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Chutes dans les pelotons cyclistes: le Tramadol pointé du doigt

Chutes dans les pelotons cyclistes: le Tramadol pointé du doigt

Malchance seulement? Les nombreuses chutes qui ont frappé le peloton depuis le début des classiques cyclistes flandriennes s'expliqueraient aussi, selon des médecins d'équipe, par l'utilisation du Tramadol, un analgésique autorisé mais nuisible aux réflexes des coureurs.

A 48 heures du Tour des Flandres, le médecin de l'équipe Lotto, Jan Mathieu, a relancé un débat entamé fin 2013 à propos de ce médicament controversé. Car la formation belge a payé un lourd tribut aux chutes en ce début de printemps. Cinq de ses coureurs, notamment le sprinter André Greipel, sont actuellement sur la touche après des culbutes.

"Le Tramadol n'explique bien sûr pas toutes les chutes, mais, tout de même, c'est un médicament qui agit sur le système nerveux central et engendre de sérieux problèmes de concentration", expliquait ce médecin mercredi à la télévision flamande Sporza.

De quoi relancer la question de la mise au ban de cette molécule de la catégorie des opiacées, que les équipes membres du MPCC (Mouvement pour un cyclisme crédible) voudraient voir sur la liste des produits interdits de l'Agence mondiale antidopage (AMA).

Pour le moment, le Tramadol fait simplement partie d'une "monitoring list" (liste d'observation) des produits scrutés par l'AMA, qui avait alerté le MPCC fin 2013 sur son utilisation massive par les coureurs.

"Nous, chez Lotto, nous ne l'utilisons plus. Par contre dans d'autres équipes qui ne participent pas au MPCC comme Sky, BMC et Omega-Pharma, ce produit est encore largement prescrit", affirme le Dr Mathieu.

Il est contredit par Yvan Van Mol, médecin d'Omega Pharma, qui plaide lui aussi "pour une interdiction du Tramadol", produit que son équipe aurait "utilisé uniquement à des fins thérapeutiques".

Même son de cloche chez Sky, où le médecin Allan Farrell a récemment déclaré au site Cyclingnews.com que le Tramadol était rarement prescrit à ses coureurs et que lui aussi demandait son interdiction.

Selon plusieurs médecins, notamment Prentice Steffen, chez Garmin, les coureurs ont rapidement décelé les avantages de ce médicament. Même si le manager d'Omega Pharma, Patrick Lefevere, estime que "le Tramadol n'a aucune valeur ajoutée", ce puissant anti-douleur rend les efforts moins pénibles dans un sport si exigeant, déclarait le Dr Steffen fin 2013.

"Ce médicament initialement destiné à traiter la douleur chronique a été détourné. Mais s'il fait disparaître la douleur et permet de s'entraîner plus dur, ce n'est pas un produit qui améliore énormément les performances. Et outre le fait qu'il diminue l'attention et les réflexes, ce médicament est aussi très addictif donc dangereux", expliquait-il.

Reste que le Tramadol ne peut être rendu responsable de toutes les chutes, et qu'il est impossible de connaître son réel impact. Le Dr Mathieu évoque les moyennes élevées en course, les obstacles tels que les poteaux de signalisation, ou encore le beau temps qui rend les courses moins sélectives et les pelotons plus nombreux dans les derniers kilomètres.

"Les chutes ont toujours existé, rappelle Patrick Lefevere. On dit aussi que c'est la faute des oreillettes. Ce qui est vrai, effectivement, c'est que tout le monde veut être devant. Et sur des routes étroites et sinueuses comme en Flandre, c'est délicat".

bnl/gv

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