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«SNL Québec» : encore meilleur la deuxième fois

«SNL Québec» : encore meilleur la deuxième fois
Télé-Québec

SNL Québec continue de marquer des points. Alors que la première édition, animée par Louis-José Houde, le 8 février dernier, avait permis de se familiariser avec le ton de l’émission et avec la troupe de jeunes acteurs, la deuxième, pilotée par Stéphane Rousseau et présentée samedi, nécessitait moins d’apprivoisement et se laissait déguster beaucoup plus aisément. Jeu assumé des comédiens, textes mieux ficelés, du rythme, de l’audace : le rendez-vous donne l’impression d’avoir déjà trouvé sa vitesse de croisière après deux tentatives.

La saynète d’ouverture, «Un débat presque parfait», hybride d’Un souper presque parfait et du débat des chefs de jeudi, était juste assez grinçante et parfaitement collée à l’actualité des derniers jours de la campagne électorale. Une manière efficace de saluer les récentes bourdes des différents chefs de partis. Virginie Fortin en Pauline Marois, Phil Roy en Philippe Couillard, Pierre-Luc Funk en François Legault, Léane Labrèche-Dor en Françoise David – qui n’a pas pu s’asseoir à la table des «grands» -, Mathieu Quesnel en Jean Charest, ils étaient tous excellents. On a même eu droit à une apparition de Pierre Karl Péladeau, alias Stéphane Rousseau, le poing brandi bien haut, qui s’est violemment fait repousser par Pauline Marois.

Charmante Zaza

Stéphane Rousseau a amorcé son monologue d’ouverture en parlant en anglais, simulant d’être aux États-Unis, au Saturday Night Live original. L’animateur n’a pas joué la même carte que Louis-José Houde, qui s’était davantage vautré dans les faits et l’actualité. Rousseau a plutôt raconté une anecdote personnelle où il avait maille à partir avec un petit pug pour lancer les festivités. L’hôte a ensuite été entouré des trois actrices du groupe, qui auraient bien voulu le voir retirer sa chemise. Ce mot de bienvenue n’était pas à la hauteur du reste de ce deuxième SNL Québec, mais Stéphane Rousseau a néanmoins fait bonne figure, entre autres lorsqu’il a incarné sa drag-queen déchue, Zaza. Son interprétation était sensible et sentie. Il a aussi déclenché les rires dans la peau de Gaston, le pauvre bougre qui se défoule contre sa femme en tapant du marteau dans son atelier… et qui allait être forcé de dormir dans la niche du chien.

Joyeuse absurdité

Encore une fois, les six comédiens ont été remarquables dans leurs divers rôles. On avait beaucoup aimé Katherine Levac le mois dernier; cette fois, la Franco-Ontarienne s’est carrément élevée au-dessus de la mêlée avec sa Lorraine, sympathique bonne femme de banlieue qui voulait s’initier au yoga. «Quand la madame à l’inscription m’a dit de mettre du linge mou, j’ai su tout de suite que c’était une activité pour moi.» Sa salutation au soleil était tordante. Et elle nous a ramené sa Paidge Beaulieu qui, cette fois, n’a pas jasé histoires de cœur, mais plutôt séparation du Québec. «Je ne veux pas avoir besoin de passeport pour aller magasiner à Kirkland», a-t-elle plaidé contre l’indépendance. Léane Labrèche-Dor était aussi délirante dans la peau de Suzie la sarcastique, même si ce sketch, dans l’ensemble, était plutôt faible.

Certains numéros se sont avéré de petits bijoux d’absurdité, franchement comiques. On pense ici à cette mère de famille outrageusement snob (irrésistible Virginie Fortin) qui, l’autre jour, s’insurgeait d’une pièce de Tchekhov trop mal interprétée à son goût par des bambins de deuxième année. Cette fois, la dame tenait à faire changer le nom de sa fille diplômée des HEC après l’avoir entendu résonner dans les haut-parleurs d’une cérémonie guindée. «Tabarnac que c’est laitte, Julie Lepage! C’est le nom d’une guidoune de Thetford Mines!» Les répliques acerbes se bousculaient dans la bouche d’une Virginie en grande forme. «Je t’ai donné le prénom de la sage-femme qui m’a fait vêler en cachette dans le cabanon! À partir de maintenant, on va t’appeler Rosaline, Éléonore ou Azalée! Tu vois ben que ce nom-là, c’est un fardeau!» On le répète, Virginie Fortin était hilarante dans cette caricature d’hystérique bcbg. Donnez-lui un Gémeaux. Ou un Olivier.

Autres perles de deuxième degré, cette parodie du concours «Déroule le rebord» des restaurants Tim Hortons, où un homme interprété par Stéphane Rousseau était bien embêté de remporter une fellation, qu’il n’était pas plus intéressé à échanger contre une crème de brocoli. Ou encore la reproduction de «Dick in a box», un pastiche ayant marqué l’histoire de Saturday Night Live. Bravo à Phil Roy et à Léane Labrèche-Dor d’avoir su rendre hommage à ce moment mythique et d’avoir su si bien jongler avec la drôlerie et le malaise.

Gag trash

Mathieu Quesnel paraissait nerveux pendant la portion des «Nouvelles SNL», mais il avait plus d’aplomb que la première fois et ses gags étaient davantage réussis. On a versé dans la blague un peu trash avec l’intervention de Marc-Olivier Dufresne-Poitras (Pierre-Luc Funk), un adolescent en mal d’attention qui réclamait d’être victime d’intimidation, mais rien pour offusquer les fervents de ce genre d’humour. Le passage de Denis St-Alphonse, le monsieur météo de Phil Roy, aurait gagné à être écourté, le timbre criard personnage devenant agaçant à la longue mais, sur Twitter, l’opinion générale était de loin en sa faveur.

Mentionnons enfin que c’est Dominique Michel qui était la présentatrice officielle de cette mouture de SNL Québec (après Yvon Deschamps en février) et que Les Trois Accords ont offert deux de leurs succès, Exercice et J’aime ta grand-mère. Reste à voir si ce SNL Québec est parvenu à «faire de meilleures cotes d’écoute que le Red Bull Crashed Ice», diffusé simultanément à TVA, comme l’a dit Mathieu Quesnel pendant son bulletin de nouvelles. Si c’est le cas, peut-être aurons-nous d’autres SNL Québec à nous mettre sous la dent en 2014-2015. Croisons-nous les doigts parce qu’à la lumière de ce qu’on a vu samedi, c’est très, très bien parti.

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Émission du samedi 8 février 2014

<em>SNL Québec</em>

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