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L'extrême droite hongroise en quête de respectabilité avant les élections

L'extrême droite hongroise en quête de respectabilité avant les élections

Moins de discours racistes, plus de sourires: le parti d'extrême-droite hongrois Jobbik, bousculé par la politique ultra-conservatrice de Viktor Orban, a dû s'adapter en vue des élections législatives de dimanche.

"Vous ne pouvez pas arrêter le futur", proclame dans un clip de campagne Gabor Vona, ancien enseignant à la tête du "Mouvement pour une meilleure Hongrie", ou "Jobbik". En arrière plan, des jeunes jouent au football dans un parc.

Sur les affiches aux fleurs blanches stylisées, les candidats sont souvent souriants et jeunes, comme leur dirigeant âgé de 35 ans. Ils ressemblent à de jeunes cadres.

"Que le meilleur gagne!", proclame leur slogan. En hongrois, "jobbik" signifie "meilleur".

Familles, jeunes, étudiants sont les cibles privilégiées. Comme de nombreuses formations d'extrême droite en Europe, notamment le FPÖ de l'Autriche voisine, le parti est très actif sur les médias sociaux: avec 250.000 "j'aime" sur sa page Facebook, il devance de loin ses rivaux, y compris le Fidesz avec 160.000 "j'aime".

Rien à voir avec la dureté des affiches d'il y a quatre ans, où le noir et le blanc dominaient, et avec la rhétorique raciste et anti-rom des meetings d'alors. Le parti avait raflé 17% des voix pour sa première participation à un scrutin législatif, derrière les conservateurs du Fidesz et les socialistes.

Mais au fil des années, la politique nationaliste du Premier ministre Viktor Orban, son attachement aux valeurs chrétiennes et ses conflits avec l'Union européenne ont fait du tort au Jobbik, en cannibalisant une partie de son électorat, issu en majorité, comme pour le Fidesz, des classes défavorisées.

"Ils ont décidé, il y a environ un an, de se refaire une image loin de tout extrémisme, afin de survivre et de progresser", indique à l'AFP Kristof Domina, président de l'Institut Athena, un observatoire des mouvements extrémistes en Hongrie.

Avec un certain succès si l'on en croit les sondages: le parti est crédité entre 15 et 18% pour le scrutin de dimanche.

"Les gens en ont assez du politiquement correct, le Jobbik prendra le pouvoir un jour ou l'autre", indique à l'AFP le leader des jeunesses du Jobbik Gergely Farkas, plus jeune député de Hongrie à 28 ans seulement.

Dans son manifeste, le parti reste fidèle à ses fondements nationaliste et chrétien, et continue de prôner le durcissement du système pénal, avec à la clé le rétablissement de la peine de mort.

Et à Baja, ville à la frontière serbe d'environ 40.000 habitants, le candidat de l'extrême-droite Istvan Meszaros n'a rien d'un jeune cadre.

A 49 ans, il est le leader de la "Nouvelle garde hongroise", un groupe d'auto-défense qui a organisé des marches avec des torches dans des banlieues roms, comme son prédécesseur la "Garde hongroise", interdit en 2009.

"Le Jobbik, c'est de l'action, pas seulement des paroles", dit-il à l'AFP. "Les crimes ont chuté dans ces régions après", ajoute-t-il en référence à ces marches, qui ont semé la terreur parmi les populations tsiganes.

Il admet être un peu troublé par la nouvelle image de son parti. "Mais je suis sûr que les directeurs de campagne savent ce qu'ils font".

Avec des candidats comme M. Meszaros, le parti "garde à bord ses électeurs les plus extrêmes", souligne M. Domina.

La tenue en février d'un meeting à Esztergom (nord-ouest) dans une ancienne synagogue constituait un autre message à l'attention du noyau le plus extrémiste, ajoute l'expert. Etait présent le député du Jobbik Sandor Porzse, qui a fait parler de lui pour ses déclarations antisémites utilisant une rhétorique de l'époque nazie.

"Beaucoup de gens séduits par la nouvelle image du Jobbik ne savent peut-être pas qu'il y a aussi un côté néo-nazi chez eux", indique à l'AFP Mate Kulifai, l'un des fondateurs du groupe privé "Voter contre Jobbik" créé il y a trois semaines, et qui s'active sur internet pour informer la population sur les références inchangées du parti.

"Nous nous fichons de savoir pour qui ils votent", dit-il, "du moment que ce n'est pas le Jobbik!"

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