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George Pelecanos, portraitiste de l'Amérique urbaine, du roman à l'écran

George Pelecanos, portraitiste de l'Amérique urbaine, du roman à l'écran

Percutant et empathique, George Pelecanos dépeint depuis vingt ans l'Amérique urbaine dans ses romans, centrés sur l'évolution de son Washington natal, et dans ses scénarios pour les séries culte "The Wire" ou "Treme".

"Ce n'est pas un auteur de policier classique. Chez lui, la résolution du crime n'est pas essentielle. C'est un portraitiste, avec un style très visuel", résume Robert Pépin, son éditeur chez Calmann-Lévy, à l'occasion du festival Quais du polar à Lyon (France).

L'écrivain de 57 ans, regard bleu et barbe argentée, n'a découvert la littérature qu'à l'université. Mais il baigne depuis l'enfance dans le western, la musique, le basket de rue, les joutes verbales et l'amour des voitures, ferments de son oeuvre.

"J'ai toujours le sentiment de repartir de zéro. Pour que ça sonne juste, je dois traîner dans les bars, rencontrer des détenus, des avocats, des policiers, des procureurs", énumère à l'AFP ce propriétaire d'une Mustang Bullitt, hommage à Steve McQueen.

Avant de hanter les rues et les prétoires, où il puise ses intrigues, Pelecanos a observé les clients de son père, ancien Marine d'origine grecque, venu tenir un snack à Washington au retour des Philippines.

Taiseux, le gamin vit derrière le comptoir les émeutes de 1968, qui plongent dans le chaos cette capitale "noire à 80%" après la mort de Martin Luther King. L'épisode formera en 2001 la trame de "Hard Revolution", roman dont il est le plus fier.

Tour à tour livreur, plongeur, barman, cuisinier et vendeur de chaussures, ce fan de Peckinpah étudie le cinéma à la fac et publie en 1992 le premier de ses 19 romans, "Liquidations", avec le détective occasionnel Nick Stefanos.

Après une poignée de polars influencés par Dashiell Hammett et Raymond Chandler, son "DC Quartet", tétralogie sur Washington rappelant celle de James Ellroy sur Los Angeles, introduit le tandem Dimitri Karras/Marcus Clay.

Les deux enquêteurs, un Blanc d'origine grecque et un Noir, traversent cinq décennies, des années 1950 aux années 1990, dans "Un nommé Peter Karras", "King Suckerman", au parfum de soul et de marijuana, "Suave comme l'éternité" et "Funky Guns".

"Après l'arrivée du crack, dans les années 1980, est venu l'embourgeoisement et le recul de la criminalité", raconte l'écrivain, qui n'a cessé d'affiner le tableau jusqu'à son dernier roman, "Le double portrait".

Loin des codes du thriller, Pelecanos néglige le suspense. Mais les dialogues sont acérés, les références musicales abondent, et tous les personnages - dealers, flics, commerçants, ados perdus - sont traités avec la même subtilité.

Cette patte séduit David Simon, le créateur de la série "The Wire", fresque d'une profondeur inégalée sur Baltimore. Il recrute le Washingtonien en 2002 comme scénariste, aux côtés des romanciers Richard Price et Dennis Lehane.

L'aventure, sur cinq saisons, s'achève en 2008 et fait toujours référence chez les amateurs de série comme chez les chercheurs, qui en analysent le discours sur la drogue et le déclin des villes portuaires.

Pelecanos poursuit avec "The Pacific", sur la Deuxième guerre mondiale", puis "Treme", qui vient de s'achever, sur la reconstruction de La Nouvelle-Orléans après l'ouragan Katrina.

Cet amoureux des villes "à la culture sudiste", qui espère convaincre sa femme et ses trois enfants de le suivre à La Nouvelle-Orléans, s'attaque pour la première fois à New York, dans un pilote en cours d'écriture avec David Simon.

"Il y sera question de l'essor et du déclin de la prostitution et de la pornographie à Times Square, dans les années 1970 et 1980. Un mélange entre les crimes de +The Wire+ et les gens ordinaires de +Treme+", annonce-t-il.

cfe/but

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