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Une BCE sur la défensive face à la hausse de l'euro

Une BCE sur la défensive face à la hausse de l'euro

La Banque centrale européenne (BCE), sur la défensive, a multiplié les interventions cette semaine pour tenter de contenir la hausse de l'euro qui menace de peser sur une inflation déjà faible en zone euro.

Depuis jeudi dernier et la décision de la BCE de maintenir son principal taux directeur inchangé à 0,25%, l'euro a atteint presque 1,40 dollar. Ce niveau inconfortable est une conséquence de la déception des marchés, qui attendaient une baisse de taux malgré les signes avant-coureurs contraires distillés par la BCE.

Son président, Mario Draghi, a expliqué que cette décision était la conséquence des nouvelles positives en provenance de l'économie. Il ne perçoit en outre pas pour la zone euro de danger de déflation, synonyme de paralysie économique. Il a répété que les taux continueraient de rester bas pour longtemps, afin de soutenir la croissance, sans cacher une certaine inquiétude sur les conséquences du niveau des changes sur l'inflation.

Mais "les marchés ont -comme on pouvait s'y attendre- ignoré" ce message, soulignaient vendredi matin les analystes de Commerzbank, au lendemain d'une nouvelle intervention de M. Draghi clairement destinée à freiner la hausse de la monnaie unique.

Jeudi soir, à Vienne, le responsable monétaire a déclaré que le renchérissement de l'euro ces derniers mois avait "un effet important" sur le niveau de l'inflation, et que compte tenu du niveau actuel de la hausse des prix -0,8% en février, soit loin de l'objectif de la BCE de la maintenir proche de 2%- le taux de change "(devenait) de plus en plus pertinent dans notre évaluation de la stabilité des prix".

Il a aussi assuré que tout risque "matériel" de décrochage de l'inflation serait "contré". Des propos qui ont immédiatement porté leurs fruits.

Avant l'intervention de M. Draghi, plusieurs directeurs de l'institution monétaire de Francfort étaient déjà montés au créneau pour défendre le statu quo observé, et répéter qu'elle se tenait aux aguets en cas de signe de détérioration.

Mardi, Sabine Lautenschläger déclarait que la BCE n'était pas complaisante et qu'elle agirait si nécessaire. Mercredi, Peter Praet affirmait qu'elle avait "une vision claire" de la situation tandis que Benoît Coeuré répétait "ne pas voir de scénario déflationniste" avec une inflation dont il est prévu qu'elle revienne progressivement à un niveau proche de 2%.

Il est évident que "les responsables de la BCE ne veulent pas que l'euro dépasse le seuil des 1,40 dollar", a commenté Greg Anderson, responsable de la stratégie du marché des changes à BMO.

Pour Sylvain Broyer, économiste chez Natixis, si c'était le cas, "cela pointerait vers une baisse de taux" lors de la prochaine réunion du conseil des gouverneurs, début avril.

"Or ils n'en ont pas envie car ils veulent garder des cartouches", par exemple pour une aggravation de la crise russo-ukrainienne ou de mauvaises nouvelles du côté de la conjoncture chinoise, explique l'économiste.

Le taux directeur de la BCE est déjà très bas, ce qui lui laisse peu de marge de manoeuvre pour agir dans ce domaine.

Holger Schmieding, chef économiste de la banque Berenberg, estime qu'une baisse de taux ne s'imposait de toute façon pas en mars en regard de l'affermissement de la croissance en zone euro et du reflux du chômage.

"Non, la BCE n'est pas trop optimiste", ajoute-t-il, jugeant que "l'inflation est sur le point d'atteindre son plancher".

Sylvain Broyer estime qu'"il y a une très mauvaise lecture du marché des intentions de la BCE et de l'évolution de la conjoncture de la zone euro".

Mais désormais "la BCE a redirigé les marchés sur la bonne voie", de l'avis d'Holger Schmieding.

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