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"Makaburi", figure de l'islamisme radical kényan, tué par balles à Mombasa

"Makaburi", figure de l'islamisme radical kényan, tué par balles à Mombasa

Abubaker Shariff Ahmed alias "Makaburi", figure de l'islam radical kényan, accusé d'être un relais des islamistes shebab somaliens au Kenya, a été tué par balles mardi soir à Mombasa, la capitale de la côte kényane très majoritairement musulmane.

Un correspondant de l'AFP a vu les corps criblés de balles de Makaburi et d'un jeune homme, allongés côte à côte à l'arrière d'un véhicule de police dans un commissariat de Mombasa où ils ont été transportés.

Les corps ont été identifiés par les familles. "L'un d'entre eux est celui d'Abubaker Shariff Ahmed alias Makaburi", a confirmé le chef de la police du quartier de Kisauni, Richard Ngatia. "Nous ne savons pas qui les a tués et pourquoi", a-t-il ajouté, lançant un appel à témoins.

Makaburi venait de sortir d'un tribunal de la deuxième ville du pays et attendait avec quatre autres personnes - dont le jeune homme tué avec lui - quand des tireurs en voiture ont ouvert le feu, selon la police et des témoins.

"Ils attendaient qu'une voiture vienne les chercher quand des gens à bord d'un véhicule en marche leur ont tiré dessus", a expliqué M. Ngatia.

Selon Mohamed Ali, "ami de longue date" de Makaburi qui se trouvait en sa compagnie, "nous attendions d'être récupérés devant le tribunal quand on a entendu des coups de feu. On s'est tous jetés à terre".

Cheikh Abubaker Shariff Ahmed était placé depuis 2012 sous sanctions de l'ONU pour "ses liens étroits avec les membres influents" des islamistes shebab.

C'est la troisième personnalité importante de la mosquée Musa de Mombasa, coeur de l'islam radical kényan, accusée par les autorités d'être un centre de propagande djihadiste et de recrutement pour les shebab somaliens, à être tuée par balles en moins de deux ans.

L'imam Aboud Rogo Mohamed, principal prédicateur de la mosquée et ami de Makaburi, avait été assassiné en août 2012, avant que son successeur Cheikh Ibrahim Ismail ne tombe à son tour sous les balles en octobre 2013, déclenchant à chaque fois de violentes émeutes à Mombasa.

Aucun des tueurs n'a été identifié, mais leurs partisans, Makaburi en tête, avaient accusé les autorités kényanes d'avoir mené "des exécutions extrajudiciaires".

Mardi soir, Mombasa était calme mais la police était déployée en masse et des dirigeants politiques et religieux ont lancé des appels au calme sur les radios locales.

Makaburi, âgé d'une cinquantaine d'années, était décrit par l'ONU comme "un important (...) recruteur de jeunes musulmans kényans en vue d'activités militantes violentes en Somalie", qui "fournit un appui matériel à des groupes extrémistes au Kenya" et en Afrique de l'Est et participe "à la mobilisation et à la gestion de fonds pour les shebab".

Il avait nié vertement ces accusations, dans un entretien avec l'AFP en février, tout en défendant l'instauration de la charia "partout dans le monde" et la mémoire d'Oussama ben Laden. Il avait également estimé "100% justifiée" l'attaque islamiste menée en septembre contre le centre commercial Westgate de Nairobi, qui avait fait au moins 67 morts.

"Ma vie est en danger, ils finiront par me tuer. C'est ce qu'ils font", avait affirmé Makaburi à l'AFP à propos des autorités kényanes.

Dans la soirée, la police a tiré des coups de feu en l'air pour disperser une foule de partisans de Makaburi rassemblés autour du poste de police pour réclamer son corps, selon le correspondant de l'AFP.

La mosquée Musa avait été le théâtre d'affrontements meurtriers début février, quand la police y avait pénétré pour mettre fin à celle qu'elle décrivait comme "une convention djihadiste" destiné à recruter des combattants shebab.

Une centaine de fidèles avait été arrêtée mais seule une trentaine avait finalement été inculpée, notamment pour "appartenance à un groupe terroriste". Les autorités kényanes avaient ensuite mis en garde contre la radicalisation de certains musulmans dans le pays, notamment à la mosquée Musa.

Seuls 11% des Kényans se revendiquent musulmans, contre plus de 80% se déclarant chrétiens, essentiellement protestants.

L'assassinat de Makaburi intervient au lendemain d'un triple attentat à l'explosif à Nairobi dans le quartier d'Eastleigh, surnommé "la petite Mogadiscio" pour son importante communauté somalienne ou kényane d'ethnie somali.

Mi-mars, deux personnes avaient été arrêtées à bord d'une voiture piégée à Mombasa et le 24 mars, des assaillants avaient ouvert le feu dans une église d'un faubourg de la ville, tuant six personnes.

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