Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Élections 2014 - François Legault change de ton après le sondage CROP

Legault change de ton après le sondage CROP
CP

Le chef de la Coalition avenir Québec n'ignore pas les sondages défavorables à son parti, ajuste son discours et lance un appel aux électeurs pour maintenir la plus grande représentation possible de la CAQ à l'Assemblée nationale. La cible de François Legault n'est plus seulement ce qu'il a appelé « la résignation des Québécois », mais aussi son adversaire libéral, Philippe Couillard.

Le choix ne peut être plus clair pour les électeurs québécois le 7 avril, selon François Legault. « Si les gens veulent simplement trancher la question "oui ou non un référendum", bien qu'ils votent pour les deux autres partis. S'ils veulent qu'on travaille sur l'économie, [...] ils voteront pour moi ».

C'est ce qu'a affirmé le chef de la CAQ en entrevue à l'émission C'est pas trop tôt, mardi, à ICI Radio-Canada Première.

« Je pense qu'on a besoin d'un redressement au Québec, on a besoin de plus d'investissement privé, on a besoin de plus d'emplois à valeur ajoutée avec l'innovation. Si c'est là-dessus que les Québécois veulent que le prochain gouvernement travaille, ils voteront pour moi. S'ils veulent voter pour ou contre un référendum, bien honnêtement, je préfère qu'ils votent pour un des deux autres partis », dit-il.

En point de presse un peu plus tard à Granby, François Legault a affirmé qu'il travaillait à « faire élire le maximum de députés de la Coalition avenir Québec », semblant abandonner l'idée que la CAQ puisse former le prochain gouvernement.

M. Legault réagissait au dernier sondage CROP-La Presse, selon lequel la CAQ recueille 13 % des intentions de vote au Québec, trois points devant Québec solidaire (10 %). D'après ce coup de sonde, le PLQ mène dans les intentions de vote, à 39 %, devant le PQ, qui recueille 36 %.

Interrogé au sujet d'une disparition possible de son parti, M. Legault a dit demeurer confiant.

« Je suis convaincu que si ce n'est pas à cette élection-ci [que les Québécois voteront pour la CAQ] ce sera à la prochaine ou la suivante. Mais on n'a pas le choix, à l'heure actuelle, on se dirige vers un mur [au Québec]. »

« Je suis réaliste, je regarde le résultat, a commenté François Legault en point de presse. On est encore dans la même vieille chicane des 40 dernières années. Ce n'est pas facile d'en sortir, je m'en rends compte. »

Pas de fusion, pas de commentaire

Une fusion de la CAQ avec un autre parti est-elle envisageable? « Quand on va dans une élection, on y va pour gagner. Mais les deux autres partis, on les a essayés. Moi je vois M. Couillard, il ne sait même pas s'il pourra atteindre le déficit zéro d'ici trois ans, quatre ans. À part voler quelques chapitres de mon livre sur le Projet Saint-Laurent, il n'y a pas vraiment de projet économique », répond-il.

« Même chose avec le PQ. On a perdu 50 000 emplois à temps plein depuis un an. À Montréal, c'est la déprime. Moi, j'ai été au PQ et je le sais, la priorité c'est le référendum. Je pense que ce n'est pas la bonne priorité. Il me reste trois semaines pour convaincre les Québécois de sortir des vieux débats », poursuit François Legault.

Dans son point de presse à Granby, M. Legault a jugé que la question d'une éventuelle fusion était hypothétique. « Même encore aujourd'hui, vous ne me ferez pas commenter un scénario autre qu'une victoire de la Coalition avenir Québec », a-t-il lancé.

Il a souligné que s'il y avait un référendum maintenant, il serait dans le camp du non. Le chef de la CAQ a toutefois précisé en point de presse qu'il voulait « laisser les portes ouvertes pour dans 10-15 ans ». Le programme de la Coalition comprend des demandes de rapatriement de pouvoirs en culture, en environnement et en matière linguistique pour un « Québec plus autonome », a dit François Legault.

Mais « contrairement au PQ, je pense qu'on est capable de relancer l'économie du Québec dans le Canada », a affirmé M. Legault.

