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Crimée: L'UE prépare une riposte, Kiev instaure les visas pour les Russes

Crimée: L'UE prépare une riposte, Kiev instaure les visas pour les Russes

Les dirigeants européens se réunissent jeudi et vendredi à Bruxelles pour chercher une riposte crédible au rattachement de la Crimée à la Russie, auquel Kiev a réagi en introduisant les visas pour les Russes.

Les 28 pourraient annuler le sommet Russie-UE prévu en juin à Sotchi, mais ne devraient pas aller jusqu'à des sanctions économiques qui porteraient atteinte à leurs intérêts.

L'UE envisage également d'élargir la liste de personnalités russes et ukrainiennes pro-russes frappées d'interdiction de visa et de gels des avoirs. La première annonce de ce genre de sanctions lundi a été accueillie avec ironie à Moscou.

Certains pays, comme la Grèce, la Finlande et la Bulgarie, s'inquiètent pour les livraisons de gaz russe. La France cherche à préserver la vente de deux navires militaires Mistral à la Russie, et le Royaume-Uni l'engouement des sociétés russes pour la City de Londres.

L'intervention de Moscou en Crimée participe d'une "stratégie globale" de la Russie qui pourrait intervenir dans l'Est de l'Ukraine, a affirmé mercredi à Washington le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen.

De son côté, Berlin a décidé de suspendre un important contrat conclu avec la Russie par le groupe de défense Rheinmetall, portant sur la fourniture d'un camp d'entraînement complet à l'armée russe.

DE son côté, le président américain Barack Obama a exclu mercredi une "intervention militaire en Ukraine", tout en promettant de travailler à édifier "une solide coalition internationale qui enverra un message clair" à la Russie.

Dans une nouvelle réplique au traité signé mardi par la Russie et les autorités pro-russes de Simféropol, l'Ukraine a décidé mercredi d'introduire les visas pour les Russes et de sortir de la Communauté des Etats indépendants (CEI) regroupant onze ex-républiques soviétiques.

Simultanément, dans un climat de tension croissante, Kiev a donné mercredi trois heures aux autorités de Crimée pour libérer le chef de sa marine, Serguiï Gaïdouk, capturé plus tôt par les forces pro-russes.

L'ultimatum a expiré vers 19H00 GMT et plusieurs heures plus tard aucune annonce n'est venue de Kiev ou de Simféropol, mais entre-temps le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a demandé à la direction de la Crimée de libérer le contre-amiral Gaïdouk et de le laisser partir pour l'Ukraine, ce qui a rendu une telle issue probable.

Le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov a demandé aussi la libération de "tous les otages", en menaçant de prendre des "mesures adéquates" de représailles.

Il s'agit d'otages "militaires et civils", indique-t-il, sans préciser leur nombre ou leur identité. Les bases militaires ukrainiennes en Crimée sont encerclées depuis plusieurs semaines par les forces russes et pro-russes.

Parallèlement, l'Ukraine prépare un plan d'évacuation des militaires et de leurs familles, a indiqué le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense, Andriï Paroubiï.

C'est aussi M. Paroubiï qui a annoncé que le ministère des Affaires étrangères était chargé d'introduire un régime de visas avec la Russie et que l'Ukraine entamait le processus de sortie de la CEI.

Cette dernière mesure a une importance avant tout symbolique, mais elle signifie aussi que l'Ukraine, grand pays industriel et agricole, s'éloigne encore plus de la zone d'influence russe.

En revanche, l'instauration de visas risque - surtout si Moscou répond du tac au tac - de gêner des centaines de milliers d'Ukrainiens qui ont des proches ou vont travailler en Russie.

Sur le terrain, les partisans de Moscou, secondés par les soldats russes, sont passés à l'offensive.

Ils ont indiqué s'être emparé du chef de la marine ukrainienne Serguiï Gaïdouk après avoir saisi le QG des forces navales à Sébastopol.

Quelques heures plus tard on apprenait que les forces pro-russes avaient enfoncé avec un tracteur la porte de la base Sud de la marine ukrainienne à Novoozerne, dans l'ouest de la péninsule, pour en prendre le contrôle.

Le commandant adjoint de la base a déclaré à l'AFP par téléphone que les hommes des milices pro-russes étaient entrés les premiers, précédés par un groupe de femmes et d'enfants. Les soldats russes sont arrivés derrière eux.

Le passage de la Crimée sous le contrôle de la Russie, déjà illustré par l'arrivée du rouble et la "nationalisation" des entreprises publiques ukrainiennes, commence aussi à avoir un impact sur l'économie.

La première banque ukrainienne, PrivatBank, a annoncé mercredi avoir cessé toute opération en Crimée "en raison de l'incertitude sur le statut juridique du système bancaire de la péninsule".

Toutes les agences étaient déjà fermées mercredi et des foules de déposants inquiets se rassemblaient devant d'autres établissements de la région, qui a adopté mardi le rouble comme monnaie officielle, tout en laissant en circulation la hryvnia ukrainienne.

Si le Blitzkrieg institutionnel russe est pratiquement terminé avec l'approbation du rattachement par la Cour constitutionnelle, celle par les deux chambres du Parlement russe ne faisant aucun doute, de nombreux problèmes pratiques restent à régler.

Le plus urgent est celui des bases militaires ukrainiennes.

Le gouvernement de Kiev a donné l'ordre à ses militaires de rester en Crimée. Et il a autorisé officiellement ses soldats encore dans la péninsule à prendre les armes pour se défendre.

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