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Médecins de famille : le modèle ontarien

Médecins de famille : le modèle ontarien

L'accès à un médecin de famille est au cur des engagements des partis politiques en campagne au Québec. En ce moment, un Québécois sur quatre n'en a toujours pas et ceux qui en ont un ont souvent de la difficulté à obtenir rapidement un rendez-vous. En Ontario, c'est plus de 90 % des personnes qui ont leur médecin de famille.

Un texte de Philippe Leblanc

En début de semaine, le Parti québécois a promis que tous les Québécois auraient un médecin de famille d'ici deux ans. Tout comme le Parti libéral, la Coalition avenir Québec et Québec solidaire, les péquistes misent notamment sur les groupes de médecine familiale (GMF), des équipes multidisciplinaires.

Pour sa part, l'Ontario a choisi de s'attaquer au problème d'accès dans le réseau de la santé il y a une dizaine d'années. Le ministère ontarien de la Santé a obtenu l'appui et la collaboration des six facultés de médecine de la province, des organisations régionales de la santé ainsi que du Collège des médecins de famille de l'Ontario.

« Au niveau universitaire, on compte 500 diplômés en médecine familiale chaque année, comparativement à 200 il y a 10 ans, affirme le Dr Jonathan Kerr, président du Collège des médecins de l'Ontario. Le nombre de membres de notre organisation est passé de 7800 à plus de 12 000 au cours des cinq dernières années. »

La structure du réseau de la santé a aussi été revue en Ontario. Environ 200 équipes de santé familiale, l'équivalent des GMF au Québec, ont été créées. Ces groupes favorisent l'accès aux soins en regroupant des professionnels de la santé dont des médecins de famille, des psychothérapeutes et des nutritionnistes. Les infirmières praticiennes, qu'on surnomme souvent les « superinfirmières », sont aussi plus nombreuses qu'au Québec.

« S'il y a un problème de suivi diabétique, l'infirmière peut le faire, soutient le Dr Jacques Lemelin, responsable de la première ligne pour le Regroupement local d'intégration des services de santé Champlain, dans la région d'Ottawa. Si c'est un problème de suivi d'un jeune patient de 3 ou 4 ans, l'infirmière praticienne peut faire ça. Alors, il y a plusieurs tâches qui peuvent être partagées. »

Un des principaux obstacles à la pratique de la médecine familiale au Québec, c'est que les omnipraticiens sont obligés de travailler en milieu hospitalier. En effet, depuis 1993, tous les nouveaux omnipraticiens ont dû assumer ce qu'on appelle les activités médicales particulières (AMP). Ceci se fait au détriment de la prise en charge des patients en bureau et sous peine, pour les médecins, d'être pénalisés de 30 % de leurs revenus. L'obligation de travailler en milieu hospitalier n'existe pas en Ontario.

« Les médecins qui désirent faire de l'obstétrique, de l'urgence, des soins à domicile ou des soins de longue durée ont carrément des bonus pour le faire, affirme la Dre Renée Prince, de l'équipe de médecine familiale Montfort. Je vous dirais que je me rendais déjà une matinée par semaine dans un centre pour personnes âgées atteintes de démence, par intérêt personnel, avant ces bonus. C'est un incitatif de plus, mais il n'y a pas d'obligation à faire ces tâches-là. »

Résultat de tous ces efforts : 2 millions d'Ontariens de plus peuvent maintenant compter sur un médecin de famille. Selon les données de 2011 de l'Institut canadien d'information sur la santé, 91 % des Ontariens avaient un médecin de famille, comparativement à 75 % au Québec. La moyenne canadienne est de 85 %.

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