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Une peine de 8 ans de prison pour Benoît Roberge

Une peine de 8 ans de prison pour Benoît Roberge

Le juge a imposé une peine de 8 ans de prison à l'ancien enquêteur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) Benoît Roberge aujourd'hui au palais de justice de Montréal. En soustrayant le temps qu'il a déjà passé derrière les barreaux, Roberge devra encore purger sept ans et trois mois.

Le juge s'est ainsi rendu aux arguments des procureurs de la Couronne et de la défense qui avaient présenté une suggestion commune de 8 ans de prison. Le juge impose ainsi une peine exemplaire, selon les normes du système judiciaire, alors que le maximum prévu par la loi pour un crime du genre est de 10 ans de prison. Le juge a également décidé de compter chaque jour passé en détention préventive pour 1,5 jour d'incarcération en raison de ses conditions de détention difficile.

Roberge, qui avait plaidé coupable à des accusations de gangstérisme et d'abus de confiance le 13 mars dernier, devra également purger la moitié de sa peine avant de demander une libération conditionnelle.

L'avocat criminaliste Dominique Saint-Laurent qualifie la peine imposée par le juge d'« objectivement exemplaire ».

Le juge, qui a rendu un jugement écrit, doute des explications fournies par Roberge pour expliquer les raisons qui l'ont poussé à accepter de vendre des informations. Roberge avait expliqué à la Cour, en larmes, qu'il avait accepté de vendre des informations parce qu'on menaçait sa famille. Le juge souligne qu'il est pour le moins étonnant d'entendre un policier comme l'accusé, habitué à côtoyer des membres du crime organisé, dire qu'il a accepté de transmettre de l'information en raison de menaces prononcées au cours d'un appel téléphonique.

Le juge précise, par ailleurs, que le contenu des conversations relatées par le procureur fait frémir et qu'il est absolument inqualifiable. Il ajoute qu'on ne peut imaginer pire comportement de la part d'un policier en qui l'État place toute sa confiance, surtout pour un policier qui fait carrière dans le domaine de la lutte au crime organisé.

Le système correctionnel décidera maintenant du lieu de détention de l'ancien enquêteur. La composition de la population carcérale et ses activités passées à titre d'enquêteur du SPVM posent des problèmes évidents pour sa sécurité. « Il aura a subir les conséquences de son statut parce qu'en détention, un policier - surtout de son calibre, de son statut - est en danger », a déclaré M. Saint-Laurent en entrevue à ICI RDI. « C'est quelqu'un qui est une cible facile surtout pour les membres du crime organisé. Les autorités se doivent de protéger M. Roberge. C'est leur obligation. »

Âgé de 50 ans, l'ex-enquêteur vedette - spécialiste des motards criminels - a vendu des informations sur des enquêtes au Hells Angel René Charlebois. Il aurait reçu au moins 125 000 dollars en échange de ces informations qui ont mis la vie de certaines personnes en danger, en plus de mettre des enquêtes en péril et permettre à des suspects d'échapper à des ratissages policiers.

Benoît Roberge, qui n'avait aucun antécédent judiciaire, avait choisi de subir son procès devant un juge seul.

En plaidant coupable, Benoît Roberge s'est assuré que les éléments de preuve présentés contre lui demeureraient inconnus du public. Le motard René Charlebois a fait enregistrer neuf conversations compromettantes qu'il a eues avec Roberge, mais leur contenu demeurera secret.

Piégé par la police, Roberge a été arrêté le 5 octobre 2013 peu de temps après avoir pris sa retraite du SPVM. Il avait ensuite été embauché par l'Agence du revenu du Québec.

Avec des informations d'Isabelle Richer

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