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Ukraine: montée des tensions avant le référendum en Crimé, deux morts à Kharkiv

Ukraine: montée des tensions avant le référendum en Crimé, deux morts à Kharkiv

La crise ukrainienne a fait encore deux morts dans la nuit à Kharkiv, un bastion russophone de l'est du pays secoué par des tensions entre nationalistes ukrainiens et partisans de Moscou à la veille du référendum de dimanche sur le rattachement de la Crimée à la Russie.

A Simféropol, la capitale de la Crimée, le "Premier ministre" et "commandant en chef autoproclamé", Serguiï Axionov, a versé de l'huile sur le feu en appelant vendredi les russophones à suivre son exemple et à organiser des référendums pour demander leur intégration à la Russie.

L'échec vendredi à Londres de la rencontre de la dernière chance entre les chefs de la diplomatie russe et américain, Sergueï Lavrov et John Kerry, a encore réduit l'espoir pour Kiev d'empêcher la sécession de la Crimée et le développement de mouvements séparatistes pro-russes dans les régions voisines, parallèlement aux déploiements de troupes russes pour des manoeuvres aux frontières de l'Ukraine.

Symboliquement, la Russie a marqué un point dans son face à face avec l'Occident, en annonçant vendredi qu'un drone américain de reconnaissance parti d'une base en Ukraine, avait été intercepté électroniquement à haute altitude au-dessus de la Crimée. Ses communications avec la base coupées, il a été récupéré par les milices pro-russes à son atterrissage dans la péninsule.

Mais c'est vers Kharkiv, un centre industrielle important de l'est du pays, que les regards se tournent après la mort d'un militant pro-russe et d'un passant tués dans la nuit lors d'une fusillade entre nationalistes radicaux et militants pro-russes.

Les militants pro-russes affirment avoir été la cible de tirs alors qu'ils étaient rassemblés dans le centre de la ville. Selon la police, il s'agissait de tirs d'armes non létale. Les partisans de Moscou ont alors tenté d'entrer dans un bâtiment où se trouvait le groupe de personnes qu'ils soupçonnaient d'avoir ouvert le feu. Les occupants du bâtiment ont alors ouvert le feu, a ajouté la police sans indiquer si les pro-russes avaient riposté.

Cinq personnes ont été blessées, dont un policier, grièvement atteint, toujours selon la source policière.

Le bâtiment attaqué abritait les locaux d'un groupe radical, le Patriote de l'Ukraine, affilié au mouvement paramilitaire d'extrême droite Pravy Sektor en pointe sur les barricades à Kiev.

Une trentaine de membres du groupuscule ont fini par se rendre aux forces de l'ordre après plusieurs heures de siège, relâchant les trois otages pris au courant de la nuit, dont un policier.

Moscou a réagi rapidement à la fusillade de Kharkiv, le ministre russe chargé des droits de l'Homme Konstantin Dolgov appelant l'Ukraine à déclarer les groupes nationalistes hors-la-loi.

Ce nouvel incident meurtrier survient après la mort d'un manifestant pro-Kiev à Donetsk jeudi, poignardé lors de heurts avec des militants pro-russes.

Des groupes pro-russes s'apprêtaient à manifester à nouveau samedi et dimanche dans les bastions russophones de l'Est.

A l'étranger, les Occidentaux prévoient différentes initiatives de soutien à l'Ukraine après leur échec à infléchir la stratégie de Vladimir Poutine. Ce dernier arrêtera sa position face à l'Ukraine seulement après le référendum, a indiqué John Kerry.

L'Union européenne doit signer vendredi le volet politique de l'accord d'association avec l'Ukraine, en marge de son sommet tenu à Bruxelles, a annoncé le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk, après avoir rencontré le président du Conseil européen Herman Van Rompuy. Le volet économique, dont l'application pourrait être difficile pour certaines entreprises ukrainiennes, doit être signé "plus tard".

De son côté, le vice-président américain Joe Biden se rendra en début de semaine prochaine en Pologne et en Lituanie pour des consultations avec Varsovie et les pays baltes.

Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a estimé que le "moment était venu" pour l'Union européenne d'adopter des sanctions plus sévères contre la Russie.

Les membres du Conseil de sécurité de l'ONU devaient se réunir samedi matin en urgence pour voter une résolution dénonçant le référendum en Crimée. Des diplomates s'attendent à ce que la Russie mette son veto au texte.

Alors que de nombreux Ukrainiens pensent que la Russie ne s'arrêtera pas aux frontières de la Crimée et que les milliers de soldats russes massés de l'autre côté de la frontière ne sont pas simplement là pour mener des exercices militaires, Sergueï Lavrov a indiqué que son pays "n'a pas et ne peut avoir le projet d'envahir le Sud-Est de l'Ukraine".

Selon des sources européennes, l'Union européenne étudie des sanctions contre un nombre "limité" mais "politiquement significatif" d'une trentaine de personnalités jugées responsables de l'intervention russe en Ukraine.

En Crimée, la minorité tatare pourtant discrète depuis l'arrivée des forces russes crie de plus en plus fort son attachement à l'Ukraine après l'appel au boycottage du référendum lancé par leur leader historique Moustafa Djemilev dans une interview à l'AFP.

bob-via/kat/ros

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