué sa consommation de sucre mais augmenté celle de beurre, d'oeufs et de viande rouge. Et son taux de cholestérol n'a pas augmenté.

Oeufs, lait et fromage ont été "considérés par nos ancêtres comme des moyens d'avoir des enfants en bonne santé et d'éviter les maladies. Mais aujourd'hui ces aliments ont été diabolisés par les +diétocrates+", abonde Philip Ridley, porte-parole de la "Weston A. Price Foundation" qui milite pour un régime d'alimentation "naturel".

Cela ne dissuadera pas pour autant Christophe de miser sur les statines. "Je pense qu'il vaut mieux prendre une pilule par prévention que d'être victime d'une crise cardiaque", dit-il.

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