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«La garde», du réalisateur Sylvain Archambault: père en détresse

«La garde»: père en détresse
Les Films Séville

Paul Doucet incarne Luc, un père désespéré, dans le film La garde, du réalisateur Sylvain Archambault, qui a pris l’affiche vendredi dernier. Un ordre de la cour lui interdisant depuis plusieurs années de s’approcher de son fils, Sam (Antoine L’Écuyer), aujourd’hui adolescent, Luc prend les grands moyens en kidnappant ce dernier et en l’emmenant se terrer dans le bois. Les deux hommes se connaissent à peine, Sam n’a aucune envie d’être là et est furieux de se retrouver ainsi prisonnier, et Luc a un fusil en sa possession pour, apparemment, enseigner à son garçon comment chasser. Les «retrouvailles» tourneront-elles au drame? L’irréparable sera-t-il commis?

Quand la productrice Lorraine Richard lui a octroyé une enveloppe de 1,1 million de dollars pour réaliser un long-métrage sur le sujet de son choix, Sylvain Archambault a vu là une occasion de se pencher sur une problématique «extraordinairement importante, dont personne ne parle» et qui l’inquiète au plus haut point, celle des pères en détresse. Il a demandé au scénariste Ian Lauzon (De père en flic, Piché, entre ciel et terre) de pondre une histoire inspirée de cette triste réalité. En a résulté La garde, un huis-clos où se donnent aussi la réplique Sandrine Bisson (dans le rôle de Sylvie, la mère de Sam et ex-femme de Luc), Stéphane Breton et Michèle Sirois.

«C’est un tabou qui est balayé sous le tapis depuis trop longtemps, observe Sylvain Archambault. Les journaux sont remplis d’histoires de gens qui n’ont pas de ressources, qui sont en détresse et qui tuent leurs enfants. Je ne comprends pas qu’au Québec comme ailleurs, on n’en parle pas. Je sais que ce n’est pas un seul film qui va faire le tour du sujet, mais il faut commencer quelque part.»

«Un homme québécois, par nature, ne va pas chercher beaucoup d’aide, que ce soit pour un problème de toxicomanie ou de détresse parentale, poursuit le cinéaste. Et le système judiciaire n’est malheureusement pas encore équitable. Ç’a été prouvé et ça décourage énormément d’hommes de se battre pour la garde de leurs enfants.»

Duo de choix

Le tournage de La garde a eu lieu en novembre 2012 et s’est étalé sur seulement 14 jours. Pour arriver à boucler son œuvre dans un délai aussi serré et dans des conditions pas toujours évidentes, Sylvain Archambault devait compter sur des comédiens expérimentés, capables de réussir leurs scènes en une seule prise. Il est donc allé chercher deux de ses «valeurs sûres», des artistes qu’il connaissait bien, Paul Doucet et Antoine L’Écuyer. Archambault avait déjà dirigé Antoine, alors beaucoup plus jeune, dans Pour toujours les Canadiens! et dans la série Bob Gratton: ma vie, my life.

«Paul est l’un des meilleurs acteurs au Québec, note-t-il. C’est un peu notre Gene Hackman, qui peut interpréter n’importe quoi. Et il a l’air de monsieur tout le monde. Je voulais un gars qui n’était pas caricatural ou déviant visuellement. Paul a l’air d’un bon gars, et c’en est un. Son personnage a commis une erreur il y a longtemps, il essaie de la corriger, il n’y arrive pas et il tombe en détresse. Paul est un grand comédien.»

«Et Antoine, j’avais travaillé avec lui dans quelques projets. Il est rapidement devenu exactement le Sam dont j’avais besoin, un jeune homme aussi écorché de sa propre vie. Il y a un bagage, chez lui, qui est intéressant. Je suis devenu très proche de ces deux acteurs, et beaucoup d’Antoine. Je pense qu’il me voit un peu comme son “mon oncle”! (rires)»

Scénarios d’horreur

Papa de deux garçons de 12 et 8 ans, Paul Doucet n’a eu aucun mal à se glisser dans la peau de Luc et à se figurer la souffrance qui pousse ce dernier à poser un acte aussi radical que celui d’enlever son propre fils.

«À partir du moment où tu as un enfant, tu sens déjà la crainte et la douleur de le perdre, illustre l’interprète. Et ce, peu importe la raison: maladie, accident… Ce n’était pas compliqué pour moi de m’imaginer dans une situation où je pourrais perdre mes enfants et être en quête de les revoir. Pour moi, c’est très simple. Des scénarios d’horreur, j’en ai plein la tête.»

«La garde porte sur un débat qui ne se règle pas et qui mérite qu’on continue à en parler. Je trouve intéressant qu’on fasse un film sur autre chose; ce n’est pas du showbiz. Il y a une portée sociale, qui peut créer une réflexion sur la communication, ou plutôt, le manque de communication, qui est à l’origine de beaucoup de problèmes. L’art sert aussi à ça…», ajoute Paul Doucet.

«Le film est très objectif sur ce sujet», nuance pour sa part Antoine L’Écuyer, 17 ans, qui définit son personnage de Sam comme «un bum un peu délinquant, qui n’a pas de comptes à rendre à personne». On n’excuse pas le père, mais on ne penche pas nécessairement du côté de la cour non plus. Quand on voit ça, on se dit que le gars est fou, mais on ne sait pas ce qui l’a poussé à faire ça. Je pense que c’est ce que Sylvain voulait raconter.»

La garde, une production de Lorraine Richard et Luc Martineau, est présentée dans les salles de cinéma du Québec depuis le 4 avril.

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