Présent au point de presse, le candidat de la CAQ dans Granby, François Bonnardel, a reproché au chef libéral Philippe Couillard ses positions constitutionnelles. « Il signerait la Constitution à genoux, ce que [l'ancien premier ministre] Bourassa n'a jamais fait debout », a-t-il lancé.

Des attaques contre Couillard

Comme s'il voulait prouver l'improbabilité d'un terrain d'entente avec les libéraux, le chef de la CAQ a lancé plusieurs flèches à son adversaire Philippe Couillard. François Legault s'est dit inquiet pour les Québécois, qui « semblent prêts à élire Philippe Couillard, qui n'a pas le courage de mettre de l'ordre dans la maison ».

M. Legault a notamment rappelé la relation d'affaires passée entre M. Couillard et Arthur Porter, l'ex-directeur général du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), arrêté au Panama et accusé de corruption en lien avec ce projet de 1,3 milliard de dollars. Le quotidien Le Devoir affirme mardi que le patron du CUSM a agi dans l'illégalité en 2010 en fondant une entreprise avec Philippe Couillard.

« [C'est un] manque de jugement. S'associer avec un DG d'un grand hôpital pour faire du développement d'affaires dans une entreprise, donc ça veut dire que M. Couillard était d'accord que M. Porter ne consacre pas 100 % de ses énergies à gérer l'hôpital », a déclaré François Legault.

Le chef de la CAQ a ajouté que le chef libéral, contrairement à lui, ne voulait pas abolir les commissions scolaires et les agences de santé et de services sociaux.

François Legault a affirmé que Philippe Couillard n'avait rien d'autre à proposer qu'un non à un référendum.

Arrêter le développement éolien

Dans le cadre de sa promesse de créer une « charte des contribuables » et de limiter les hausses annuelles d'impôt, de taxes ou de tarifs à l'inflation, François Legault a expliqué qu'il suspendrait le développement de la filière éolienne, jusqu'à ce que sa rentabilité soit démontrée, pour permettre de réduire la hausse annoncée des tarifs d'électricité de 4,3 % à 2,2 %.

Selon M. Legault, Hydro-Québec prévoit être en surplus d'électricité jusqu'en 2027, mais investit 200 000 $ par emploi créé dans l'éolien, alors que le salaire annuel moyen au Québec est de 48 000 $.

À ce sujet, le chef de la CAQ a visé autant les libéraux que les péquistes. Il a accusé Philippe Couillard de vouloir « acheter des votes dans certaines régions du Québec » en maintenant certains projets de minicentrales, par exemple. Il a aussi affirmé que le candidat péquiste Pierre Karl Péladeau, président du conseil d'administration d'Hydro-Québec, n'avait « pas réussi à se tenir debout devant ce lobby de l'éolien ».

Le sondage en bref

Même s'il passe derrière le PLQ, le PQ conserve 43 % des intentions de vote des francophones, 13 points devant le PLQ.

Par ailleurs, 64 % des répondants ne désirent pas que le PQ aille de l'avant avec un référendum sur la souveraineté, même si 67 % sont persuadés qu'un gouvernement Marois majoritaire en tiendrait un.

Le week-end dernier, un sondage Léger Marketing réalisé pour Le Devoir et le Globe and Mail plaçait le PQ et le PLQ nez à nez dans les intentions de vote, à 37 % (la CAQ obtenait 14 % et QS, 9 %). La semaine dernière, un autre sondage CROP-Radio-Canada plaçait aussi le PQ et le PLQ à égalité, à 36 %, et donnait 17 % à la CAQ et 8 % à QS.

Le dernier sondage CROP-La Presse a été réalisé du 12 au 16 mars au moyen d'un panel web, auprès de 1400 Québécois. Les résultats ont été pondérés pour refléter la distribution de la population adulte du Québec selon le sexe, l'âge, la région, la langue maternelle et le niveau de scolarité des répondants. Le calcul de la marge d'erreur ne s'applique pas, compte tenu du caractère non probabiliste de l'échantillon.

INOLTRE SU HUFFPOST

La campagne électorale en images