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«Monuments Men»: polémiques et débats autour de la promo du film de George Clooney (PHOTOS)

«Monuments Men»: l'art de la polémique (PHOTOS)
Fox

En tournée pour présenter son dernier film, Monuments Men, George Clooney a allumé quelques mèches. En répondant aux sollicitations des journalistes, l'acteur/réalisateur américain a défendu publiquement la restitution de certaines oeuvres d'art à leurs véritables propriétaires, dont les marbres du Parthénon et La Joconde, et déclenché un joli tollé.

Monuments Men, basé sur le livre éponyme de Robert M. Edsel et Bret Witter, retrace l'histoire vraie d'un groupe d'experts, conservateurs, galeristes et artistes, envoyés en Europe par le président Roosevelt pour récupérer les centaines de milliers d'oeuvres d'art dérobées par les nazis, et protéger les milliers d'autres menacées par les bombardements alliés.

La bande-annonce de Monuments Men:

Les Monuments Men - qui étaient une centaine au total et ont arpenté toute l'Europe - ont notamment eu la lourde tâche de localiser et récupérer les oeuvres qu'Hitler avait volées aux familles juives et aux grands musées européens pour créer son projet de gigantesque musée d'art à Linz.

Parthenon

L'acteur, qui campe Frank Stokes, personnage inspiré de l'historien d'art George Stout, a prolongé son rôle de Monument Men en soutenant le rapatriement des "marbres" du Parthénon - une majeure partie de la frise des Panathénées est conservée au British Museum.

Interrogé par une journaliste grecque sur une possible restitution, Clooney a simplement répondu: "oui, ce serait une bonne idée, vous avez le droit de votre côté", s'attirant un élan de reconnaissance et une invitation personnelle à venir séjourner quelques jours en Grèce.

"Au nom de tous, je vous adresse un grand merci pour votre déclaration (...) J'espère que vous accepterez cette invitation à passer quelques jours chez nous. Pour voir une multitude d'antiquités conservées sous le soleil méditerranéen. Et, bien sûr, visiter le nouveau musée de l'Acropole, en face du rocher sacré, où une place attend le retour des marbres du Parthénon en exil involontaire", écrivait le ministre de la Culture Panos Panagiotopoulos.

La Grèce bataille depuis des décennies pour le retour de la frise longue de 75 m, emportée en 1803 par un diplomate britannique auprès de l'empire ottoman, Lord Elgin. Boris Johnson, maire de Londres, a de son côté réagi avec véhémence et un point Godwin aux propos de la star hollywoodienne:

"Quelqu'un devrait restaurer les marbres de Clooney. Il vend un film à propos des oeuvres d'art volées par les nazis et devrait savoir que Goring voulait piller le British Museum. Les nazis aussi comptaient envoyer les marbres d'Elgin à Athènes. Clooney est entrain de défendre un programme culturel hitlérien."

Joconde

L'avant-première européenne au Festival international du film de Berlin début février avait eu une résonance particulière en Allemagne après la découverte en novembre de 1 400 oeuvres d'art dans un appartement munichois occupé par le fils octogénaire d'un marchand d'art au passé trouble. Clooney a estimé qu'on retrouverait "encore bien d'autres oeuvres parce qu'il y en a beaucoup qui manquent à l'appel et qui seront découvertes dans des caves".

Conscient d'avoir versé du sel sur une vieille blessure à propos du Parthénon, Clooney s'est empressé de déplacer le débat vers un domaine qu'il maîtrise, l'humour. Interrogé à plusieurs reprises sur les marbres, l'acteur a répéter qu'il allait "embêter dorénavant les Français" en réclamant la restitution de La Joconde à l'Italie, avant de répondre plus sérieusement dans des propos rapportés par la Reppublica:

"J'ai fait quelques recherches pour éviter de passer pour un fou. Le Vatican et le Musée Getty ont déjà rendu une partie des éléments du Parthénon à la Grèce. Ces marbres sont exposés depuis longtemps à Londres, les restituer aux Grecs ne serait que justice. Au minimum, je pense que ça vaut la peine d'ouvrir un débat sur la question."

Corinne Hershkovitch, co-auteur de La restitution des oeuvres d'art: solutions et impasses, expliquait à L'Humanité: "les demandes de ces pays sources se font souvent sur des objets très importants. Ce qui les intéresse aujourd’hui est de faire des demandes fracassantes afin de marquer leur identité et intervenir sur la scène internationale."

"L’essentiel reste la restauration et la préservation de toutes ces œuvres pour les générations à venir. (...) Cela prend du temps, mais quand tous les facteurs moraux éthiques, historiques, scientifiques ont été étudiés, il est toujours possible de restituer comme ces têtes maories rendues à la Nouvelle-Zélande."

Protection

Et Clooney qui regrettait au micro de RTL le manque de protection des musées d'Irak lors de l'intervention des États-Unis en 2003, de rappeler ensuite que dans certaines zones de conflit aujourd'hui, les oeuvres d'art sont prises pour cible. Le meilleur exemple est la destruction des statues de bouddhas en Afghanistan par les talibans.

De la même manière qu'un attentat à la voiture piégée a endommagé une partie du Musée des Arts Islamiques du Caire, en Syrie, les bombardements ont menacé les sites archéologiques d'Ougarit ou d'Ebla, motivant une intervention solennelle de Francesco Bandarin, responsable culturel de l'Unesco, qui décrit la situation comme "le nazisme du troisième millénaire". "Le conflit en Syrie est devenu aussi dévastateur pour le patrimoine culturel que la Seconde guerre mondiale." Les Monuments Men ont encore du pain sur la planche.

Découvrez quelques clichés du film de George Clooney dans la galerie ci-dessous:

Les Monuments Men

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