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Une photographe de l'agence de presse américaine AP tuée en Afghanistan

Une photographe de l'agence de presse américaine AP tuée en Afghanistan

Une photographe allemande internationalement reconnue de l'agence américaine Associated Press (AP), Anja Niedringhaus, a été tuée vendredi dans l'est afghan par un policier qui a également blessé sa collègue canadienne Kathy Gannon.

Les deux journalistes couvraient la préparation du premier tour de l'élection présidentielle afghane, qui aura lieu samedi, quand elles ont été prises pour cible par cet officier aux motivations encore obscures.

"Anja Niedringhaus, 48 ans, une photographe allemande de renommée internationale, a été tuée sur le coup, selon un journaliste pigiste travaillant pour le service vidéo d'AP qui assisté à la fusillade", indique l'agence de presse dans un article publié sur internet et daté de Kaboul.

La journaliste Kathy Gannon, 60 ans, a elle été "blessée à deux reprises et recevait des soins", ajoute AP, précisant que son état avait été "décrit comme stable" et qu'elle était en mesure de parler au personnel médical.

Avant cette attaque, "Anja et Kathy avaient travaillé ensemble pendant des années en Afghanistan", a déclaré à New York Kathleen Carroll, la directrice de l'information d'AP, citée dans l'article. "Cette perte nous brise le coeur", a-t-elle ajouté.

Il s'agit de la deuxième attaque récente visant directement des journalistes occidentaux en Afghanistan avec le meurtre de Nils Horner, un grand reporter anglo-suédois abattu le 11 mars en pleine rue d'une balle dans la tête dans le centre de la capitale Kaboul.

L'attaque fatale à Mme Niedringhaus s'est produite vers 10H45 (06H15 GMT) dans la province reculée de Khost, très infiltrée par la rébellion des talibans car frontalière des zones tribales pakistanaises, base arrière des insurgés.

Le meurtrier présumé est un "officier de la police nationale", a indiqué Yaqub Mandozai, chef adjoint de la police de Khost. Il a été interpellé et est en train d'être interrogé, a précisé le bureau du gouverneur de la province.

L'attaque a été "fermement condamnée" par le ministère afghan de l'Intérieur, qui a annoncé l'ouverture d'une enquête.

Si les autorités afghanes tentaient vendredi de faire la lumière sur les circonstances de l'attaque, et évoquaient une possible bavure, l'agence AP soutenait, elle, que ses deux journalistes ont été victimes d'une attaque délibérée.

"Selon le journaliste pigiste" qui travaillait avec elle, les deux femmes se trouvaient à l'intérieur d'une base des forces de sécurité locales lorsqu'elles ont été attaquées, explique AP.

Alors qu'elles attendaient dans leur voiture, un officier "s'est dirigé vers leur véhicule, a crié +Allah Akbar+ -"Dieu est grand" - et ouvert le feu", avant de se rendre à la police, poursuit-elle.

Anja Niedringhaus était une photographe de guerre reconnue, lauréate du prestigieux prix Pulitzer.

Après avoir commencé sa carrière à 16 ans dans un journal local en Allemagne, elle a étudié la littérature, la philosophie et le journalisme avant de couvrir la chute du mur de Berlin puis d'être embauchée, toujours en Allemagne, par l'agence EPA en 1990.

Elle a ensuite couvert nombre d'évènements et conflits majeurs, dont la guerre en ex-Yougoslavie, passant notamment plusieurs années à Sarajevo.

En 2002, elle rejoint l'agence AP où elle travaillait depuis Genève, qui restera sa base principale. Elle couvrira ensuite bien d'autres conflits en Israël, Palestine, Irak, Afghanistan et Pakistan, tout en touchant à d'autres domaines comme les sports, suivant notamment neuf jeux olympiques.

En 2005, elle fait partie de l'équipe de photographes d'AP lauréate du Pulitzer pour leur couverture de la guerre d'Irak.

Kathy Gannon est elle un pilier historique du bureau d'AP dans la région Pakistan-Afghanistan, où elle travaille depuis les années 1980 et dont elle est une spécialiste reconnue.

Outre Nils Horner et Anja Niedringhaus, un journaliste afghan de l'AFP, Sardar Ahmad, a également été tué il y a deux semaines avec sa femme et deux de leurs enfants par un commando suicide taliban à l'hôtel Serena de Kaboul, une attaque qui a fait au total neuf morts, dont quatre étrangers.

Ces violences interviennent à la veille de l'élection présidentielle afghane, un scrutin test pour la stabilité du pays et que les talibans ont promis de "perturber" par tous les moyens, multipliant les assauts contre les étrangers ou les sites fréquentés par les étrangers.

Ces attaques récentes ont forcé des organisations étrangères responsable de surveiller le bon déroulement de la présidentielle de réduire leur présence dans le pays.

Ce scrutin désignera le successeur de Hamid Karzaï, seul homme à avoir dirigé le pays depuis la chute des talibans en 2001 et à qui la Constitution interdit de briguer un troisième.

Il intervient alors que le pays traverse une période d'incertitudes à l'approche du retrait de la Force internationale de l'Otan (Isaf), d'ici la fin de l'année, qui fait craindre une nouvelle flambée des violences dans le pays.

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