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Des accusations de fraude électorale ravivent les tensions en Turquie

Des accusations de fraude électorale ravivent les tensions en Turquie

La police turque a dispersé mardi des manifestants de l'opposition qui dénonçaient des fraudes au scrutin municipal à Ankara, ravivant la tension politique deux jours à peine après le triomphe électoral du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

Les forces de l'ordre sont intervenues dans l'après-midi avec des canons à eau et ont rapidement dispersé quelque 2.000 personnes qui encerclaient depuis la fin de la matinée le siège du Haut conseil électoral (YSK) aux cris de "Tayyip voleur !".

Le porte-parole du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, Huseyin Celik, a condamné ce rassemblement, qui ravive le souvenir de la fronde antigouvernementale du printemps 2013 et les récentes manifestations ayant émaillé la campagne des élections municipales.

"On ne peut pas proclamer une victoire que le peuple vous a refusée en réunissant une foule devant le Haut conseil", a déploré M. Celik.

Nettement distancé dimanche dans les urnes, le principal parti d'opposition a engagé la riposte sur le terrain légal en dénonçant mardi des "irrégularités" lors du scrutin et demandé un nouveau comptage des voix à Ankara et Istanbul, où il a été battu par le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir.

Dans la capitale, le Parti républicain du peuple (CHP) a déposé un recours devant le YSK pour contester la victoire du maire sortant AKP Melih Gökçek, qui s'est imposé de justesse face à son adversaire du CHP Mansur Yavas.

Quelque 32.000 voix sur près de trois millions d'électeurs à peine séparent les deux rivaux, crédités respectivement de 44,79% et 43,77% des suffrages.

"Nous pensons qu'il n'y a pas eu d'élection honnête à Ankara", a déclaré M. Yavas devant la presse. "Nous ne nous laisserons pas voler notre vote", a-t-il ajouté, "et si c'est nécessaire, nous irons devant la Cour constitutionnelle".

Le maire sortant, très populiste et controversé, qui dirige la ville depuis 1994, a riposté sur le champ en dénonçant lui aussi des manoeuvres de son rival.

"Nous aussi nous avons découvert des irrégularités et nous avons déposé un recours. 124.000 bulletins ont été annulés, dont beaucoup en faveur de l'AKP", a lancé M. Gökçek. "Ils veulent semer le désordre en Turquie (...) ils veulent donner l'impression que la démocratie est menacée en Turquie", s'est-il indigné.

Les deux candidats avaient successivement proclamé leur victoire dimanche soir, dans une grande confusion et un climat très tendu.

Adoptant la même stratégie, le CHP a même contesté les victoires de l'AKP à Istanbul, la plus grande ville du pays, et à Antalya (sud), et demandé un nouveau comptage des voix.

"Tous les bulletins doivent être recomptés afin que les habitants d'Istanbul acceptent sereinement les résultats", a déclaré le candidat stambouliote du parti, Mustafa Sarigül, pourtant nettement battu par le maire sortant.

A l'inverse, le parti au pouvoir a également contesté la victoire, serrée, du Parti de l'action nationaliste (MHP) à Adana (sud).

Signe de la tension persistante en Turquie, la police est aussi intervenue avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau à Ceylanpinar (sud-est), près de la frontière syrienne, contre des centaines de partisans du Parti pour la paix et la démocratie (BDP) kurde qui protestaient contre les fraudes de l'AKP, vainqueur du scrutin.

Dans ce climat, le ministre de l'Energie a été contraint mardi de rejeter les suspicions nées des multiples coupures de courant observées dans plusieurs villes du pays dimanche soir à l'heure du dépouillement.

"Ceux qui ont perdu ne doivent pas se servir des pannes d'électricité pour excuser leur défaite", a réagi Taner Yildiz, qui a expliqué que celle constatée dans certains quartiers d'Ankara avait été provoquée par un chat qui avait pénétré dans un transformateur.

Malgré des accusations de corruption et un scandale d'écoutes téléphoniques, M. Erdogan est sorti grand vainqueur du scrutin de dimanche, à l'issue duquel son parti a recueilli 45% des voix. Sitôt les résultats connus, le Premier ministre, qui lorgne désormais sur la présidentielle d'août prochain, a menacé de faire "payer" ses adversaires.

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