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Grèce : tollé après la révélation de liens entre Aube dorée et un proche de Samaras

Grèce : tollé après la révélation de liens entre Aube dorée et un proche de Samaras

La Grèce était en ébullition jeudi après la révélation en caméra cachée de liens supposés entre le parti néonazi Aube dorée et le bras droit du Premier ministre conservateur Antonis Samaras, un conseiller déjà controversé qui a dû démissionner.

Sur une vidéo publiée mercredi par Aube dorée, dont neuf des 18 députés ou ex-députés sont actuellement poursuivis, dont six en détention provisoire, on voit Panayiotis Baltakos, l'un des plus fidèles conseillers d'Antonis Samaras depuis trente ans, s'accorder avec Ilias Kassidiaris, député et porte-parole du parti, à penser que l'offensive judiciaire contre Aube dorée serait une initiative à visée électorale du gouvernement.

Connu pour ses positions très à droite, M. Baltakos, a dû démissionner sur le champ du poste de secrétaire général du gouvernement, qu'il assurait depuis juin 2012, date de l'accession au pouvoir de M. Samaras à la tête d'une coalition conservateurs-socialistes.

L'affaire a provoqué un tollé dans les rangs du gouvernement et dans l'opposition.

"Il faut attaquer toutes les niches qui sont en contact de manière idéologique ou pratique avec l'extrême droite", a indiqué le ministre des Affaires étrangères Evangélos Vénizélos, numéro deux du gouvernement et chef du parti socialiste (Pasok).

De son côté, le principal parti d'opposition, la Gauche radicale Syriza, a accusé Antonis Samaras "d'opportunisme" et de vouloir éliminer Aube dorée pour profiter électoralement des voix de l'extrême droite, toujours troisième parti avec 8% des intentions de vote dans les sondages après les conservateurs et Syriza.

Sur la vidéo, tournée dans un bureau et sans doute par M. Kassidiaris dont on ne fait qu'entendre la voix, Panayiotis Baltakos explique que les ministres de la Justice et de l'Ordre public "auraient convaincu" la procureure de la Cour suprême, Efterpi Koutzamani, de lancer des poursuites pénales contre des députés d'Aube dorée.

"Tout ce qui a été publié prouve les liens, qu'on avait dénoncés à plusieurs reprises dans le passé, entre le gouvernement de Samaras (...) et Aube dorée", a indiqué aux médias Alexis Tsipras, chef du Syriza, réclamant la démission des deux ministres.

Il a souligné que l'affaire était "d'une importance politique, morale et institutionnelle majeure".

Les allusions à "des niches" au sein du parti de M. Samaras, Nouvelle-Démocratie, "sont une folie", a rétorqué le ministre de l'Intérieur Yannis Mihelakis, soulignant que l'enquête contre Aube dorée doit se poursuivre.

La justice s'est défendue d'avoir obéi au gouvernement. Efterpi Koutzamani a assuré dans un communiqué "avoir agir en se fondant sur la loi et les preuves".

Le meurtre du musicien grec Pavlos Fyssas en septembre par un membre d'Aube dorée a abouti, sous la pression aussi des organisations internationales des droits de l'Homme, au déclenchement d'une offensive policière et judiciaire contre ce parti, accusé de violences racistes depuis plusieurs années et qui bénéficiait d'une quasi-impunité.

L'affaire Baltakos a fait les gros titres jeudi. "Choc après le dérapage de (Panayiotis) Baltakos", titrait le quotidien à gros tirage Ta Néa (pro-gouvernemental).

Ce journal souligne que l'affaire était "un accident attendu", par allusion aux positions politiques déjà bien connues de M. Baltakos.

"Tempête", titrait Ethnos (centre-gauche) en évoquant "le sale jeu de Baltakos avec Aube dorée".

La justice a parallèlement ouvert une enquête pour déterminer si Ilias Kassidiaris, candidat à la mairie d'Athènes en mai, tout en étant inculpé, avait commis une "atteinte à la personnalité" ou une "violation des données personnelles" avec cette vidéo en caméra cachée.

Tandis que son fils Dimitris tentait de régler lui-même les comptes de son père en allant agresser et insulter des membres d'Aube dorée dans leur bureau au Parlement, Panayiotis Baltakos a reconnu à la radio qu'il ignorait si d'autres conversations embarrassantes avaient pu ainsi être enregistrées par Aube dorée.

Il a assuré, sans convaincre tout le monde, que son rôle dans cette affaire n'avait été que de "dire ce qu'ils voulaient entendre", pour "essayer de comprendre ce qu'ils faisaient".

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