Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Près de la frontière russe, les soldats ukrainiens prêts à "défendre le pays"

Près de la frontière russe, les soldats ukrainiens prêts à "défendre le pays"

Dans la plaine fouettée par les dernières neiges, les jeunes conscrits ukrainiens s'entraînent, prêts à "défendre le pays" contre toute attaque des milliers de troupes russes massées à quelques kilomètres, de l'autre côté de la frontière.

C'est sur les terres d'un élevage de volailles de la commune de Prokhody, à une centaine de kilomètres au nord de Kharkiv, la grande ville de l'Est ukrainien, que leur unité a établi son campement.

Les tentes s'alignent dans la boue noire et collante. Un tank à demi enterré est recouvert d'un filet de camouflage. Un peu plus loin, quelques transports de troupes blindés.

"Il y a un peu de tension, mais on ne peut pas dire qu'elle soit trop forte, ni que nous ayons peur," assure le commandant Théodore Chevchenko, joues mouillées par les flocons poussés par les rafales de vent.

"Nous menons des exercices militaires sur notre propre territoire et bien entendu nous comprenons que l'intégrité de notre pays dépend de chacun d'entre nous, des simples soldats aux officiers. Et en cas d'agression nous sommes prêts à défendre notre peuple", poursuit l'officier.

Il se refuse à détailler le déploiement, confirmant seulement qu'il y a des exercices en cours en plusieurs points le long de la frontière, qui passe, invisible, à travers les forêts et les terres encore dures des longs mois d'hiver.

Le message se veut clair, à destination des unités que Moscou a massées à proximité de l'Ukraine, jusqu'à 40.000 hommes selon les estimations. Une attaque ne serait pas la promenade de santé qu'a été l'annexion de la péninsule de Crimée le mois dernier, après le renversement du pouvoir pro-russe à Kiev par des manifestants pro-européens.

Difficile de savoir les effectifs déployés par l'armée ukrainienne, que nombre d'experts considèrent comme peu préparée à un vrai conflit après des années de sous-investissement. Iouri Gueorguievski, gouverneur-adjoint de la région de Kharkiv, se borne à expliquer que le déploiement russe "était assez important pour nous conduire à assurer la défense de 270 kilomètres de la frontière nationale", sur plus de 1.500 km au total.

La Russie assure n'avoir aucune intention d'envahir l'ex-république soviétique voisine et avoir commencé à retirer au moins une unité, mais l'Otan et les Européens assurent n'avoir constaté aucune "désescalade" dans la pire crise Est-Ouest depuis la fin de la guerre froide.

En attendant, pour les jeunes conscrits de Prokhody, la vie est faite de routine, entre entraînements et repos dans les grandes tentes chauffées au poêle à bois, où ils entassent fusils et casques.

Les départs matinaux "sont parfois durs à cause du froid", explique le lieutenant Eugène Skiba. "Mais c'est un entraînement normal, on ne voit pas d'ennemi", même s'il se dit "prêt à participer à de vrais combats, à défendre le pays".

La sécurité a également été renforcée au principal poste frontière de la région, à une quarantaine de km de Kharkiv. Sacs de sable et blocs de béton protègent le point de contrôle et chars et véhicules blindés stationnent non loin, le long de la route.

Dmytro Jouravel, capitaine des gardes-frontière explique que la sécurité est passée "en mode renforcé", avec doublement du personnel déployé et vérification approfondie de tous les véhicules.

"Des barrières spéciales ont été installées des deux côtés pour empêcher tout passage en force", explique-t-il.

Le trafic a d'ailleurs fortement diminué, d'environ 20% estime l'officier.

Mais pour le capitaine, comme pour la plupart des renforts envoyés le long de la frontière, la menace reste diffuse, invisible.

"Nous n'enregistrons aucune agression côté russe... on ne se sent pas menacés".

fb/so/ia

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.