Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Les Ukrainiens de Crimée plébiscitent un rattachement à la Russie

Les Ukrainiens de Crimée plébiscitent un rattachement à la Russie

Les Ukrainiens de Crimée ont plébiscité dimanche le rattachement de la péninsule à la Russie au terme d'un scrutin qui a mis en lumière le divorce profond entre Russes et Occidentaux et réveillé les appétits des séparatistes de l'Est de l'Ukraine.

"93% des habitants de la Crimée se sont prononcés pour le rattachement à la Russie, 7% se sont prononcés pour le statut autonome de la Crimée au sein de l'Ukraine", selon un sondage diffusé par les autorités séparatistes de la Crimée. Selon la Commission électorale, le taux de de participation était de 81%.

Le Premier-ministre séparatiste Serguiï Axionov a immédiatement salué une décision "historique". "Merci à tous ceux qui ont participé au référendum et ont fait leur choix. Aujourd'hui nous avons pris une décision très importante qui rentrera dans l'histoire", a déclaré M. Axionov sur son compte Twitter.

A Washington, la Maison Blanche a sans surprise rejeté le référendum et accusé Moscou d'actes "dangereux et déstabilisants".

Londres a qualifié le scrutin de "farce", suivi par Paris qui a raillé un scrutin "sous la menace des forces d'occupation russes".

Dès l'annonce du sondage à la sortie des bureaux de vote qui devrait être confirmé par les premiers résultats officiels à 22H30 (20H30 GMT), des milliers de personnes sont descendues dans la rue à Simféropol, la capitale de la Crimée, et Sébastopol qui abrite la flotte russe de la mer Noire, pour fêter la victoire jouée d'avance du rattachement de la péninsule à la Russie, ont constaté des journalistes de l'AFP.

A Simféropol, les partisans de Moscou agitaient des drapeaux russes et ceux de la Crimée au rythme d'un concert. A Sébastopol, des milliers de personnes faisaient de même avec force alcool et en scandant "Sé-bas-to-pol" et "Ru-ssie" devant des artistes exécutant des danses traditionnelles russes.

Le Premier ministre Sergueiï Axionov a annoncé que la république demanderait officiellement dès lundi son rattachement à la Russie au cours d'une session extraordinaire du Parlement. Des députés se rendront le même jour en Russie.

Le référendum, présenté comme un exercice de démocratie populaire par les autorités séparatistes et par Moscou, se déroulait en présence de milliers de soldats russes qui contrôlent la région depuis deux semaines aux côtés de milices séparatistes.

L'Union européenne a averti qu'elle mettrait ses menaces à exécution dès lundi en établissant une liste noire de responsables russes et ukrainiens pro-russes visés par des sanctions.

Bien loin de la crise diplomatique qui se joue entre Russes et Occidentaux, à Sébastopol les électeurs ont afflué massivement aux urnes.

A Bakhtchissaraï, "capitale" de la communauté musulmane tatare de la Crimée dont les leaders ont appelé à boycotter la consultation, on ne voyait guère de Tatars dans les rues. Seuls les Ukrainiens d'origine russe votaient avec enthousiasme, ravis de se débarrasser bientôt de leur passeport ukrainien et espérant vivre mieux avec les subventions de Moscou.

Alors que des troupes russes et des milices pro-russes sont déployées en Crimée, les 1,5 million d'électeurs de cette république autonome étaient invités à choisir entre l'intégration à la Russie et une autonomie élargie au sein de l'Ukraine.

Dans une péninsule majoritairement peuplée d'Ukrainiens d'origine russe, rattachée il y a soixante ans sur décision de Nikita Khrouchtchev à une Ukraine qui a toujours semblé lointaine à de nombreux habitants, une écrasante majorité s'est prononcée, selon un sondage, en faveur d'une union formelle avec la Fédération de Russie.

A Sébastopol, Aleftina Klimova, née en Russie, a eu du mal à trouver le sommeil. "Je m'attendais à ce que les Etats-Unis, la France, eux tous, soient contre. Je craignais pour (le président russe Vladimir) Poutine. Mais il a su résister", a-t-elle poursuivi.

La question posée donnait aux électeurs le choix entre "la réunification avec la Russie en tant que membre de la Fédération de Russie" ou le retour à un statut, datant de 1992 et jamais appliqué, d'autonomie élargie à l'égard de Kiev.

Les autorités sécessionnistes sont arrivées au pouvoir à Simféropol après la destitution à Kiev, le 22 février, du président pro-russe Viktor Ianoukovitch et à la faveur d'un coup de force organisé par des civils pro-russes en armes et des milliers de soldats russes.

Venus de la base maritime de Sébastopol, à la pointe sud de la péninsule puis entrés en Crimée en colonnes de blindés depuis le territoire russe, ils assiégeaient dans les bases militaires et les lieux stratégiques de la péninsule les soldats ukrainiens restés fidèles aux autorités de Kiev.

Kiev, l'homme de la rue - ou plutôt du Maïdan (place de l'Indépendance) - n'en craint pas moins la guerre.

"C'est une possibilité", dit un membre des groupes d'autodéfense du Maïdan, Vasyl Petrachthouk. "Poutine verra que nous ne sommes pas prêts à nous écarter de son chemin. Aujourd'hui il prend la Crimée, demain il voudra prendre Donetsk, Kharkiv, pas à pas. Il veut rétablir l'Union soviétique".

Dans l'est du pays, des manifestants pro-russes, encouragés par le référendum séparatiste, ont procédé à une démonstration de force dans les grandes villes industrielles en passe de devenir de nouveaux "points chauds".

A Donetsk, ancien fief du président Viktor Ianoukovitch destitué fin février, des manifestants pro-russes ont ainsi pénétré dans les sièges du parquet et des services spéciaux (SBU).

A Kharkiv, l'ancienne capitale de l'Ukraine, 6.000 partisans de Moscou ont organisé malgré l'interdiction de la justice un meeting-référendum pour plus d'autonomie et pour la "souveraineté" de la langue russe.

Les organisateurs ont distribué des "bulletins" en faveur de la "fédéralisation économique" et "la souveraineté linguistique" qu'il fallait remplir et glisser dans un sac en plastique.

Des milliers de pro-Russes ont ensuite marché vers les bureaux d'organisations nationalistes devant l'entrée desquels ils ont brûlé drapeaux, livres et tracts.

bur-neo-via/kat/sym

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.