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Ukraine: Iatseniouk appelle Moscou à négocier, un pro-Kiev tué dans l'est

Ukraine: Iatseniouk appelle Moscou à négocier, un pro-Kiev tué dans l'est

Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a exhorté jeudi depuis l'ONU la Russie à retirer ses renforts militaires de Crimée et à négocier, au moment où, dans l'est russophone, un partisan de l'unité ukrainienne était tué par des manifestants.

La victime a été poignardée à Donetsk, alors que se déroulait une manifestation de partisans de Kiev qui ont été pris à partie par des pro-russes, signe des tensions auxquelles est soumise cette région frontalière de la Russie.

Parallèlement, lors d'une session d'urgence du Conseil de sécurité des Nations unies, Arseni Iatseniouk a directement interpellé la Russie, qui s'est lancée dans des manoeuvres militaires aux portes de son pays.

A trois jours du référendum qui doit entériner le rattachement de la Crimée à la Russie, il a demandé à Moscou de retirer ses renforts envoyés dans la péninsule et "d'entamer des négociations".

"Il y a encore une chance de résoudre le conflit de façon pacifique", a souligné le Premier ministre ukrainien, avant de se tourner vers l'ambassadeur russe à l'ONU Vitaly Tchourkine et de s'exprimer en russe.

"La Russie ne veut pas la guerre et les Russes non plus, et je suis convaincu que les Ukrainiens non plus", lui a répondu M. Tchourkine.

Et pour tenter de désamorcer la crise, le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est envolé jeudi pour Londres où il doit rencontrer son homologue russe Sergueï Lavrov, au cours d'une entrevue de la dernière chance.

Sur le terrain, Moscou organise des manoeuvres militaires dans la région de Rostov-sur-le-Don, près de la frontière ukrainienne.

Quelque 4.000 parachutistes russes, 36 avions et environ 500 véhicules y participent, selon l'agence officielle russe Itar-Tass.

Cette démonstration de force est complétée par le déploiement au Bélarus de six avions de combats Su-27 et de trois avions de transport militaire.

Ces ajustements de l'armée russe répondent à l'intensification des missions de reconnaissance de l'Otan près de l'Ukraine. Des avions radar Awacs de l'Otan survolent la Pologne et la Roumanie alors que des chasseurs F-15 et F-16 ont été envoyés en Pologne et en Lituanie.

Sur la scène internationale, les Occidentaux jettent leurs dernières forces pour tenter d'infléchir la position de président russe Vladimir Poutine qui refuse de retirer les soldats déployés en Crimée.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a une nouvelle fois haussé le ton jeudi, prévenant Moscou que les Etats-Unis et l'Union européenne étaient prêts à prendre dès lundi des "mesures très sérieuses" pour répliquer au référendum en Crimée.

Dans la péninsule, les autorités séparatistes pro-russes achèvent les préparatifs du scrutin. L'issue ne fait guère de doute, ce qui a poussé le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius à ironiser sur un vote où les électeurs devront choisir "entre oui et oui".

Dans la soirée de jeudi, le leader de la minorité tatare de Crimée, Moustafa Djemilev, a appelé au boycott du référendum et a demandé à l'Otan d'intervenir "avant un massacre".

A Kiev, les députés ukrainiens ont adopté la création d'une Garde nationale qui viendrait prêter main forte à l'armée ukrainienne et ses 130.000 hommes, dont une moitié de conscrits, alors que la Russie dispose au total d'une armée de 845.000 soldats. Cette Garde nationale pourrait compter jusqu'à 60.000 hommes.

Le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense Andriï Paroubiï avait indiqué avant le vote qu'il s'agissait d'une réponse "aux défis auxquels est confrontée l'Ukraine", dans une allusion à l'entrée de forces russes en Crimée.

Quelques 40.000 volontaires se sont déjà présentés aux centres de recrutement de l'armée qui les formera.

Cette nouvelle force se forme dans l'urgence alors que les Ukrainiens s'inquiètent d'un déploiement des Russes dans l'est du pays, où le manifestant pro-Ukraine a été tué jeudi soir. Dans une interview à l'AFP, le président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, avait déclaré qu'il voulait avant tout empêcher une intrusion des forces russes dans l'est du pays, région où vivent aussi de nombreux russophones.

L'annonce jeudi par Moscou du lancement de manoeuvres militaires dans plusieurs régions situées à la frontière avec l'Ukraine n'est pas de nature à calmer les esprits.

"Le but principal de ces mesures est de vérifier l'aptitude des troupes à mener des exercices de combat", a affirmé le ministère russe de la Défense, précisant que les exercices militaires auraient lieu jusqu'à la fin du mois dans les régions de Rostov-sur-le-Don, Belgorod, Tambov et Koursk.

La Crimée est désormais quasiment coupée du reste de l'Ukraine, les forces russes en contrôlant les points stratégiques.

Tout est en place pour une sécession rapide: l'homme d'affaires et "Premier ministre" de 41 ans, Serguiï Axionov, s'est autoproclamé "chef des armées" et les habitants n'ont désormais plus accès qu'aux chaînes de télévision russes. Des hommes en treillis fouillent tout voyageur arrivant à Simféropol et seuls les vols en provenance de Moscou peuvent y atterrir.

Entre Russes et Occidentaux, l'incompréhension reste totale.

M. Kerry va recontrer vendredi le Premier ministre britannique David Cameron à Londres avant ce qui ressemble aux discussions de la dernière chance avec le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

Alors que M. Kerry quittait Washington, une responsable de la diplomatie américaine, qui s'exprimait sous couvert de l'anonymat, a expliqué que le chef de la diplomatie américaine allait tenter d'obtenir "l'engagement (de la Russie) qu'elle est prête à s'impliquer sérieusement dans un processus visant à désamorcer" la crise.

Les Européens accélèrent le rapprochement avec l'Ukraine. Le volet politique de l'accord d'association avec l'Union européenne pourrait être signé au cours du prochain sommet de l'UE, prévu à Bruxelles les 20 et 21 mars.

La chancelière allemande Angela Merkel, dirigeante européenne la plus écoutée au Kremlin, a mis en garde Vladimir Poutine contre les graves conséquences économiques et politiques à long terme qu'aurait pour Moscou la poursuite de son action en Ukraine.

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