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Espagne: la vice-présidente de la BEI au coeur d'un scandale qui secoue la gauche

Espagne: la vice-présidente de la BEI au coeur d'un scandale qui secoue la gauche

En lui imposant une caution civile de près de 30 millions d'euros, la justice espagnole a placé la vice-présidente de la Banque européenne d'investissement Magdalena Alvarez au coeur d'un vaste scandale de détournement de fonds qui fait trembler le parti socialiste en Espagne.

Ce dossier est devenu l'un des symboles dans les médias espagnols des affaires de malversations touchant les partis politiques. Il fait régulièrement la Une de l'actualité au côté de "l'affaire Gurtel" de corruption présumée touchant au financement du parti populaire, de droite, du chef du gouvernement Mariano Rajoy.

Le parti socialiste d'Andalousie, dans le sud de l'Espagne, est visé par une enquête de la justice depuis début 2011 sur le possible détournement, entre 2001 et 2010, de millions d'euros via un fonds public d'aide aux personnes et aux entreprises concernées par des plans sociaux.

Selon des médias, les sommes détournées pourraient atteindre plus de 140 millions d'euros.

La magistrate qui instruit le dossier, Mercedes Alaya, cherche à savoir si une partie de ces sommes pourrait avoir été destinée frauduleusement à des personnes ou des entreprises proches du parti qui n'ont pas été soumises à des plans sociaux, ou versées sous forme de commissions, à des intermédiaires ou à des syndicats comme l'UGT et Comisiones obreras (CCOO), les deux grands syndicats espagnols.

Magdalena Alvarez, ex-ministre socialiste de l'Equipement de 2004 à 2009, entrée ensuite à la BEI, bras financier de l'Union européenne, avait été mise en examen, le 2 juillet, avec une vingtaine d'autres personnes, pour "détournement et malversation" dans le cadre de ses fonctions de conseillère économique et financière du gouvernement andalou, du 2 août 1994 au 7 février 2004.

Elle est soupçonnée d'avoir été "promoteur, avec d'autres, du processus illégal d'octroi d'aides sociales" par le gouvernement d'Andalousie durant les années 2001-2011 par l'intermédiaire de la création d'un fonds, selon la décision de mercredi de la juge Alaya qui instruit le dossier.

La juge a imposé une caution civile de 29,568 millions d'euros à Magdalena Alvarez pour sa part présumée dans cette affaire, se fondant sur le montant des aides effectivement versées durant la période la concernant (2001 à 2004), estimé à 177,4 millions d'euros.

Magdalena Alvarez a elle affirmé qu'elle ferait appel de cette mesure "de toute évidence disproportionnée", réaffirmant son "innocence absolue". Elle a souligné, dans un communiqué, que la juge "reconnaît" que l'utilisation de l'argent du fonds créé n'était pas de sa responsabilité.

Les principaux suspects dans ce scandale sont l'ex-conseiller à l'Emploi du gouvernement andalou, Antonio Fernandez, et Javier Guerrero, ex-directeur général du Travail.

Signe de l'ampleur du dossier, 72 des 143 personnes inculpées se sont vu imposer une caution civile d'un montant total de 2,859 milliards d'euros.

De plus en plus mal à l'aise, José Antonio Griñan, qui fut le successeur de Magdalena Alvarez chargé de l'Economie entre 2004 et 2009, avait annoncé sa démission de la présidence de la région en juillet 2013.

José Antonio Griñan ainsi que l'ex-président de la région Manuel Chaves ont échappé à une inculpation en raison de leur immunité parlementaire.

L'Andalousie, seule région d'Espagne gouvernée par l'opposition de gauche, s'oppose farouchement au gouvernement central, notamment avec un plan de lutte contre le pouvoir des banques face aux petits propriétaires surendettés.

Les socialistes, au pouvoir depuis plus de 30 ans, ont vu leur popularité entachée par cette affaire et perdu leur majorité absolue aux élections régionales de 2012, ce qui les a contraints à s'allier avec le parti de gauche Izquierda Unida.

Au Congrès des députés, les groupes minoritaires centristes (UPyD) et indépendantistes catalans (ERC) ont demandé jeudi la démission de Magdalena Alvarez de la BEI, estimant pour le premier qu'elle "porte préjudice à l'image de l'Espagne".

La BEI a elle affirmé, dans un communiqué, "suivre la situation de près" et respecter, "comment pourrait-il en être autrement, la présomption d'innocence".

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