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Levée de l'état d'urgence à Bangkok pour tenter de reconquérir les touristes

Levée de l'état d'urgence à Bangkok pour tenter de reconquérir les touristes

Le gouvernement thaïlandais a annoncé mardi la levée de l'état d'urgence à Bangkok, espérant faire revenir les touristes dans la capitale, face à des manifestants fatigués par des mois de mobilisation.

"La Première ministre a signé la révocation de l'état d'urgence, qui sera effective à partir de ce soir minuit" après près de deux mois d'état d'urgence, a annoncé Suranand Vejjajiva, secrétaire général de la Première ministre Yingluck Shinawatra.

"Il y a deux raisons: d'abord, les manifestations se sont calmées et les manifestants sont cantonnés à un seul site. Et puis il s'agit d'améliorer le climat économique, notamment dans le secteur du tourisme", clef pour le pays, a argumenté Suranand.

Le gouvernement veut reconquérir investisseurs étrangers et vacanciers, qui avaient évité la capitale ces derniers mois, en pleine saison haute, effrayés par des violences de rue qui ont fait au total 23 morts et des centaines de blessés, la plupart à Bangkok.

Plusieurs évènements sportifs, concerts ou conférences avaient été annulés à cause de l'état d'urgence. Et les hôtels de la capitale avaient accusé le coup, des dizaines de pays avaient mis en garde leurs ressortissants des dangers de Bangkok.

"La levée de l'état d'urgence est bonne pour le tourisme", a réagi Sisdivachr Cheewarattanaporn, président de l'Association des agences de voyages thaïlandaises, interrogé par l'AFP.

Mais il reconnaît que le retour à la normale des réservations "prendra du temps, environ trois mois", alors que la Thaïlande table toujours sur une hausse de 3% du nombre des touristes étrangers en 2014, à 27,5 millions.

Pour l'heure, la Banque centrale de Thaïlande a abaissé la semaine dernière son taux directeur à son plus bas niveau depuis trois ans, pour tenter de soutenir l'économie touchée par la crise politique.

Et Yingluck Shinawatra, à la tête d'un gouvernement aux pouvoirs limités, reste sur la sellette et la situation instable.

L'opposition, qui n'a pas remporté d'élections générales depuis vingt ans, lui reproche d'être la marionnette de son frère Thaksin, Premier ministre victime d'un coup d'Etat en 2006 et de poursuivre sa corruption généralisée.

Cette alliance hétéroclite d'ultra-royalistes, d'élite de la capitale et de pourfendeurs de la corruption n'a pas perdu de vue son objectif de la remplacer par un "conseil du peuple", non élu.

Prévu pour une durée de 60 jours, l'état d'urgence était en vigueur à Bangkok depuis le 22 janvier. Il s'agissait de donner plus de pouvoirs aux forces de sécurité à l'approche des législatives du 2 février, fortement perturbées par les manifestants.

L'état d'urgence avait alors été décidé après plusieurs incidents violents qui avaient fait neuf morts à Bangkok.

Mais ces dernières semaines, malgré le maintien de campements de manifestants, les manifestations ne rassemblent plus massivement comme fin 2013, quand des dizaines de milliers de personnes battaient le pavé tous les jours.

L'état d'urgence est néanmoins remplacé par une Loi de sécurité intérieure (ISA), déjà adoptée au début de la crise fin 2013, qui permet d'instaurer un couvre-feu ou des fouilles. Bombes artisanales et grenades continuent à être désamorcées à Bangkok.

La reprise soudaine des violences n'est pas à exclure, en l'absence de tout compromis entre les deux camps.

S'ils n'ont jusqu'ici pas réussi à chasser Yingluck par leurs manifestations de rue, les opposants portent désormais leurs espoirs sur une décision judiciaire qui la forcerait au départ.

Depuis le coup d'Etat de 2006 contre Thaksin, la Thaïlande a connu une série de crises politiques. La dernière, en 2010, s'était soldée par plus de 90 morts, après intervention de l'armée.

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