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Ukraine: réunion Kerry-Lavrov de la dernière chance, sous la pression accrue des Russes

Ukraine: réunion Kerry-Lavrov de la dernière chance, sous la pression accrue des Russes

A 48 heures du référendum sur le rattachement de la péninsule ukrainienne de Crimée à la Russie, Américains et Européens tentent une dernière fois d'infléchir la position du Kremlin, qui accentue la pression et fait manoeuvrer ses troupes aux portes de l'Ukraine.

La rencontre de la dernière chance entre le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a débuté vendredi à Londres.

Peu auparavant, la Russie, qui a déjà pris le contrôle de la Crimée au sud, et a lancé de vastes manoeuvres militaires près de la frontière est de l'Ukraine, a jeté un froid en déclarant qu'elle se réservait le droit de se porter au secours de ses "concitoyens et compatriotes en Ukraine", après des heurts qui ont fait un mort jeudi soir à Donetsk, dans l'est du pays.

Des experts à Moscou ont jugé qu'il s'agissait pour l'instant surtout d'augmenter la pression, en pleine négociation à Londres.

C'est la quatrième fois en une semaine que John Kerry retrouve son homologue russe pour tenter de dissuader Moscou de procéder au rattachement de la Crimée.

Mais la Russie a clairement dit son intention d'aller de l'avant, en appelant l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à envoyer des observateurs au référendum prévu dimanche. La demande russe a peu de chances d'aboutir, l'OSCE ayant jugé à l'avance le scrutin "illégal".

Berlin a appuyé de nouveau cette position vendredi, soulignant que le résultat du référendum serait "sans signification".

Avant de quitter jeudi soir Washington, John Kerry a averti Vladimir Poutine que les Etats-Unis et l'Union européenne étaient prêts à prendre "une série de mesures très sérieuses" dès lundi, au lendemain du référendum, contre Moscou.

Selon le quotidien allemand Bild, treize des plus hauts responsables politiques et économiques russes pourraient être interdits d'entrer aux Etats-Unis et dans les pays de l'Union européenne. Citant des diplomates à Washington et Bruxelles, le journal allemand avance notamment les noms du ministre de la Défense Sergueï Choïgou, du patron du contre-espionnage FSB (ex-KGB), ainsi que les patrons des géants publics gazier et pétrolier Gazprom et Rosneft.

Mais c'est la mort d'un Ukrainien de 22 ans, partisan de l'unité de l'Ukraine et poignardé jeudi soir lors de heurts avec des sympathisants de la Russie à Donetsk, qui suscite désormais toutes les attentions sur de possibles incidents durant le week-end.

L'Est russophone, notamment les bastions industriels de Donetsk et Kharkiv, est secoué ces dernières semaines par des mouvements sécessionnistes. Après la mort du manifestant, le premier depuis la prise de contrôle fin février par les forces russes de la Crimée, le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov a accusé "les militants séparatistes envoyés de l'extérieur qui ont provoqué cette bagarre".

"Pour eux et leurs maîtres au Kremlin la vie humaine qu'ils prétendent protéger ne vaut rien", a-t-il fustigé.

A Kiev et à Donetsk, de nombreux Ukrainiens pensent que la Russie ne s'arrêtera pas aux frontières de la Crimée. Et que les milliers de soldats russes massés de l'autre côté de la frontière ne sont pas simplement là pour mener des exercices militaires.

A Kiev, l'ancien candidat républicain à la présidence des Etats-Unis John McCain et le secrétaire général adjoint de l'ONU Ivan Simonovic, devaient rencontrer les nouvelles autorités ukrainiennes pour les assurer de leur soutien à une solution politique du conflit.

En Crimée, la minorité tatare plutôt discrète depuis l'arrivée des forces russes est descendue dans la rue aux cris de "Soldats russes, rentrez chez vous" au lendemain de l'appel au boycott du référendum lancé par leur leader historique Moustafa Djemilev dans une interview à l'AFP.

Brandissant des drapeaux ukrainiens, des centaines de Tatars ont manifesté dans leur fief de Bakhtchissaraï sous le regard des milices d'auto-défense pro-russes. En visite à Bruxelles où il doit rencontrer des responsables de l'Otan, M. Djemilev devrait répéter sa demande d'une intervention de l'Alliance atlantique "avant qu'il y ait un massacre".

Sur le terrain, Moscou poursuit des manoeuvres militaires dans plusieurs régions proches de l'Ukraine. Des milliers de soldats y participent, dont quelque 4.000 parachutistes, 36 avions et environ 500 véhicules dans la seule région de Rostov-sur-le-Don.

Un haut responsable de la diplomatie américaine voyageant avec M. Kerry a exprimé sa "grande préoccupation" de voir la Russie "concentrer, pour la deuxième fois en un mois et en un laps de temps très court, d'importantes forces autour des frontières de l'Ukraine". Il a parlé d'"intimidation".

A Moscou, l'ancien président soviétique Mikhaïl Gorbatchev a refusé de défendre la "réunification" de la Russie et de la Crimée auprès des Occidentaux, et a appelé à arrêter "l'escalade" qui mène selon lui à une nouvelle guerre froide.

Dans la péninsule, les autorités séparatistes pro-russes achèvent les préparatifs du scrutin. L'issue ne fait guère de doute, ce qui a poussé le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius à ironiser sur un vote où les électeurs devront choisir "entre oui et oui".

Les tensions autour de l'Ukraine commencent à avoir un impact sur l'économie mondiale. La Bourse de Tokyo a terminé la séance de vendredi en forte baisse de 3,30%, attribuée en partie au conflit en Crimée. A Moscou, la Bourse chutait de plus de 2% en fin d'après-midi et la Bourse de New York a ouvert légèrement dans le rouge cédant 0,09%.

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