Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Paix au Proche-Orient: John Kerry risque de perdre son pari

Paix au Proche-Orient: John Kerry risque de perdre son pari

L'infatigable secrétaire d'Etat américain John Kerry risque bien de perdre son pari de convaincre Israéliens et Palestiniens de faire la paix, un rêve vieux de six décennies qu'il jugeait lui-même être une "mission pas impossible".

John Kerry est rentré vendredi soir à Washington d'une folle tournée de deux semaines en Europe et au Proche-Orient, laissant Israël et les Palestiniens aux prises avec la pire crise depuis la relance en juillet de leur dialogue direct, sous parrainage américain.

Dans un très rare accès de pessimisme et d'exaspération, le chef de la diplomatie américaine a clairement évoqué, vendredi à Rabat, la fin possible du processus de paix qu'il s'est échiné à remettre sur les rails.

Après une dizaine de navettes en Israël et en Cisjordanie depuis un an, des centaines d'heures de tractations avec leurs dirigeants, M. Kerry a prévenu qu'il était "temps de redescendre sur terre". "Il y a des limites au temps et aux efforts que les Etats-Unis peuvent consacrer si les parties ne sont pas désireuses de faire des progrès".

Le rôle de médiateur que Washington a toujours tenu entre Israël et les Palestiniens "n'est pas une démarche sans fin et cela ne l'a jamais été", s'est agacé le secrétaire d'Etat.

Les négociations directes avaient redémarré sous son égide à Washington les 29 et 30 juillet 2013, après trois ans de gel, et doivent durer théoriquement neuf mois, soit jusqu'à la fin avril.

Les négociateurs israéliens et palestiniens vont tenir dimanche une réunion tripartite avec l'émissaire américain Martin Indyk pour tenter de sauver les pourparlers de paix, ont annoncé samedi à Jérusalem des responsables proches des négociations.

John Kerry s'entretiendra pour sa part avec le président Barack Obama pour "évaluer précisément ce qui est possible et n'est pas possible" de faire.

Se refusant à jeter l'opprobre sur l'un ou l'autre camp, il a dit "regretter qu'au cours des derniers jours les deux parties aient pris des initiatives qui n'aident pas" à la poursuite des discussions.

Il faisait allusion au refus d'Israël de libérer le 29 mars le dernier contingent de prisonniers, prévu dans le cadre de la relance des pourparlers, et à la réaction du président palestinien Mahmoud Abbas qui a demandé le 2 avril l'adhésion de la Palestine à 15 conventions et traités internationaux.

John Kerry, 70 ans, aux commandes de la diplomatie américaine depuis 14 mois -- poste qu'il rêvait d'occuper -- est loué pour son "énergie" et sa "détermination", diplomates et experts se disant "impressionnés" par sa capacité à sauter dans son avion presque chaque semaine pour voler de crise en crise: au Proche-Orient, pour la Syrie, pour l'Iran ou pour l'Ukraine.

Mais aux Etats-Unis, des éditorialistes l'accusent d'être "déconnecté de la réalité". En Israël, le ministre de la Défense, Moshé Yaalon, avait jugé en janvier que M. Kerry était "animé par une obsession incompréhensible et une sorte de messianisme".

Ses quelque 25 voyages en un an, dans une quarantaine de pays, au prix de plus d'un demi-million de km parcourus, sont aussi montrés du doigt.

"Etre en mouvement ne veut pas dire que l'on progresse (...) Kerry devrait voyager moins (...) et lier sa présence à l'étranger à une avancée concrète de ses objectifs diplomatiques", pointe Kori Schake, du centre d'études Hoover Institution, dans le magazine Foreign Policy.

Au début de l'année, le secrétaire d'Etat, affichant son inébranlable optimisme, martelait que la paix au Proche-Orient "n'était pas mission impossible". L'objectif poursuivi depuis plus de 60 ans, mais sur lequel les administrations américaines successives se sont cassé les dents, "peut se réaliser", assurait-il encore.

Mais ces dernières semaines, John Kerry avait admis que le "niveau de méfiance" entre Israéliens et Palestiniens était du "jamais vu" et que si la paix restait "possible", elle serait "difficile".

Le département d'Etat a aussi prévenu ces derniers jours qu'il revenait aux deux camps de prendre des "décisions difficiles" et que Washington ne pouvait pas le faire "pour eux". La diplomatie américaine a toutefois assuré vendredi qu'elle "était toujours à la table de négociations" et que le processus de paix n'était pas "mort".

jkb-nr/jh

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.