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A Yabroud, les soldats syriens savourent leur victoire

A Yabroud, les soldats syriens savourent leur victoire

Sur la place principale de Yabroud, assis devant un globe posé sur quatre lions en ciment, peint aux couleurs de la révolution, trois soldats syriens savouraient dimanche leur conquête de cet ancien bastion rebelle stratégique, proche du Liban.

Les traits tirés et les yeux brillants de fatigue, leurs pistolets-mitrailleurs posés à côté d'un narguilé, ils racontent à l'AFP l'âpreté du combat remporté quelques heures plus tôt.

"Ce fut la bataille la plus dure et il a fallu d'abord s'emparer de chaque colline qui dominait la localité avant de pouvoir la capturer", affirme Abou Ammar, un soldat aguerri.

A côté de lui, Abou Mohammad acquiesce. "Vous voyez la centaine de soldats qui déambulent sur cette place? Eh bien, multipliez les par deux et vous aurez le nombre des francs-tireurs postés dans les immeubles, les maisons, les usines. Ce fut vraiment dur".

Un officier sur place, qui ne veut pas donner son nom, assure que la prise samedi du mont Maroun, dominant la ville et dont les rebelles avaient fait leur place forte, a marqué le tournant de la bataille.

"Samedi, nous avons pénétré par l'est jusqu'au complexe sportif puis dimanche à 10H00 (08H00 GMT) nous avons terminé le travail", dit-il.

Les murs de ce bâtiment sont couverts de slogans des rebelles. "Nous appartenons à l'Oumma (nation musulmane) et Mahomet est son chef. Nous ne nous agenouillerons que devant Dieu", clame un graffiti alors qu'un autre assure "l'Armée libre (ASL, première coalition rebelle formée en 2011 et marginalisée depuis) vous protège. Ôtez vos chaussures car la terre de Yabroud est gorgée de notre sang".

Aucun civil n'est visible dans cette ville qui comptait avant le début du soulèvement il y a trois ans 30.000 habitants, dont 90% de sunnites et 10% de chrétiens.

Soldats syriens, miliciens, partisans du régime et combattants du Hezbollah libanais, vêtus d'uniformes différents, profitaient de la brève accalmie avant de continuer l'offensive.

La ville porte les balafres de la guerre: câbles électriques pendants, verre brisé sur la chaussée, façades perforées par des obus et toits aplatis par l'aviation.

"Les prochaines étapes, ce sont Ras el-Maarra, Flita, Rankous. Ensuite la frontière avec le Liban sera hermétiquement fermée et aucun terroriste ne pourra plus passer", affirme un commandant. Le régime emploie le mot "terroriste" pour désigner tous les rebelles.

Mais la prise de Yabroud, pilonnée depuis des mois, est en soi très importante, estime le géographe français spécialiste de la Syrie Fabrice Balanche.

"C'était la dernière grande ville de la région montagneuse de Qalamoun entre les mains des rebelles. Elle se trouve à moins de 10 km de l'autoroute Damas-Homs et représentait une menace pour la sécurité de cet axe", dit-il.

Le Hezbollah assure que c'est dans cette ville que les rebelles piégeaient des voitures pour les faire exploser dans ses bastions au Liban en passant par la ville frontalière sunnite d'Aarsal.

Selon le commandant syrien, trois jours avant le lancement de l'offensive finale, des accrochages ont eu lieu entre des rebelles qui voulaient se rendre voyant la partie perdue, et les jihadistes du Front al-Nosra qui entendaient se battre jusqu'au bout.

"Nous avons tué leurs principaux chef et ils ont été totalement déroutés. Un grand nombre des rebelles ont été tués, d'autres ont été capturés et certains se sont enfuis", ajoute-t-il.

Un combattant local d'Al-Nosra a expliqué sur sa page Facebook que la plupart des rebelles s'étaient retirés de la ville par surprise, laissant les jihadistes combattre seuls toute la matinée de dimanche.

Le grondement des avions et le bruit sourd des explosions résonnent par intermittence dans la ville. La télévision syrienne a affirmé que l'armée visait désormais les rebelles fuyant vers Aarsal.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme a décompté six personnes tuées par ces raids, dont deux enfants.

Par moment, c'est le crépitement d'armes automatiques qui se fait entendre: des soldats tirant en l'air pour marquer leur victoire.

sk/cnp

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