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Ukraine: montée des tensions avant le référendum en Crimée, deux morts à Kharkiv

Ukraine: montée des tensions avant le référendum en Crimée, deux morts à Kharkiv

La crise ukrainienne a fait encore deux morts dans la nuit à Kharkiv, un bastion russophone de l'est du pays secoué par des tensions entre nationalistes ukrainiens et partisans de Moscou à la veille du référendum de dimanche sur le rattachement de la Crimée à la Russie.

A Moscou, pour la première fois depuis la prise de contrôle de la Crimée par des forces russes fin février, les Russes sont descendus en masse dans la rue pour protester contre la politique en Ukraine du président russe Vladimir Poutine. Des dizaines de milliers de manifestants ont dénoncé l'"occupation" de la Crimée, une mobilisation de grande ampleur inattendue au coeur de Moscou.

L'échec la veille à Londres de la rencontre de la dernière chance entre le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le secrétaire d'Etat américain John Kerry a toutefois considérablement réduit l'espoir pour Kiev d'empêcher la sécession de la Crimée et le développement de mouvements séparatistes pro-russes dans les régions voisines, parallèlement aux déploiements de troupes russes pour des manoeuvres aux frontières de l'Ukraine.

Et à Simféropol, la capitale de la Crimée, le "Premier ministre" Serguiï Axionov avait versé vendredi de l'huile sur le feu en appelant les russophones à suivre son exemple et à organiser des référendums pour demander leur intégration à la Russie.

Symboliquement, la Russie a marqué un point dans son face à face avec l'Occident, en annonçant vendredi qu'un drone américain de reconnaissance parti d'une base en Ukraine, avait été intercepté électroniquement à haute altitude au-dessus de la Crimée. Ses communications avec la base coupées, il a été récupéré par les milices pro-russes à son atterrissage dans la péninsule.

Mais c'est vers Kharkiv, un centre industrielle important de l'est du pays, que les regards se tournent après la mort d'un militant pro-russe et d'un passant tués dans la nuit lors d'une fusillade entre nationalistes radicaux et militants pro-russes.

Les pro-russes affirment avoir été la cible de tirs alors qu'ils étaient rassemblés dans le centre de la ville. Selon la police, il s'agissait de tirs d'armes non létale. Les partisans de Moscou ont alors tenté d'entrer dans un bâtiment où se trouvait le groupe de personnes qu'ils soupçonnaient d'avoir tiré. Les occupants du bâtiment ont alors ouvert le feu, a ajouté la police sans indiquer si les pro-russes avaient riposté.

Cinq personnes ont été blessées, dont un policier, grièvement atteint, toujours selon la source policière.

Le bâtiment attaqué abritait les locaux d'un groupe radical, le Patriote de l'Ukraine, affilié au mouvement paramilitaire d'extrême droite Pravy Sektor en pointe sur les barricades à Kiev.

Une trentaine de membres du groupuscule ont fini par se rendre aux forces de l'ordre après plusieurs heures de siège, relâchant les trois otages pris au cours de la nuit, dont un policier.

Au Parlement, le président par intérim Olexandre Tourtchinov a accusé la Russie et son "réseau d'agents du Kremlin qui organisent et financent depuis longtemps des provocations qui conduisent à des meurtres".

Le porte-parole de Pravy Sektor, Artem Skorovadski, a pour sa part dénoncé une "provocation planifiée" et a fustigé ceux qui cherchent à présenter les militants de Pravy Sektor comme des "pillards terrifiants".

Moscou avait auparavant réagi à la fusillade en appelant Kiev à déclarer les groupes nationalistes hors-la-loi.

Ce nouvel incident meurtrier survient après la mort d'un manifestant pro-Kiev à Donetsk jeudi, poignardé lors de heurts avec des militants pro-russes.

Les partisans d'un rapprochement avec Moscou manifestent à nouveau samedi et dimanche dans les bastions russophones de l'Est faisant craindre des heurts.

A l'étranger, les Occidentaux prévoient différentes initiatives de soutien à l'Ukraine après leur échec à infléchir la stratégie de Vladimir Poutine. Ce dernier arrêtera sa position face à l'Ukraine seulement après le référendum, a indiqué John Kerry.

L'Union européenne doit signer vendredi le volet politique de l'accord d'association avec l'Ukraine, en marge de son sommet tenu à Bruxelles. Le volet économique, dont l'application pourrait être difficile pour certaines entreprises ukrainiennes, doit être signé "plus tard".

De son côté, le vice-président américain Joe Biden se rendra en début de semaine prochaine en Pologne et en Lituanie pour des consultations avec Varsovie et les pays baltes.

Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a estimé que le "moment était venu" pour l'Union européenne d'adopter des sanctions plus sévères contre la Russie.

Selon des sources européennes, l'Union européenne étudie des sanctions contre un nombre "limité" mais "politiquement significatif" de personnalités -- une trentaine -- jugées responsables de l'intervention russe en Ukraine.

Les membres du Conseil de sécurité de l'ONU devaient se réunir samedi en urgence pour voter une résolution dénonçant le référendum en Crimée. Des diplomates s'attendent à ce que la Russie mette son veto au texte.

Alors que de nombreux Ukrainiens pensent que la Russie ne s'arrêtera pas aux frontières de la Crimée et que les milliers de soldats russes massés de l'autre côté de la frontière ne sont pas simplement là pour mener des exercices militaires, Sergueï Lavrov a indiqué que son pays "n'a pas et ne peut avoir le projet d'envahir le Sud-Est de l'Ukraine".

Le président ukrainien par intérim a lui décrit une "situation très dangereuse". "Nous faisons face à des menaces d'invasion du territoire ukrainien", a-t-il martelé.

bob-kat/pt

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