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Ukraine: le Maïdan veut reprendre la Crimée, mais ne croit pas à la guerre

Ukraine: le Maïdan veut reprendre la Crimée, mais ne croit pas à la guerre

"La guerre, il n'y en aura pas, mais si elle vient, on gagnera" : Vassyl, 19 ans, membre de la 1ère brigade d'autodéfense du Maïdan, ne craint pas la Russie, dont les troupes occupent la Crimée et se rassemblent aux frontières est de l'Ukraine.

"On ne veut pas la guerre, mais on se battra, la Russie est peut-être plus forte militairement, mais l'esprit est plus fort chez nous", proclame le jeune homme grand et maigre portant un treillis vert, depuis trois mois sur le Maïdan.

"Et les Cosaques sont de notre côté, s'enflamme son camarade Grigori. Les Cosaques se battent jusqu'au bout".

Au soir de ce dimanche du référendum devant pousser la Crimée dans les bras de la Russie, le Maïdan de Kiev est balayé par un vent froid qui lève des vaguelettes à la surface des flaques d'eau noire, apparues là d'où les pavés ont été arrachés lors des affrontements sanglants du mois dernier.

Plus d'une centaine de personnes se tiennent au garde-à-vous lorsque retentit l'hymne national - "La gloire et la liberté de l'Ukraine ne sont pas mortes, la fortune nous sourira encore" - et nombre d'entre elles joignent leurs voix à celles du choeur enregistré, reprenant les paroles qui semblent tout d'un coup écrites pour l'occasion.

En cas d'événements dramatiques, on diffuse l'hymne toutes les heures, explique Andriï Potapov, directeur artistique dans une agence de publicité venu avec son amie.

"Nous sommes tous prêts à nous battre pour la Crimée", dit le jeune homme, dont plusieurs amis ont déjà reçu leur feuille de route. "J'ai très peur qu'on ne l'appelle", reconnaît son amie, une petite blonde frêle.

Sur le podium, un jeune orateur en pull gris prend le micro. Une organisation, SOS Crimée, veut venir en aide tant aux compatriotes quittant la péninsule qu'à ceux qui y restent. Il invite le public à trouver les coordonnées de l'organisation sur Facebook pour que ceux qui peuvent recevoir chez eux les réfugiés puissent se manifester.

Devant une grande tente portant l'inscription Odessa - la plupart des villes et régions de l'Ukraine sont représentées ainsi sur le Maïdan - quatre hommes d'âge moyen discutent avec animation.

"La guerre, nous y pensons, mais en espérant qu'on l'évitera", dit Anatoli Istratov, veste de cuir et barbe de trois jours, depuis trois mois sur le Maïdan.

"La Crimée ? Les Russes y sont déjà et ils y resteront", pense-t-il.

Pour faire retomber les mouvements séparatistes pro-russes dans l'Est, "il faut fermer la frontière et nous appuyer sur l'Otan", poursuit le quadragénaire qui se présente comme juriste et parle une langue châtiée, citant abondamment des articles de la Constitution.

Car si les nouvelles autorités ukrainiennes ne se montrent pas assez fermes, "il faudra lancer des actions radicales du Maïdan", prévoit-il.

Son camarade, lui aussi d'Odessa, Iouri Koudrienko, visage bronzé et longs cheveux blancs noués en queue de cheval, s'inquiète de la puissance de la propagande russe. Disant revenir d'une tournée à Moscou, Omsk et Tioumen, il ne décolère pas contre les télévisions russes qui "pompent des mensonges dans la tête des gens, qui font de nous des fascistes, des partisans de Bandera" (Stepan Bandera, leader nationaliste controversé ayant collaboré avec l'Allemagne nazie).

Mais il ne croit pas à la guerre. "Nous nous disons +avos+ (vieille parole slave voulant dire en substance +peut être ça passera+), mais s'il faut se battre, on se battra".

"Nous ne sommes pas portés à la confrontation, ce n'est pas notre caractère national", explique-t-il.

Comme pour faire écho à ses paroles, la sono du podium fait suivre une chanson de pop patriotique ukrainien par une belle ballade de Vladimir Vyssotski, le légendaire barde et acteur russe.

via/neo/ai

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