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Mondial des enfants des rues : un message politico-économique

Mondial des enfants des rues : un message politico-économique

Privé de père depuis les conflits inter-ethniques, Dieudonné le Tutsi est aujourd'hui entraîneur du Burundi, avec un adjoint Hutu, et à Rio, via la Coupe du monde des enfants des rues, avec les autres participants, il porte un message contre la violence et la pauvreté.

"Nous avons différents groupes ethniques dans notre équipe, ce qui montre qu'on peut tous vivre ensemble", insiste Dieudonné Nahimana, lui-même ancien enfant de la rue et fondateur de l'association Nouvelle Génération à Bujumbura.

Cet homme a pourtant perdu son père lors des conflits qui ont causé la mort d'environ 300.000 personnes entre 1993 et 2006 au Burundi, petit pays d'Afrique centrale frontalier du Rwanda.

Mais "ces jeunes sont venus ensemble ici pour dire non à la violence et l'exclusion, et pour former, nous l'espérons, les dirigeants de l'avenir", poursuit Dieudonné Nahimana.

Au Burundi, régi par un subtil partage du pouvoir entre Tutsis et Hutus, la tension politique s'est accrue ces derniers temps: le gouvernement a récemment indiqué que le président Pierre Nkurunziza comptait briguer un troisième mandat malgré la limitation constitutionnelle à deux.

"Nous sommes dans une période délicate avec l'approche des élections de 2015, observe l'entraîneur. Nous, à Nouvelle Génération, nous voulons aider à ce que les gens ne tombent pas dans le piège de ceux qui voudraient réveiller les vieux démons de la haine raciale".

Cette Coupe du monde de football des enfants des rues, disputée par 19 pays (équipes de garçons et filles), offre une exposition internationale dont veulent profiter les associations pour mettre le sort de ces gamins sous les projecteurs.

"Nous devons briser le cycle de la pauvreté et construire des projets à long terme pour que les enfants ne débutent pas leur vie dans la rue", souligne Roy Moore, responsable de l'équipe philippine, basé à Manille pour la fondation Fairplay for All. "Nous tablons sur des soutiens financiers d'entreprises pour investir dans le capital humain".

Un regain d'attention de la part du monde économique mais aussi politique est également espéré du côté de l'Île Maurice. "Ce tournoi nous permettra de développer un plaidoyer auprès des autorités : il n'est pas normal que des enfants soient laissés de côté, dans la rue, alors que le système scolaire est gratuit", estime Edley Maurer, coordinateur de Safire (Service d'accompagnement, de formation, d'insertion et de réhabilitation de l'enfant).

Cette association s'occupe d'enfants laissés-pour-compte sur cette petite île de l'océan Indien, d'une population de 1,3 million d'habitants. "On ne peut pas laisser un pays assez développé comme le nôtre avec 6.780 enfants des rues", souligne M. Maurer, en citant le résultat d'une enquête de son association en 2012.

"Ces enfants passent leur journée dans la rue, ils n'ont pas d'autorité parentale, car souvent leurs parents sont toxicomanes", ajoute-t-il.

Il s'agit parfois de cas sociaux lourds, comme cet adolescent qui fait partie de l'équipe amenée au Brésil. "Ce jeune, il n'aurait pas été sélectionné sur des critères de qualités sportives, mais on l'a pris parce qu'il a déjà fait huit fois de la prison, soutient M. Maurer. Il fallait casser ça : on ne peut pas être prisonnier toute sa vie !"

Le garçon, les bras couverts de tatouages, se montre encore un peu rebelle et refuse de parler aux journalistes. "Le Brésil est un pays de foot, ce sera une grande source de motivation pour ces jeunes", avance son protecteur.

Le capitaine de l'équipe traînait lui aussi dans la rue avant d'être repéré par l'association. "Je n'allais pas à l'école, je ne faisais rien, et Safire est venu me ramasser pour suivre des cours", raconte Romano Digdig (16 ans). Il a repris le fil scolaire et appris des travaux manuels, "la jardinerie, la plomberie, les légumes".

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