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Fumé en France, le cannabis se transformait en or à Madras

Fumé en France, le cannabis se transformait en or à Madras

Des sociétés à Hong Kong, Tanger, Bangkok ou Dubaï, des négociants en or à Anvers ou Madras, un chef de réseau discrètement installé près de Paris: les policiers ont démantelé un système "hors norme" de blanchiment de l'argent du cannabis en France.

Pour le procureur de la République de Paris, François Molins, il s'agit d'un des réseaux les plus importants "jamais démantelés" en France, où le trafic de drogue représente un chiffre d'affaires annuel de 3 milliards d'euros.

Ce groupe collectait à lui seul 170 millions d'euros, selon la propre comptabilité de ses animateurs, très soigneusement tenue.

Dix personnes, des Indiens et des Français, ont été mises en examen (inculpées) après avoir été interpellées les 8 et 10 mars par la police judiciaire parisienne. Trois autres, dont un négociant en or d'Anvers, ont été cueillies en Belgique.

Tous sont soupçonnés d'avoir été les maillons d'un système particulièrement rôdé entre le Maroc, l'Europe et l'Inde, aussi sophistiqué dans son architecture qu'artisanal dans ses méthodes.

Mandaté par des trafiquants au Maroc, un "banquier", choisi après ce qui ressemblait à un appel d'offres, chargeait des "collecteurs" en France de rassembler l'argent du trafic. Parfois des petits délinquants, mais en général des personnes bien insérées dans la société, comme l'a relevé le procureur.

Ces fonds étaient regroupés par de "grands collecteurs" avec des sommes parfois considérables à traiter, comme en témoigne le cas de ce gérant de société d'ambulances qui, dans son local professionnel, faisait tourner jour et nuit une machine à compter les billets.

L'argent est alors remis à l'organisation dirigée par un Indien de 32 ans, installé en région parisienne, où il vivait en toute discrétion.

Un profil bas qui contraste sans doute avec son patrimoine en Inde, où l'enquête devrait se poursuivre. En garde à vue, il a reconnu "avoir blanchi au moins 36 millions d'euros en espèces depuis 2010" et "fait transiter 200 kg d'or entre la Belgique et l'Inde", selon François Molins.

L'argent liquide était acheminé par la route ou par le train vers la Belgique où il était pour partie converti en or. De l'or et des numéraires expédiés vers Dubaï par des mules, comme ces étudiants qui une fois effectué le périple vers les Emirats revenaient le lundi assister à leurs cours.

Le transport se faisait par des moyens aussi simples qu'ingénieux. L'or pouvait ainsi être transformé en poudre mêlée à du café moulu.

A Dubaï, l'argent liquide était transféré au Maroc tandis que l'or était envoyé en Inde, parfois sous forme de bijoux ramenés au pays par des Indiens, pour être vendu sur le marché de l'or. Le prix de revient était partagé entre les "blanchisseurs" français et indiens et les "banquiers" marocains.

Les multiples sociétés appartenant au trentenaire indien permettaient au chef de réseau, par un système de fausses factures, de justifier le transport d'or.

Autre chiffre éloquent sur l'ampleur du réseau, une des "mules" a expliqué aux enquêteurs "avoir fait transiter 25 millions d'euros en numéraire en moins d'un an".

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