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Élections 2014 - Fatima Houda-Pepin : «Claude Ryan se retournerait dans sa tombe»

Fatima Houda-Pepin : «Claude Ryan se retournerait dans sa tombe»
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Fatima Houda-Pepin se dit «sidérée» d'entendre que Philippe Couillard a placé, légalement, 600 000$ dans un paradis fiscal dans les années 1990. «Ma première réflexion a été ''Claude Ryan se retournerait dans sa tombe'', lui qui a écrit sur les valeurs libérales, dit celle qui a défendu les couleurs du Parti libéral du Québec (PLQ) pendant 20 ans. Je n'aurais jamais pensé, dans mes pires cauchemars, qu'un chef du PLQ puisse un jour être impliqué dans ce genre de commerce.»

Le chef du PLQ a admis mercredi avoir possédé un compte bancaire sur l'île de Jersey à l'époque où il travaillait en Arabie Saoudite. Le placement était toutefois légal, puisque le neurochirurgien avait alors coupé ses liens de résidence avec le Canada.

Ex-députée libérale, Fatima Houda-Pepin se questionne sur la crédibilité du chef libéral s'il devient premier ministre. «Comment est-ce qu'on peut s'attaquer à l'évasion fiscale si soi-même on l'a pratiquée?», demande-t-elle.

«Si on a choisi cet endroit pour cacher son argent, c'est parce qu'on ne voulait pas qu'on sache ce qu'il y a dans cet argent, ajoute-t-elle. C'est parce qu'on a un secret à cacher. Mais, lorsqu'on se prépare pour des fonctions supérieures, on doit être au-dessus de tous reproches. Ça soulève un tas de questions.»

L'incident pourrait même nuire à Philippe Couillard advenant un nouveau référendum sur la souveraineté. «Monsieur Couillard disait qu'il allait nous défendre pour garder le passeport canadien, dit Fatima Houda-Pepin. Qu'est-ce qu'il a fait de son passeport canadien, lui?»

Campagne locale

La députée sortante de La Pinière, sur la rive-sud de Montréal, a été exclue du caucus libéral en janvier dernier en raison de son désaccord avec la position de son parti sur la charte de laïcité. Contrairement au PLQ, elle souhaite notamment interdire le port de signes religieux aux personnes en position d'autorité, comme les policier et les juges. Malgré son expulsion, Fatima Houda-Pepin se dit toujours profondément libérale. Elle fait désormais campagne comme candidate indépendante.

«La campagne va très bien, dit-elle, lors d'une entrevue dans son bureau de campagne, à Brossard. Les gens sont reconnaissants du travail que j'ai fait depuis 20 ans.» La candidate indépendante affirme faire une campagne de terrain et être dehors dès 6:00 le matin, jusque tard en soirée.

À son bureau de campagne, une douzaine de bénévoles se relaient chaque jour. Lors du passage du Huffington Post Québec, l'équipe était composée uniquement de femmes. Plusieurs suivent la députée depuis ses débuts et l'ont suivi après son expulsion du caucus libéral.

C'est le cas de Céline Vaillancourt, sa représentante officielle. La dame à la crinière blanche est membre du PLQ depuis 1978 et suit Fatima Houda-Pepin depuis ses débuts en tant que députée. Elle est restée à ses côtés après son expulsion du caucus libéral. «Je suis libérale, je ne le nie pas, dit-elle. Mais Fatima est une personne de grande qualité qui doit être à l'Assemblée nationale. Pas juste pour le comté, mais pour tout le Québec.»

Nicole Grégoire, elle, ne s'était jamais associée à un parti politique. C'est la controverse autour de l'expulsion de la députée qui l'a amené à travailler comme bénévole pour sa campagne. «J'ai vu que c'est une femme qui s'affirme et qui est convaincue. Elle mérite l'appui de ses citoyens», dit-elle.

Fatima Houda-Pepin affirme d'ailleurs que «toute» son équipe l'a suivi dans sa campagne électorale à titre de candidate indépendante.

Libérale contre PLQ

Le PLQ n'a toutefois pas fait de cadeau à son ancienne députée. Le parti lui oppose un candidat-vedette, le Dr Gaétan Barrette. Le Parti québécois, lui, ne présente pas de candidat. Le PLQ a également repris les quelque 40 000$ que la députée avait amassé dans son trésor de guerre. Ce montant se divise environ moitié-moitié entre les dons de la dernière année et les surplus cumulés depuis sa première élection. «C'est avec cet argent que Gaétan Barrette fait campagne», s'insurge-t-elle. Fatima Houda-Pepin souligne avec ironie qu'une partie de cette somme provient de ses propres dons à sa campagne électorale, de même que ceux de ses amis.

Fatima Houda-Pepin affirme toutefois avoir été témoin d'un élan de solidarité de la part des citoyens. Elle affirme avoir récolté 25 000$ en quatre semaines. «Après mon expulsion du caucus, des citoyens se sont présentés à mon bureau avec des chèques.»

Malgré tout, Fatima Houda-Pepin dit ne pas être amère par rapport à son exclusion du PLQ. «J'ai la conscience tranquille, je suis tout à fait à l'aise avec ma décision», dit-elle.

Son contentieux est avec le chef du PLQ, Philippe Couillard, plutôt qu'avec le parti. «Je ne retournerai pas au PLQ parce que monsieur Couillard m'en a exclu», dit Fatima Houda-Pepin. Elle refuse toutefois de dire si elle retournerait au parti advenant le départ de Philippe Couillard.

Selon sa version des faits, Philippe Couillard l'a forcé à quitter le caucus libéral. Lors d'un caucus à propos de la charte de la laïcité, le chef libéral aurait dit: «Tu vas piler sur tes convictions et tu vas défendre ma position.» En clin d'oeil à son ancien chef, Fatima Houda-Pepin a choisi le slogan de campagne: «Votez par conviction».

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