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Un accord avec les Farc "avant la fin de l'année": l'objectif de Santos en Colombie

Un accord avec les Farc "avant la fin de l'année": l'objectif de Santos en Colombie

Face aux "ennemis de la paix", le président de la Colombie, Juan Manuel Santos, candidat à sa réélection, s'est lancé dans la campagne avec une solide conviction, celle d'obtenir un accord avec la guérilla marxiste des Farc "avant la fin de l'année".

Clin d'oeil de l'histoire : le premier tour de la présidentielle, le 25 mai, devance de seulement deux jours le 50e anniversaire des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), la plus vieille rébellion d'Amérique latine, acteur central d'un conflit qui a fait plusieurs centaines de milliers de morts et environ cinq millions de déplacés.

"Nous ne pouvons pas condamner plus de générations de Colombiens à une guerre sans fin et sans raison", affirme M. Santos dans un entretien écrit accordé à l'AFP.

A mi-chemin de son mandat, ce dirigeant de centre-droit, qui comme ministre de la Défense infligea aux Farc ses plus lourdes pertes militaires, a annoncé au pays que l'heure de la paix avait sonné avec l'ouverture de négociations avec les Farc, qui se déroulent depuis novembre 2012 à Cuba, sans cessez-le-feu.

"Aujourd'hui je suis plus optimiste sur les possibilités d'un succès qu'au début, au vu de nos avancées", confie M. Santos, artisan de la quatrième tentative de pourparlers avec les Farc dans l'histoire de la Colombie.

"Il est possible d'arriver à un accord final de fin de conflit avant que se termine cette année", insiste-t-il, en rappelant les deux accords fondamentaux déjà conclus : la nécessité d'une réforme agraire, à l'origine même de la création des Farc, et le droit pour les guérilleros repentis d'entrer sur la scène politique, comme l'ont fait avant eux d'anciens combattants d'autres rébellions.

Dans l'entourage du chef de l'Etat, on n'exclut pas la possibilité de parvenir, avant le premier tour de la présidentielle, à un accord sur le chapitre actuel des pourparlers : la question du trafic de cocaïne, dont la Colombie est le premier producteur mondial. Pour nombre de paysans, soutenus par les Farc, la coca, plante servant à sa fabrication, demeure un revenu de survie.

Des guérillas aux bandes criminelles, issues en partie d'ex-milices paramilitaires, sans oublier la corruption politique : avec le narcotrafic, le conflit interne est devenu un "business", concède M. Santos, en croisade contre les "forces obscures" qui veulent "saboter" le processus de paix.

"La paix a plusieurs ennemis : certains parce qu'ils voient un bénéfice politique à s'y opposer et d'autres car ils s'enrichissent avec la guerre ou parce qu'ils ont obtenu des avantages illégaux comme les terres dont ils ont spolié les paysans", explique le président.

Son gouvernement a impulsé un programme visant à restituer deux millions d'hectares à 400.000 familles mais, sur le terrain, les meurtres à l'encontre des plaignants ou de leurs défenseurs vont bon train : l'ONU a dénombré une trentaine de victimes en 2012, année de lancement des négociations.

Sur le plan politique, le président, qui a conservé en mars une majorité lors des élections législatives, va devoir surtout batailler avec l'opposition de son prédécesseur Alvaro Uribe. Chantre d'une politique de fermeté contre les Farc, l'ancien dirigeant conservateur, élu au Sénat, entend faire campagne contre l"'impunité" pour les guérilleros, un thème très sensible en Colombie.

"La justice doit être un soutien et non un obstacle pour la paix", répond M. Santos, qui prône des mesures de "justice transitionnelle", avec la possibilité de suspension de peines en échange d'aveux.

Un discours qu'il accompagne d'une "clarification indispensable" : "Il n'y aura pas d'impunité pour les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre commis de manière systématique".

S'il remporte un second mandat et signe un accord avec les Farc, le chef de l'Etat reconnaît que le plus dur restera encore à faire : empêcher les rebelles de "se transformer en une nouvelle structure criminelle" à travers un "programme efficace de réinsertion". Selon les autorités, la guérilla compte encore plus de 7.000 combattants.

Un accord avec les Farc avant la fin de l'année peut-être, mais quel est le délai pour la paix ? "L'étape du post-conflit peut durer encore 10 ans", avertit le président colombien.

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