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A dos de chameau ou de yak, l'Inde relève le défi d'élections hors norme

A dos de chameau ou de yak, l'Inde relève le défi d'élections hors norme

A dos de chameau dans le désert du Rajasthan ou enfoncé jusqu'aux genoux dans les neiges de l'Himalaya, les organisateurs des élections législatives indiennes, les plus grandes jamais organisées, déploient les grands moyens pour permettre à tous de voter

Le marathon électoral a débuté lundi dans six circonscriptions du nord-est de l'Inde, à plus de 2.000 km de New Delhi et s'achèvera dans plus d'un mois dans l'Uttar Pradesh, l'Etat le plus peuplé du pays qui abrite le Taj Mahal ou la ville sainte de Varanasi (Bénarès).

Quelque 814 millions d'électeurs sont appelés à voter, soit 100 millions de plus que lors des dernières élections législatives en 2009. Les Etats-Unis, deuxième démocratie dans le monde, ne comptent que 219 millions d'électeurs.

Selon les organisateurs, environ 15.000 candidats de 500 partis vont se disputer les 543 sièges de la Lok Sabha, la chambre basse du parlement.

"Les statistiques donnent le tournis", a dit le chef de la Commission électorale V. S. Sampath au moment d'annoncer le calendrier des élections en mars.

Pour l'organisation, "il faut intégrer les particularismes religieux, éthniques, régionaux et les diversités culturelles et linguistiques, en plus de l'étendue géographique du pays", ajoute-t-il.

Les bulletins de vote électronique sont ainsi adaptés aux 22 langues reconnues en Inde.

Tandis que des dizaines de milliers de personnes sont attendues dans les bureaux de vote des mégapoles de Delhi et Mumbai, l'histoire est bien différente dans d'autres contrées.

Des membres de la commission électorale ont ainsi marché pendant quatre jours en 2009 pour livrer le matériel de vote dans les montagnes du Ladakh, dans le Cachemire, pour 37 électeurs, se souvient S. Y. Quraishi, chef de la commission électorale en 2009.

Ils ont transmis les résultats par téléphone satellite plutôt que de ramener l'urne pour le dépouillement.

"Il y avait deux bureaux de vote à 16.000 pieds (4.900 mètres) d'altitude. Les hélicoptères de l'armée ont tenté en vain d'atterrir quatre fois et nous avons dû envoyer deux équipes à pied qui avaient de la neige jusqu'aux genoux", raconte-t-il à l'AFP

"C'aurait été une insulte faite à nos électeurs de ne pouvoir les atteindre".

Quraishi, qui a écrit un livre sur l'organisation des élections, se souvient qu'un bureau de vote a dû être installé au fin fond d'une forêt du Gujarat (ouest) où un seul vote a été enregistré.

Le vote se fait uniquement sur des machines électroniques cette année mais les moyens pour expédier le matériel dans certaines zones sont les mêmes que depuis le premier scrutin en 1951.

Des chameaux transportant ce matériel vont ainsi parcourir les déserts du Rajasthan, des mules et des yaks parcourront les massifs montagneux du nord et par endroits des organisateurs traverseront la jungle à dos d'éléphant.

Il faudra des hélicoptères et des vedettes rapides pour équiper les bureaux de vote des îles Andaman et Nicobar.

Le code électoral stipule qu'aucun électeur ne doit parcourir plus de 1,2 km pour glisser son bulletin dans l'urne.

"Atteindre chaque électeur pour qu'il puisse voter tranquillement est le principal défi", estime Trilochan Sastry, un des fondateurs du groupe de pression Association for Democratic Reforms.

Des centaines de milliers de policiers militaires vont être déployés pour assurer le bon déroulement du scrutin. Plusieurs groupes d'activistes ont promis de perturber les opérations, notamment dans le Cachemire en proie à des violences séparatistes.

Ces forces de l'ordre sont aussi chargées de s'assurer que les 1,7 million de machines de vote ne seront pas trafiquées avant le dépouillement le 16 mai.

Pour les organisateurs, assurer le bon déroulement du scrutin est aussi l'occasion de montrer les capacités de l'Inde démocratique face au grand rival, la Chine communiste.

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