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Au Nigeria, une conférence nationale s'ouvre pour renforcer l'unité

Au Nigeria, une conférence nationale s'ouvre pour renforcer l'unité

Le président nigérian Goodluck Jonathan a inauguré lundi à Abuja une conférence nationale, appelant les participants à aborder les grands maux du Nigeria pour construire une nation plus forte et plus unie.

Cinq cent délégués censés représenter toutes les composantes ethniques, religieuses et linguistiques du pays le plus peuplé d'Afrique doivent débattre dans les trois prochains mois de l'avenir de leur Nation.

Les violences du groupe islamiste Boko Haram, la corruption endémique dans le secteur pétrolier et la lutte contre la pauvreté, devraient notamment figurer parmi les grands thèmes abordés.

Au moment où certains se posent la question de savoir si le nord et le sud du Nigeria, rassemblés en un seul pays il y a cent ans par le colonisateur britannique, devraient à nouveau être séparés, le président Jonathan a rappelé plusieurs fois dans son discours lundi que le mot d'ordre de cette conférence était l'unité nationale.

"Nous devons adopter un nouvel état d'esprit d'unité nationale. L'heure est venue de cesser de voir le Nigeria comme un pays composé de plusieurs groupes et religions", a-t-il déclaré.

Pour M. Jonathan, cette conférence est l'opportunité de construire "des bases plus solides pour un développement plus rapide" dans le but de créer "une nation plus unie, plus forte et plus progressiste".

Si la partition du pays n'est pas d'actualité la presse nigériane dressait lundi le portrait d'un pays "en décomposition".

"L'avenir du Nigeria est dans la balance alors que les débats commencent" titrait le New Telegraph, estimant, dans son éditorial, que le pays est en train de "glisser progressivement vers la désintégration".

"Cinquante ans après (l'indépendance, en 1960), le pays reste une terre de misère et de violence, malgré son potentiel gigantesque", écrivait le quotidien nigérian.

Selon Punch, un autre quotidien, la période qui a suivi la fin des dictatures militaires et le retour à lé démocratie, en 1999, a été remplie de déceptions et de désillusions.

Les Nigérians sont "plus divisés que jamais, au niveau ethnique, politique et religieux" et la violence et la corruption donnent l'impression d'un "Etat en décomposition", selon le Punch.

Le Nigeria, deuxième puissance économie d'Afrique et premier producteur de pétrole du continent, est divisé entre un Nord majoritairement musulman et un Sud principalement chrétien.

Au delà de cette fracture, le pays est une véritable mosaïque ethnique et linguistique, qui s'ajoute aux disparités économiques et sociales entre les régions créant de nombreuses tensions, et menant souvent à la violence.

Aucun régime, civil ou militaire, n'a jamais pris la responsabilité d'aborder les dissensions historiques entre les différents groupes ethniques.

Aujourd'hui, pour certains observateurs, le Nigeria, gangrené par une corruption endémique, mal gouverné, en manque d'infrastructures, en proie à des attaques sanglantes, pourrait avoir atteint un point critique, alors que les écarts de richesse ne cessent de se creuser entre ses 170 millions d'habitants.

Dans ce contexte, la Conférence nationale représente un élément essentiel du processus démocratique, en donnant la parole à tous et non seulement à l'élite, disent ses défenseurs.

Mais pour l'opposition, il s'agit d'un exercice sans intérêt et l'argent de cette conférence serait plus utile s'il allait à l'éducation, la santé ou la lutte contre la pauvreté.

Aussi, la conférence nationale n'est pas souveraine, comme ce fut le cas dans de nombreux pays africains au moment de l'avènement du multipartisme, dans les années 1990: Elle n'a qu'un rôle consultatif et toutes les décisions devront ensuite être entérinées par le parlement.

Cela a suscité des débats, certains considérant que les conclusions de la conférence doivent faire l'objet d'un référendum et non être soumis aux députés.

Cela conforte des commentateurs politiques dans l'idée que de telles conférences ne sont qu'un ensemble de promesses creuses, à un an des prochaines élections générales.

"Les délégués devront choisir s'ils veulent prendre part à une monumentale perte de temps (...) ou s'ils veulent se résoudre à changer, pour le mieux, le destin et l'avenir de la population noire la plus importante au monde", écrit Punch.

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