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Crimée: le fossé entre Kiev et Moscou se creuse, l'UE prépare une riposte

Crimée: le fossé entre Kiev et Moscou se creuse, l'UE prépare une riposte

L'Ukraine continue à s'éloigner de la Russie dans le sillage du rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie et compte sur le soutien des dirigeants européens qui, réunis à Bruxelles doivent adopter de nouvelles sanctions contre Moscou.

Le parlement de Kiev a adopté mercredi une résolution proposée par le président par intérim Olexandre Tourtchinov déclarant que "l'Ukraine se battra pour la libération de la Crimée".

La veille, Kiev a annoncé plusieurs mesures ponctuant la rupture avec Moscou, dont l'instauration de visas pour les Russes et le retrait de la CEI, organisation de onze républiques de l'ex-URSS.

Dans ce contexte, la libération par les autorités de la Crimée du commandant en chef de la marine ukrainienne, détenu mercredi par les forces russes ayant occupé le QG des forces navales ukrainiennes à Sébastopol, est peu susceptible de détendre les relations avec Moscou, même si c'est le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, qui est intervenu personnellement en faveur du contre-amiral Serguiï Gaïdouk.

D'autres Ukrainiens détenus par les autorités de la Crimée, considérés par Kiev comme des "otages", ont également été libérés.

Parallèlement, Moscou a annoncé que son administration a commencé à délivrer des passeports russes en Crimée, une étape symbolique de l'intégration de la péninsule ukrainienne.

A Bruxelles, les ministres européens doivent chercher une riposte crédible à l'opération éclair russe scellée mardi par la signature d'un traité avec les autorités pro-russes de Simféropol.

A l'occasion de ce sommet, l'Ukraine doit signer vendredi le volet politique de l'accord d'association avec l'UE.

Les 28 pourraient décider d'annuler le sommet Russie-UE prévu en juin à Sotchi, mais ne devraient pas aller jusqu'à des sanctions économiques qui porteraient atteinte à leurs intérêts.

L'UE envisage également d'élargir la liste de personnalités russes et ukrainiennes pro-russes frappées d'interdiction de visa et de gels des avoirs. La première annonce de ce genre de sanctions par Washington et Bruxelles lundi a fait l'objet de commentaires ironiques à Moscou, tandis qu'un vice-ministre russe des Affaires étrangères a indiqué jeudi que la Russie allait adopter des actions analogues à l'encontre des Américains.

Certains pays, comme la Grèce, la Finlande et la Bulgarie, s'inquiètent pour les livraisons de gaz russe. La France cherche à préserver la vente de deux navires militaires Mistral à la Russie, et le Royaume-Uni l'engouement des sociétés russes pour la City de Londres.

Cela n'empêche pas l'Occident de chercher à adopter un ton ferme.

L'intervention de Moscou en Crimée participe d'une "stratégie globale" de la Russie qui pourrait intervenir dans l'Est de l'Ukraine, a affirmé mercredi à Washington le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen.

De son côté, Berlin a décidé de suspendre un important contrat conclu avec la Russie par le groupe de défense Rheinmetall, portant sur la fourniture d'un camp d'entraînement complet à l'armée russe.

Mercredi, dans un climat de tension croissante, Kiev a donné trois heures aux autorités de Crimée pour libérer le chef de sa marine, Serguiï Gaïdouk, capturé plus tôt par les forces pro-russes.

Le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov a demandé aussi la libération de "tous les otages", en menaçant de prendre des "mesures adéquates" de représailles.

La libération du contre-amiral et de plusieurs autres personnes a été annoncée jeudi matin, mais les autorités ukrainiennes n'ont pas indiqué si toutes leurs exigences ont été satisfaites.

Parallèlement, l'Ukraine prépare un plan d'évacuation des militaires stationnés en Crimée - ils seraient plus de vingt mille - et de leurs familles.

L'instauration de visas risque - surtout si Moscou répond du tac au tac - de gêner des centaines de milliers d'Ukrainiens qui ont des proches ou vont travailler en Russie.

Annoncée par le Conseil de sécurité nationale et de défense, cette mesure a été cependant implicitement critiquée par le Premier ministre Arseni Iatseniouk à son arrivée à Bruxelles.

Dans cette matière de visas, a-t-il dit en substance, il faut éviter toute précipitation, car un grand nombre d'Ukrainiens vivant dans l'est et le sud du pays sont intéressés au maintien du régime sans visa avec la Russie.

Si le Blitzkrieg institutionnel russe est pratiquement terminé avec l'approbation du rattachement par la Cour constitutionnelle, celle par les deux chambres du Parlement russe ne faisant aucun doute, de nombreux problèmes pratiques restent à régler.

Le plus urgent est celui des bases militaires ukrainiennes.

Le gouvernement de Kiev a donné l'ordre à ses militaires de rester en Crimée. Et il a autorisé officiellement ses soldats encore dans la péninsule à prendre les armes pour se défendre.

Le premier et le deuxième président d'Ukraine Léonid Kravtchouk et Léonid Koutchma ont demandé au président par intérim de retirer les troupes de Crimée "pour sauver les vies des soldats" et ont déclaré soutenir les nouvelles autorités ukrainiennes, selon un communiqué de la présidence.

"Jamais, même dans un cauchemar, je ne pouvais pas imaginer que je verrai un jour la Crimée occupée par les troupes russes", a déclaré M. Koutchma.

Jeudi matin, une centaine de soldats russes encerclaient la grande base de Perevalne, dans le sud de la péninsule.

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