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Début des délicates négociations sur les livraisons de gaz russe à Kiev

Début des délicates négociations sur les livraisons de gaz russe à Kiev

L'Ukraine et la Russie entament jeudi de délicates négociations sur les livraisons de gaz à l'ex-république soviétique, que Moscou utilise comme une arme dans son bras-de-fer avec Kiev.

Le ministre ukrainien par intérim de l'Energie Iouri Prodan et le président de Naftogaz Ukraine Andriï Kobolev, accompagnés de parlementaires ukrainiens, auront pour interlocuteur à Moscou le président du géant gazier russe Gazprom, Alexeï Miller.

Alors que Kiev dépend pour les trois-cinquièmes de ces livraisons, Gazprom a annoncé mardi une augmentation de plus d'un tiers du prix du gaz vendu à l'Ukraine.

Cela ferait passer le gaz russe à environ 480 dollars les 1.000 mètres cubes, l'un des tarifs les plus élevés appliqués aux pays européens, alors que l'Ukraine est en pleine crise économique et dépend d'une aide vitale du FMI négociée la semaine dernière.

La patronne du FMI, la Française Christine Lagarde, a d'ailleurs mis en garde sur les graves "retombées" que la crise ukrainienne pourrait avoir sur l'économie mondiale si elle n'était "pas bien gérée".

A Bruxelles, l'UE et les États-Unis ont dénoncé cette utilisation de l'énergie comme "arme politique ou instrument d'agression".

Des difficultés qui "soulignent la nécessité d'assurer la sécurité énergétique, pas seulement de l'Ukraine, mais aussi de l'Europe", pour le secrétaire d'État américain, John Kerry.

Jeudi, la capitale russe accueillera également une réunion du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avec ses homologues des pays alliés de Moscou au sein de l'"Otan russe", soit la Biélorussie, l'Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan.

Une sortie de réplique au sommet de l'Otan qui s'est tenu à Bruxelles, où le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a jugé mercredi "incroyablement inquiétante" la présence massive de troupes russes à la frontière ukrainienne, indiquant n'avoir constaté "aucune réduction significative".

"Je partage vraiment les préoccupations du Saceur (Commandant suprême des forces alliées en Europe)", le général américain Philip Breedlove, a-t-il déclaré.

"Nous pensons qu'ils (les soldats russes) pourraient intervenir en l'espace de douze heures (...) Ils sont prêts à y aller et pourraient remplir leurs objectifs en trois à cinq jours" s'ils en recevaient instruction, a déclaré le général Breedlove à des médias anglo-saxons, citant comme objectifs potentiels de Moscou l'établissement d'un corridor terrestre dans le sud de l'Ukraine pour relier la Crimée à la Russie, la prise du port ukrainien d'Odessa ou encore de la région moldave russophone et séparatiste de Transdniestrie, située à l'ouest de l'Ukraine.

Tentant d'atténuer les tensions, les autorités pro-européennes de Kiev ont affiché leur volonté d'une "décentralisation" au profit des régions, loin cependant de la "fédération" qui selon Moscou peut seule garantir la protection des populations russophones.

Le gouvernement intérimaire a adopté le principe d'une "décentralisation du pouvoir et d'une extension importante des pouvoirs des collectivités locales," pour "concilier les intérêts des communautés nationales et locales" selon un texte posté sur son site.

Une annonce qui cherche à éloigner le spectre d'une intervention russe, alors que le président Vladimir Poutine a promis de défendre "à tout prix" les populations russophones, et que la Russie a absorbé le mois dernier la péninsule de Crimée.

Depuis le renversement de l'ancien président Viktor Ianoukovitch fin février, après son revirement sur un rapprochement avec l'Europe et son alignement sur le Kremlin, de vives tensions sont apparues dans les régions russophones du pays.

M. Ianoukovitch a déclaré mercredi ne "pouvoir accepter" ce rattachement de la Crimée à la Russie, tout en rejetant la responsabilité de cette perte sur les nouvelles autorités de Kiev.

La proposition de "décentralisation" rejoint une recommandation de plusieurs pays occidentaux et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Elle répond aussi au ministre russe des Affaires étrangères, qui a lancé l'idée d'une "fédéralisation" de l'Ukraine permettant de "protéger les droits de ceux qui vivent en Ukraine, et principalement de la population russe", idée aussitôt dénoncée par Kiev comme une manoeuvre pour une "partition" du pays.

Les relations américano-russes se sont tendues encore un peu plus mercredi soir avec la décision de la Nasa de suspendre tous ses contacts avec la Russie, à l'exception de la collaboration portant sur la Station spatiale internationale (ISS).

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